Samira, une riche propriétaire, frisant la quarantaine, travaillait comme directrice des ressources humaines dans une compagnie pétrolière française. Elle vivait luxueusement avec son mari, Mabrouk, et ses deux petites filles, âgées respectivement de 12 et 15 ans, dans une fastueuse villa à Alger.
Par Lazreg Aounallah
Son mari était médecin. Il venait à peine de fêter ses quarante-huit ans. Il travaillait comme chef de service dans une clinique. C’était un professeur émérite. Il tenait le haut du pavé. Il possédait une très belle voiture de marque «Mercédès» dernier cri. Hafid s’arrêta devant sa villa. Il possédait une carte magnétique spécialement conçue pour ouvrir la porte d’entrée. Il entra emportant avec lui sa grande serviette. Dans sa villa, il possédait un grand bureau pour effectuer des recherches dans sa spécialité médicale. Très intelligent, d’une grande taille et une forte corpulence, il portait toujours de beaux costumes classiques sur mesure. Il avait le visage sévère, les yeux perçants. Circonspect, il parlait avec réserve et modération. Samira était très réservée dans ses relations avec son mari. Elle le respectait beaucoup. Elle ne voulait jamais le contrarier. Tous les week-ends, Hafid invitait chez lui ses meilleurs amis, de la corporation, mais aussi des personnalités politiques avec qui il avait des relations intimes. Un bruit confus se faisait entendre. Ils discutaient longuement sur un tas de choses. Parmi les invités qui étaient dans le grand salon, Samira a remarqué un bel homme, la trentaine passée. Elle ne cessait de le regarder avec insistance. C’était le coup de foudre. Lui, il ne prêtait aucune attention. Il était en train de discuter avec quelques invités tout en sirotant sa boisson. De temps à autre, il discutait avec le mari de Samira. Elle était tombée soudainement amoureuse de lui. Elle n’arrivait pas à se contrôler. Samira ne put se retenir à cette tentation. Elle était comme subjuguée par cet adonis qui venait conquérir son cœur. L’homme désiré discutait calmement avec quelques personnes. À chaque fois il lançait un regard furtif à Samira qui ne voulait pas le quitter des yeux. Elle le regardait avec envie. Elle était frappée par le coup de foudre. L’adonis avait compris que la femme du professeur le désirait avec ardeur. Elle s’approcha de lui et lui fit un coup d’œil. L’homme fit de même. Samira lui sourit pour avoir compris son message. Il quitta le groupe avec qui il discutait et rejoignit Samira. Il la regardait profondément dans les yeux avant de lui dire
– Bonsoir, comment vous appelez-vous ?
– Samira. Et vous ?
– Fayçal, lui répondit-il avec enthousiasme
Elle invita Fayçal à aller faire tous les deux un tour dans le jardin. Le mari de Samira était occupé à discuter avec ses invités. Fayçal lui demanda quelle profession occupait-elle dans sa vie.
Samira lui répondit avec un air souriant :
– Je suis directrice des ressources humaines dans une société française.
– Et vous, que faites-vous dans la vie ?
– Je suis docteur en médecine, spécialiste en gérontologie et j’enseigne à l’’université.
– Vous êtes marié ? Des enfants,
– Non, je suis célibataire. Je n’y ai jamais songé à me marier. Je préfère rester libre. Je n’ai pas encore trouver la femme de mes rêves.
Samira souhaitait bien être la femme idéale. Elle était capable de divorcer avec Hafid pour se remarier avec ce bel homme qui lui avait conquis son cœur.
– Vous habitez à Alger ? lui dit-elle.
– Oui, j’habite à la rue Didouche Mourad.
– Ah ! Quelle chance ! S’exclama-t-elle.
Fayçal lui expliqua que l’appartement dans lequel il habitait, appartenait à son défunt père. Il le lui avait légué avant de mourir. Il était le fils unique. Sa mère était morte quand il avait cinq ans. Elle était affectée d’une maladie incurable qui l’avait emmenée dans l’au-delà. Il ne se rappelait plus d’elle. Depuis, son père ne s’était plus remarié. Il avait continué à mener une vie de célibataire jusqu’à sa mort. Samira était un peu émue de l’histoire pathétique de Fayçal. Il la regardait profondément dans les yeux avant de lui affirmer :
– Vous vous entendez bien avec votre mari ?
– Pas tellement, répondit Samira, un peu gênée par la question de son interlocuteur.
– Pourquoi m’avez-vous posé cette question ? lui dit-elle.
– Oh ! Juste pour savoir si vous faites bon ménage tous les deux.
– Mon mari est très occupé ces derniers jours. Il est souvent à l’étranger. C’est sa profession qui l’oblige à voyager pour animer des conférences dans des colloques internationaux.
Ils avaient longuement discuté dans le jardin. Ils avaient parlé de beaucoup de choses. Fayçal demanda à Samira de lui donner son numéro de téléphone. Elle le lui fila avec enthousiasme. Fayçal fit de même. Ils se quittèrent sous cette douce nuit d’été. Elle lui donna une bise sur la joue avant de le quitter. Elle le regarda encore avec insistance avant de prendre congé de lui.
– Je te contacterai demain, lui dit Fayçal.
– Je suis impatiente de parler avec toi au téléphone.
