L’ancien président namibien, Sam Nujoma, une des dernières icônes politiques africaines, est mort samedi à l’âge de 95 ans, a annoncé hier la présidence de la Namibie.
Sam Nujoma, qui a combattu inlassablement le régime honni de l’Apartheid au sein du parti namibien South West African people Organisation (Swapo) jusqu’à l’indépendance de la Namibie en 1990, rattachée auparavant à Pretoria. Il est resté un infatigable résistant à toute forme de colonialisme, de néo-impérialisme en Afrique et dans le monde, et un défenseur acharné de la liberté des peuples, et cela jusqu’à sa mort. « Notre Père fondateur a vécu une vie longue et déterminante au cours de laquelle il a servi de manière exceptionnelle le peuple de son pays bien-aimé », a déclaré le président Nangolo Mbumba dans un communiqué. À la tête de la Swapo, le mouvement de libération qu’il avait cofondé en 1960, Sam Nujoma avait obtenu en 1990 l’indépendance de la Namibie vis-à-vis de l’Afrique du Sud, qui avait repris la tutelle du territoire à l’Allemagne à la faveur de la Première Guerre mondiale. Figure emblématique de la résistance et la lutte du peuple namibien contre l’Apartheid avec sa barbe légendaire, il avait quitté le pouvoir à 75 ans en 2005. Lors de l’une de ses dernières apparitions publiques en mai 2022, à 93 ans, il s’était montré le poing levé et avait appelé à continuer à se consacrer « aux idéaux panafricains ». Son statut de père de l’indépendance a permis à celui qui était surnommé le « Vieux » de jouir d’un soutien populaire qui ne s’est pas démenti jusqu’à la fin de sa vie. Né le 12 mai 1929 au sein d’une famille de paysans, Sam Nujoma est l’aîné de dix enfants. Il gardait les vaches et les chèvres, et à 17 ans, il quitte son village reculé du nord pour s’installer dans la ville portuaire de Walvis Bay (ouest). Dans le township, il découvre les discriminations contre les noirs. Balayeur chez les chemins de fer près de la capitale Windhoek, il devient un fervent syndicaliste, tout en suivant des cours du soir, où il rencontre des militants indépendantistes. Contraint à l’exil en 1960 au Botswana, puis au Ghana et aux États-Unis, il lance à la tête de la Swapo la lutte armée en 1966, qu’il raconte dans son autobiographie. La guerre d’indépendance a fait plus de 20 000 morts. Devenu président, Sam Nujoma avait repris des études, après son retrait officiel de la vie politique, et décroche une maîtrise de géologie, persuadé que les montagnes namibiennes regorgent de richesses minérales inexploitées.
Ania N.