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Il vient d’offrir à l’Algérie sa deuxième et dernière médaille : Taoufik Makhloufi définitivement dans la cour des grands

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Pari risqué pour celui qui, seul dans la tourmente et en passe de constituer cet éternel arbre qui cache une forêt décidément en folie, a pris sur lui d’offrir quelques accessits (deux médailles d’argent portant son indélébile empreinte et lui permettant d’entrer dans la légende du demi-fond mondial) au sport national avec néanmoins un classement général loin (on en reparlera à l’heure des bilans à fortes doses de polémiques où chacun essayera, comme la tradition le veut dans nos murs, de tirer la couverture à lui) des attentes d’un public n’en finissant pas d’avaler des couleuvres tout aussi grossières les unes que les autres ? Oui et non. Non, parce que notre «demi-fondiste » de charme, celui par qui les seules satisfactions sont arrivées en cette belle édition brésilienne du sport universel, a ajouté à son palmarès une autre distinction sur une distance dans laquelle ils n’étaient pas nombreux, les spécialistes, à lui donner la moindre chance de briller ou de se frayer une place sur le podium.
Il fera, au grand bonheur d’une opinion nationale lassée par les déculottées à répétition de sa présumée élite, mieux en s’adjugeant, contre toute attente, une belle breloque en argent. Un exploit salué comme il se doit d’ailleurs au pays en ce sens que l’Algérie, disparue des radars, s’offrait enfin une place (71e) au classement général provisoire, toutefois, loin derrière de petites nations aux traditions sportives toujours à faire. Oui, parce que Taoufik, qui concourait tard dans la nuit de samedi à dimanche sur sa distance fétiche, le 1500m, laissait filer sur le fil son titre, et donc la médaille d’or, conquis quatre ans plus tôt dans la capitale anglaise, Londres. L’athlète algérien Makhloufi, qui a remporté, à l’occasion, la médaille d’ argent de l’épreuve avec un chrono de 3:50.11 contre 3:50.00 du vainqueur surprise (personne ne l’attendait à pareille fête du moment que tous les regards étaient braqués sur le super favori, Makhloufi), l’Américain Matthew Centrowitz qui lui succède au passage sur la plus haute marche en se couvrant d’or. Makhloufi qui rit, Makhloufi déçu. Mais un Makhloufi bien dans son rôle de nouvelle locomotive d’un mouvement sportif national à la recherche désespérée d’un nouvel envol et de nouveaux leaders.
Déçu, sûrement, d’avoir raté, de onze petites centièmes de seconde, une belle occasion de garder le trône acquis (heureuse coïncidence) au pays de Sa Majesté mais met définitivement, grâce à un courage à en revendre (sa prise de risque énorme nous fixe un peu plus sur ses énormes potentialités psychologiques pour un garçon méritant un meilleur sort, lui qui a dû souffrir pour vaincre les pronostics des algéro-sceptiques) tout le monde, y compris ses détracteurs,est d’accord sur son immense talent. Entre un peu dans la légende mondiale. Rejoint dans le livre d’or du sport algérien ses augustes prédécesseurs avec, désormais, un palmarès faisant rêver les plus grands, lui qui compte maintenant, et ce n’est pas rien, trois (excusez du peu) médailles olympiques, dont une or (2012, Londres, sur 1500m) et deux en argent. Un palmarès qui fait de lui, qui l’eut cru, l’incontestable chef de file du sport algérien dans l’histoire des joutes olympiques, en évinçant feu Hocine Soltani, un de nos meilleurs pugilistes de tous les temps, dont la récolte s’est arrêtée précocement, avec une médaille de bronze, acquise de haute lutte dans la catégorie des 57kg, en 1992 à Barcelone, avant de l’agrémenter dans le plus précieux des métaux, c’est-à-dire l’or, quatre ans plus tard à Atlanta (USA) en frappant un grand coup dans la catégorie supérieure (60 kg) avant de tirer sa révérence et disparaître dans des circonstances jamais encore élucidées. Une chose est sûre, Makhloufi, qui mérite tous les éloges en faisant mieux que d’authentiques étoiles des pistes à l’instar de ses compatriotes Morceli et Boulemerka, devenus de véritables légendes de la discipline, a, à lui seul, montré toute l’étendue du potentiel national en matière de talents purs. Prouvé combien il est urgent (mais cela, diriez-vous, est une tout autre histoire qu’il faudra raconter) d’arrêter de parler pour ne rien dire. De se regarder bien dans les yeux et se dire toutes les vérités en ouvrant toutes les portes menant au succès. En arrêtant de se mentir et mentir à l’opinion. Merci Makhloufi pour tout.
Merci également de confondre, à nouveau, pour la énième fois, les mauvais génies gravitant autour du sport national. Deux belles médailles d’argent et, malheureusement, cette impression que ces derniers bénéficient là, d’un nouveau sursis. L’occasion de se cacher derrière cet arbre que leur offre l’enfant de Souk Ahras pour nous vendre d’autres rêves impossibles à réaliser. Nous faire avaler d’autres couleuvres. Presque désolés de le rappeler. On y reviendra…

Par Azouaou Aghilès

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