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Investissement local : Bedoui accable les walis

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Dix mois après la rencontre, gouvernement-walis, qui était dictée par l’urgence de faire des collectivités locales le poumon de l’investissement, générateur de la richesse, les résultats des instructions des pouvoirs publics semblent mitigés.

C’est du moins là le constat fait, présentement, par le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui. Pour mémoire, cette rencontre capitale tenue le 28 août 2015 était destinée à sensibiliser les premiers responsables des wilayas sur le contexte économique difficile que traverse le pays. Mais, surtout, il s’agissait d’inciter les walis à aller au-delà de leur rôle d’exécuteurs des consignes du gouvernement, de prendre des initiatives à même d’accompagner les investisseurs dans la concrétisation de leurs projets. Ainsi, la levée des blocages d’ordre administratif et la libéralisation du foncier industriel étaient les questions, parmi tant d’autres de moindre importance, sur lesquelles ces commis de l’État ont été saisis par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Mais, il semblerait que les objectifs assignés à une telle mission n’ont pas été probants, du moins, comme l’aurait souhaité le gouvernement qui tablait à atteindre un taux de croissance de 4,6%. Qu’en-est-il justement de l’état des lieux et du suivi de ces mesures sur le terrain? En tout cas, c’est l’interrogation à laquelle tente de répondre le gouvernement qui a organisé, avant-hier samedi, dans la wilaya de Constantine, sa deuxième réunion d’évaluation du travail des collectivités locales. Cette rencontre a regroupé Noureddine Bedoui avec les responsables exécutifs d’une quinzaine de wilayas de l’Est du pays. Elle est intervenue deux semaines après celle tenue à Oran, à la mi-juin dernière. En tout cas, le ministre du gouvernement a dressé un tableau sombre de la situation de l’investissement du niveau local. D’ailleurs, il a tenu des propos pas du tout flagorneurs envers les walis qu’il n’a pas manqué d’acculer pour le «peu de résultats» obtenus dans la réalisation des investissements et la concrétisation des objectifs se rapportant à la création de la plus-value, en mesure d’améliorer la croissance économique, qui est, du reste, l’alternative à l’amenuisement des ressources pétrolières. Lors de son discours, Bedoui a lâché crûment : «il faudrait qu’on le dise haut et fort que nous sommes tous défaillants», avouera-t-il devant ses subalternes.
Des propos qui sonnent le glas d’une situation économique peu-luisante à la lumière du recul des prix pétroliers. Lequel contexte n’arrive toujours pas à obtenir une réponse pragmatique, à la mesure de la menace de crise qui y plane, de la part notamment des mécanismes de l’État. Bedoui a été clair dans son discours. Si jusque-là les collectivités locales jouissent de la générosité de l’État qui les pourvoit de ressources financières destinées à la fois au fonctionnement et à l’équipement des entités communales, désormais, celles-ci sont appelées à rentabiliser les infrastructures dont elles disposent pour un retour sur investissement. Autrement dit, les mesures d’austérité décrétées par le gouvernement depuis plus d’une année de cela déjà ne sont pas que des paroles dans l’air. En plus de les instruire à réduire les dépenses «inutiles», l’étau s’est resserré autour des collectivités et l’État, donc, ne fait que revoir à la baisse les budgets alloués annuellement à coups de milliards DA au profit du développement local. à ceux qui n’ont pas encore saisi le message, Bedoui a été par des propos qui ne souffrent d’aucun quiproquo. «Le pétrole est épuisé, donc il n’y a plus d’argent. Si nous arrivons à couvrir les salaires des travailleurs avec les recettes pétrolières existantes, nous sommes déjà bien», telle était la déclaration du ministre à l’adresse de tous les responsables qui croient encore en les capacités financières de l’État à subvenir aux besoins des collectivités.
Après Sellal qui a fini par dire vaille que vaille son avis au sujet du contexte économique qu’il reconnait être difficile, place à son ministre d’abonder dans le même sens. Pour lui, «ce sont là des vérités qui doivent être dites entre nous. Si à partir de là il y aura un déclic, tant mieux, si non chacun prend son chemin», a-t-il encore asséné. S’agit-il de menaces de sanction ? En tout cas tout porte à l’indiquer, dès lors que Bedoui n’a cessé d’attirer l’attention des walis sur leur responsabilité devant ce contexte. Et au ministre de préciser que l’État aurait pu venir au secours des collectivités comme il l’a toujours fait, mais, «les communes enregistrent zéro rentabilité», a-t-il ajouté.
Farid Guellil

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