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Il met en garde contre le devoiment des termes de la constitution : Ksentini plaide pour le rigorisme

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Au-delà de son satisfécit bienveillant quant aux dispositions incorporées dans l’avant-projet de révision de la Constitution, Farouk Ksentini, président de la CNCPPDH (Commission nationale de promotion et de protection des droits de l’Homme), met l’accent surtout sur la problématique de la mise en œuvre du texte de loi. Intervenu hier sur les ondes de la Chaîne III, maître Ksentini a prévenu contre une mauvaise interprétation de la Loi fondamentale du pays.
Comme le lui confère sa mission d’émettre tout avis portant sur la question des droits de l’Homme, Ksentini a évoqué l’aspect traitant de la question des droits et des libertés individuels et collectifs contenus dans ce projet de loi. Pour lui, ces mesures ne peuvent être dissociables du caractère démocrate de l’état, lesquelles augurent, selon ses termes, d’un avenir plus «serein» pour le pays. Mais, faudra-t-il encore arriver à une application rigoureuse des lois découlant de ce texte. En effet, Ksentini a souligné que quand bien même l’on dispose de lois «magnifiques», mais il s’avère que la législation souffre souvent d’une mise en œuvre efficace qui en fait défaut. D’ailleurs, il n’a pas manqué de soulever et de dénoncer par la même des pratiques qui consistent à «dévoyer les lois», pour ne pas dire les vider de leur substance. «C’est extrêmement dangereux. C’est anti-démocratique et ça porte atteinte à l’intégrité de la Constitution», a-t-il prévenu, avant d’appeler l’institution juridique à veiller de manière scrupuleuse à une application correcte. Ceci, d’autant plus que la mouture de la Loi fondamentale telle qu’elle a été élaborée, dispose de mesures explicites et détaillées, pour qu’elle soit appliqué de manière claire, a-t-il expliqué. En revenant sur le renforcement dont jouit la liberté de manifestation, Ksentini a indiqué qu’il s’agit d’un principe important qu’il faudra consacrer, afin de permettre aux citoyens d’exprimer librement leurs opinions, comme cela a cours dans les pratiques démocratiques. Mais, il faudra que ces manifestations se fassent dans le respect de la loi et qu’elles soient menées de manière pacifique, a-t-il précisé. En effet, la question de l’interdiction des manifestations publiques comme mesure imposée surtout aux acteurs politiques, telles que les marches interdites aux partis de l’opposition politique dans la capitale, Alger, a été soulevée comme problématique lancinante, d’autant plus que l’on vise à travers les réformes politiques, la consolidation de la démocratie dans le pays. Ksentini a justifié cette mesure prise par les pouvoirs publics à l’impératif sécuritaire, en référence au développement dangereux dont lequel ont été entrainés de nombreux pays de la région, lors de l’avènement dit «le printemps arabe» qui s’est manifesté en 2011. Le président de la CNCPPDH reste tout de même optimiste. En effet, il a «souhaité» que les nouveaux textes introduits permettraient davantage à la population de s’exprimer librement dans un cadre serein et pacifique, a-t-il estimé.

Rétraction de la mission de la CNCPPDH
En revenant au sujet de la détention sous toutes ses formes, Ksentini a déploré le manque d’informations exactes et des statistiques exhaustives concernant le nombre de personnes emprisonnées, que ce soit en situation de détention préventive ou bien en prison ferme. Il dit, «ignorer» les données établies par les pouvoirs publics et a appelé d’ailleurs à fournir davantage d’efforts à même d’arriver à communiquer des informations chiffrées et exactes. Interrogé à fournir approximativement les chiffres dont dispose la commission qu’il préside, l’avocat a révélé l’existence d’environ 55 000 personnes incarcérées à travers le pays. Ce qui est pour lui, un chiffre effarant et énorme par rapport au nombre d’habitants que compte l’Algérie. Pour lui, on dépasse largement les normes en cours dans d’autres pays tels que la France qui en compte 65 000 détenus. Ainsi, la problématique du déficit posé par le manque d’informations précises à ce sujet, Ksentini a préconisé la facilitation de l’accès aux données afin de permettre à son organisme d’accomplir sa mission convenablement.

Aux ex-généraux de l’Armée, «un débat au niveau bas»
Farouk Ksentini s’est exprimé au sujet des la cacophonie médiatique menée ces derniers jours par les ex-responsables militaires et politiques des années 90. Même s’il précise respecter de part égalitaire toutes les personnalités, il a fait part de son regret quant au niveau des déclarations tenues par les nombreux intervenants. Pour lui, la qualité des discours doit être «un peu plus élevée», selon les propos du président de la CNCPPDH. En effet, depuis plus d’une semaine, la scène nationale n’a cessé d’enregistrer les déclarations interposées et des échanges d’accusations proférés par d’anciens hauts gradés de l’institution militaire, qui étaient en poste durant la fin des années 80 et le début de la décennie noire. Ksentini a recommandé aux différents protagonistes de faire preuve de modération dans le ton, en rappelant aux mêmes personnalités que lorsqu’on est un homme publics, «l’on doit s’exprimer avec modération». Pour l’hôte de la Chaîne III, l’exemple archétype vient du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, lequel, selon Ksentini, n’a jamais fait appel dans ses communications tenues durant la compagne électorale, à un ton de voix démesuré, encore moins selon l’avocat, verser dans la «polémique avec qui que ce soit». Ainsi, en le prenant comme exemple d’homme politique en matière du discours objectif, Ksentini a souligné «sans complaisance» que son protégé n’a jamais eu recours à un verbe agressif ou violent. Au contraire, selon lui, Bouteflika sait exposer ses idées et défendre son programme politique à travers une communication impartiale et saine.
Farid Guellil

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