La fabuleuse marche du vendredi à l’occasion du 53e acte de mobilisation du Mouvement populaire et citoyen n’a été en fait qu’un prélude à une autre démonstration de force, celle prévue hier, pour marquer le premier anniversaire de la protesta pacifique qui a coïncidé avec le 22 février.
Les rues Didouche Mourad, El khatabi en passant par la rue Maurice Audin, les artères grouillaient de monde pour célébrer la date anniversaire du Mouvement citoyen où des milliers de manifestants sont revenus à la charge après le forcing réussi de vendredi dernier, pour réitérer les mêmes revendications, pour lesquelles ils étaient sortis un certain 22 février de l’année écoulée, à savoir le départ du système politique, figures et symboles avec.
Dès la matinée, une tension électrique planait dans l’air. En cause, les manifestants n’étaient pas contents du dispositif sécuritaire renforcé ayant barré tous les accès menant vers le palais présidentiel d’El Mouradia, alors qu’ils voulaient (manifestants) s’y rendre et ils l’ont fait signifier aux policiers qui gardaient le temple institutionnel. « Hawel Hawel Lel Mouradia » (Orientez-vous vers El Mouradia) scandaient les manifestants en invitant la procession à se diriger vers El Mouradia, tout en fustigeant les services de sécurité qui servaient de rempart à toute tentative allant dans ce sens. Mais les policiers gardaient toujours le sang-froid, du moins à cet instant précis. Comme lors de la démonstration de force de vendredi, ils étaient encore des milliers hier, tous âges et sexes confondus, à marcher à Alger comme ailleurs dans les grandes villes du pays, pour marquer et « souhaiter un joyeux anniversaire » au Mouvement pacifique, mais aussi pour dire que les aspirations du peuple exprimées à travers le territoire national « sont loin d’être satisfaites » comme le prétend le pouvoir. «On n’est pas venu pour faire la fête ! mais pour vous dégager », « Madania machi 3askaria » (Etat civil et non militaire », « Hna wled le colonel Amirouche, w lalour manwalouche » (On est les descendants du martyr Amirouche, et on ne fera pas machine arrière) ou encore : « Imazighen pouvoir à genou ». Mais la belle prestation vient de cette vieille femme à visage angélique, postée du haut de son balcon et à qui, les manifestants ont demandé sa bénédiction pour « déloger la bande et le système. »
« D3i lna yelhaja bah netkhalsou men rassa elkhamja » (ô vieille, prie pour nous pour dégager la mauvaise graine », ont repris à l’unisson les marcheurs. Et, la vieille, d’un geste de ses mains levées vers le ciel, priait pour le succès de la révolution populaire. « Wa 3aqadna el3azma an tarhalou » (On a prêté serment pour vous faire partir ), peut-ton lire sur cette pancarte d’une jeune manifestante, ou encore : « L’indécence du pouvoir est poussée au-delà de toute limite : Il ose vouloir récolter les dividendes de ce que le peuple a semé, puis entretenu pendant une année, après avoir osé l’inimaginable pour contrer ses actions », peut-on encore lire sur cette géante pancarte adressée directement au pouvoir. La manifestation s’est déroulée dans le calme et sans fausse note jusqu’à 13h00 passé. Les protestataires, trop excités pour se rendre à El Mouradia, ont tenté l’irréparable. Les manifestants ont tenté alors de briser le cordon de sécurité déployé à la rue Didouche Mourad, pour marcher vers le palais de la Présidence. Et le dispositif sécuritaire déployé a riposté par des jets d’eau sur la foule et des coups de matraques pour la disperser et la dissuader d’avancer vers cette destination. Ce malheureux incident a fait quelques blessés parmi les manifestants, mais le calme est revenu de sitôt.
Brahim Oubellil