– Moi, aussi, lui répondit Fayçal.
Quelques instants après, Samira fut rejointe par son mari. Il la regarda un petit moment avant de lui adresser ces quelques paroles :
– Qui est-ce le monsieur, avec qui tu discutais tout à l’heure ?
– C’était un monsieur que tu avais invité avec les autres. As-tu-oublié ?
– Ah ! C’est maintenant que je me souviens. C’est un médecin spécialisé dans la gérontologie. Nous avons fait connaissance quand nous étions en conférence à Genève. J’espère que ses discussions vous ont plu.
– Oui, cher mari. Nous avons beaucoup parlé sur les différentes sociétés du monde et les différentes maladies qui avaient ravagé depuis des siècles les populations les plus vulnérables.
Ah ! Oui. Je vois. C’était très instructif, j’espère.
Mabrouk était très jaloux de sa femme. Il était très amoureux d’elle.
Il ne voulait pas qu’elle ait des connaissances avec ses amis surtout les plus intimes. Ils pourraient savoir tous leurs secrets. La soirée fut terminée très tard. Tout le monde était parti. Mabrouk et Samira rejoignent leur chambre. Le lendemain, le professeur émérite s’envolait vers Genève pour une conférence sur le SIDA. C’était un samedi, Samira ne travaillait pas. Elle était restée toute seule dans sa villa. Ses deux filles étaient parties chez leur grand-mère maternelle qui habitait à El-Biar. Samira commençait à s’impatienter. Elle voulait parler avec Fayçal. Elle attendait un coup de fil de sa part, mais elle ne voyait rien venir. Très agitée, elle prit son téléphone portable et l’appela. Il répondit sur le champ et lui dit.
– Bonjour Samira. Je viens juste de terminer mon cours. J’allais t’appeler à l’instant même. Tu m’as devancé. Comment vas.-tu ?
– Très bien, Fayçal. Hier, soir, je n’arrivais pas à dormir. Je pensais trop à toi. Tu me hantes l’esprit. Je suis trop amoureuse de toi. Fayçal réfléchit un peu puis et lui lança ces phrases pour la faire revenir à la raison.
– Écoute moi bien, Samira. Tu sais bien que tu vas entreprendre une attitude dangereuse. Tu es mariée et c’est difficile pour toi de commettre l’adultère. C’est un péché. As-tu pensé aux conséquences fâcheuses qui pourraient résulter de cette action.
Samira n’avait pas du tout aimé les réflexions de Fayçal. Elle lui dit avec nervosité :
– Écoute, Fayçal, j’ai le droit d’aimer. Je suis tombée trop amoureuse de toi. Je ne peux pas me passer de toi. Tu dois me comprendre. Je t’aime à la folie. Dès que je t’avais vu la première fois, j’étais frappée par le coup de foudre. Je ne pouvais pas résister à ton charme. Aussi, tu m’as subjugué par ta beauté.
Fayçal avait compris que Samira l’aimait beaucoup et qu’elle ne pouvait pas vivre sans lui. Il lui dit :
– Que comptes-tu faire, Samira, à présent ?
‘Samira réfléchit un moment puis elle lui répondit avec enthousiasme :
– Je t’invite à venir chez moi. Tu viendras dès que tu termineras ton cours. Je t’attendrai.
Fayçal lui dit :
– Et les enfants ?
– Ils sont chez leur grand-mère.
– Donc, tu es toute seule chez toi.
– Oui. Je suis toute seule. Mon mari est parti tôt ce matin à destination de Genève pour une conférence sur la drogue. Deux heures après, Fayçal était devant la villa du professeur émérite. Il frappa à la porte. Samira lui ouvrit la porte. Elle l’invita dans le grand salon et le mettait à l’aise. Ils discutèrent longuement sur les choses de la vie. Elle l’emmena dans sa chambre. Ils passèrent quelques heures ensemble. Fayçal sortit après avoir embrassé Samira qui le conduisit jusqu’à la porte d’entrée. Le voisin de Mabrouk, un ami de longue date, aperçut Fayçal quand il était entré et quand il était sorti. Il l’avait bien guetté. En outre, il a compté le temps qu’il avait passé avec la femme du professeur. Le lendemain, Mabrouk rentra de Genève. En arrivant chez lui, le professeur fut accosté par son voisin. Il lui racontait tout ce qui s’était passé durant son absence. Le professeur fut pris de rage. Il monta dans son appartement. Mabrouk était furieux. Il ne se contrôlait plus. D’emblée et sans réfléchir, il donna un coup de poing à sa femme. Elle s’affaissa sur le parterre. Il lui donna un coup de pied au ventre. Le sang lui coulait de la bouche. Il la frappa avec violence.
Elle criait de toutes ses forces. Les coups lui faisaient terriblement mal. Personne ne l’entendait pendant ce temps. Son corps était meurtri. Il l’acheva en lui assénant plusieurs coups de couteau dans la poitrine. Elle rendit l’âme quelque temps après. Une fin tragique pour le couple. Une femme mariée a-t-elle le droit d’aimer un autre homme ? Là est la question. Le professeur se constituait prisonnier et après délibérations devant la cour d’assises, Mabrouk fut condamné à 20 ans de réclusion criminelle.
L. A.