« Les modifications effectuées par les propriétaires des locaux commerciaux au niveau du rez-de-chaussée, ont impacté directement la structure du bâtiment de 4 étages et causé son effondrement le 18 octobre 2024 à 20h :34mn ». (Extrait du rapport final sur les causes de l’effondrement de l’immeuble de la cité 770 logements dans la nouvelle zone urbaine de Lahmar dans la wilaya de Béchar, établi par la commission technique composée principalement d’experts et de techniciens des services de l’Organisme national de contrôle technique de la construction (CTC) qui a été dépêchée par le ministre de l’habitat, Mohamed Tarek Belaribi). Cet événement a eu un retentissement national. Comment un immeuble construit en 2016, pouvait-il s’effondrer complétement ? Heureusement que ses habitants avaient été évacués et relogés avant la catastrophe. Il n’empêche que cet accident interpelle chacun de nous sachant que la tendance dans notre pays est à la transformation du logement dès son acquisition par son bénéficiaire. C’est même devenu un sport national. Le problème ne se pose pas pour la formule (LPA) des logements individuels construits horizontalement par l’État dans le Sud. Un peu moins pour les logements semi-collectifs pas trop hauts, toujours dans la formule LPA, dans les hauts-plateaux. Mais là où le risque est élevé, c’est bien dans les logements collectifs, sous différentes formules, construits à la verticale dans les grandes villes du pays. Ces formules se présentent en immeubles qui s’élèvent sur plusieurs étages. Quelques fois ce sont de véritables tours atteignant 15 et 20 étages. Au-delà des soucis causés par des ascenseurs qui étaient trop souvent en panne (problème heureusement en cours de solution), ou de l’absence d’entretien des cages d’escaliers ou encore des parkings mal proportionnés au nombre d’habitants, se posent les travaux de transformations qu’entreprennent les citoyens dès l’occupation des logements. Des transformations de différents types. Les plus importantes et les plus à risques sont les suppressions de cloisons. On passe sur les déviations de canalisations des eaux usées qui créent des « bouchons » pénalisant tous les voisins des étages supérieurs. On passe sur l’utilisation abusive des ascenseurs pour le transport des gravats et des matériaux qui sont une des causes principales des pannes qui pénalisent toujours les voisins des étages les plus élevés. Surtout quand, parmi ces voisins, se trouvent des personnes âgées, des femmes enceintes et des personnes atteintes d’invalidités diverses. L’aspect le plus grave reste les démolitions des cloisons pour agrandir les pièces ou pour changer la disposition architecturale du logement. Ces travaux se déroulent à l’abri des regards du voisinage. Ne sont perceptibles que les nuisances sonores, quelques fois jusqu’à des heures tardives. Aucun dispositif de contrôle n’existe dans ce cas de figure. L’inaccessibilité de la propriété privée ne permet pas aux voisins, de constater de visu l’ampleur et la nature des travaux avec les risques potentiels qu’ils font peser sur tout l’immeuble. Et vogue la galère. Jusqu’au jour où survient la catastrophe comme celle qui vient de se produire à Béchar. La plainte déposée par le ministère de l’habitat contre les commerçants du rez-de-chaussée à l’origine de l’effondrement est une réaction à minima. Agir à titre préventif avec des dispositions légales et des structures habilités pour contrôler des travaux de transformations en cours, c’est la meilleure solution. Le phénomène est trop répandu pour faire semblant de ne pas le voir. Un signalement au procureur de la république devrait suffire pour déclencher la procédure de contrôle. Il faut juste un texte réglementaire et une structure habilitée. Pour éviter des drames !
Zouhir Mebarki
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