Accueil ACTUALITÉ Histoire de la police : l’itinéraire sympa de nos tuniques bleues

Histoire de la police : l’itinéraire sympa de nos tuniques bleues

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De tout temps, l’histoire de la police s’est confondue avec celle des régimes qu’elle contribuait à maintenir en place. De son efficacité et de son dévouement dépendait leur longévité. Pour nombre d’entre nous, cette histoire commence avec l’uniforme bleu. Mais est-on bien sûr que cet uniforme a toujours été bleu ? Et est-on bien sûr que l’histoire de la police a commencé chez nous avec notre Indépendance ? En faisant un tour à l’exposition organisée par le musée de la police, bien des surprises nous ont été réservées.

L’uniforme était beige
La première chose qui a pu causer notre étonnement, comme celui du visiteur, ce sont les mannequins affublés de l’uniforme policier avec différentes couleurs et nuances de bleu. C’est l’histoire de la police expliquée concrètement ainsi, depuis le début de notre Indépendance à nos jours. Ainsi, le visiteur -le jeune surtout- pouvait apprendre que l’uniforme n’a pas toujours été bleu ! En tout cas, pas le bleu que nous connaissons aujourd’hui, aimons et respectons, car il ne faut pas perdre de vue qu’il est porté par des hommes et des femmes qui ont consenti un lourd sacrifice pour assurer le libre jeu des institutions démocratiques pendant la double Décennie noire, et celui, non moins lourd, accepté dans la lutte contre le crime afin que nous puissions présentement jouir en toute liberté et en toute sécurité de tous nos droits de citoyens.
Non, pendant l’Indépendance, l’uniforme n’était pas bleu. Notre police a récupéré l’uniforme de la police française abandonné par elle avant de quitter notre territoire. Ainsi, confrontée à une crise sans précédent en matière vestimentaire, notre police, levée dans la hâte et la précipitation, a dû, pour une partie de ses effectifs, se contenter de s’habiller en civil. C’est pourquoi on voyait dans les rues de nos villes entre le 19 mars et le 5 juillet 1962 des hommes vêtus de bric et de broc régler la circulation et procéder -ce qui était rare, très rare en ces temps où les Algériens n’étaient occupés que d’une chose : savourer leur bonheur d’être redevenus un peuple libre et indépendant- à combattre le vol et le crime. D’ailleurs, tout dépareillé qu’il était, cet uniforme devait avoir exercé une certaine fascination, tant la vue, à cette époque, d’un révolutionnaire excitait l’admiration des foules ivres de liberté et d’indépendance. On ne souriait pas en le voyant. On saluait et l’on criait vive l’Algérie !
Cependant, cette situation tout à fait insolite dans l’histoire de notre police cessait immédiatement à partir de juillet 1962. Ce corps venait d’avoir son propre uniforme, celui qui inspirera désormais crainte aux voleurs et aux criminels. Sa couleur était beige. Et au carrefour des villes et à l’angle des rues, on ne voyait plus qu’elle, faisant tache parmi la foule de passants et des files de véhicules. Notre guide ne nous a pas précisé le fabricant de cette tenue qui a disparu en 1966 pour une nouvelle.

Du bleu nuit au bleu clair
Faut-il rappeler à ce propos que la nouvelle tenue policière qui a succédé à la tenue beige coïncidait presque avec l’installation d’un nouveau régime placé sous le signe du redressement politique ? Nous ne saurons jamais, alors que nous évoquons à gros traits l’histoire de ce corps, si quelques cartouches avaient été brûlées à cette occasion. En tout cas, accueillant favorablement dans l’ensemble le nouveau maître d’El-Mouradia, la police ne sortira pas du cadre de sa mission jusqu’à aujourd’hui, et ce, quelle que soit la tenue qu’elle portera. Les hommes passent. La police demeure ; toujours égale à elle-même, c’est-à-dire ferme et loyale envers l’État et le citoyen qu’elle protège souvent au prix d’un lourd sacrifice. Ce qui est certain, en revanche, c’est que la nouvelle tenue, portée non moins fièrement que la précédente, et dont on pouvait admirer la nuance, était alors d’un bleu sombre. Elle allait durer dix ans. Le pays fournisseur était l’Italie. Mais cette tenue disparaît dès 1976. Le bleu clair remplaçait le bleu nuit. L’habilleur de notre police était cette fois français et il le restera jusqu’en 1986. Après quoi, si la nuance devait rester la même dès cette date jusqu’à nos jours, la confection, par contre, était totalement confiée à nos couturiers passés maîtres dans cet art. Aujourd’hui, bien fin qui pourrait, d’un simple coup d’œil sur les mannequins habillés et coiffés en policiers, déceler le moindre manquement aux règles d’élégance et de bon goût dans la fabrication de cet article vestimentaire, destiné à habiller officiellement nos agents comme nos officiers de police. Et l’effet de cette élégance a certainement autant joué que la fibre patriotique dans l’engouement manifesté par les jeunes pour l’uniforme de police. Et qu’est-ce que le patriotisme, en somme, sinon tous les ingrédients culturels que l’on retrouve à la base de notre couture, de notre gastronomie, de notre architecture, de notre littérature, de notre musique, de notre cinéma et de notre théâtre, ingrédients que l’on peut désigner par un mot, notre culture ?

Ces hommes qui ont laissé leurs empreintes
Comment aborder l’histoire de la police sans évoquer les figures qui l’ont fortement marquée de leur empreinte indélébile ? N’est-elle pas leur œuvre commune, cette police, en fait, à ces onze hommes qui se sont relayés pour se passer, tels des athlètes, le flambeau afin que nous puissions jouir de la paix et réaliser nos grands rêves et préparer l’avenir de nos enfants et petits-enfants ? N’est-ce pas dans le dénuement qui a marqué les premières années de l’Indépendance, puis dans la période de troubles qui ont plongé le pays dans les ténèbres et le chaos que des hommes au courage et à la force peu commune se sont dépensés sans compter pour maintenir coûte que coûte l’ordre et la stabilité, alors qu’autour d’eux tout chancelait ?
Aujourd’hui encore, où le terrorisme a été vaincu grâce en partie à ces dignes fils de l’Algérie, les défis restent écrasants: le terrorisme auquel la police a payé un lourd tribut, comme les autres corps de sécurité, le crime organisé a revêtu d’autres formes que les nouvelles technologies ont rendu tout aussi dangereux. De fait, le vol, le crime constituent une menace terrible et permanente pour la société. Des fléaux, tels que la drogue, l’alcool, les armes qui transitent par les frontières, l’immigration clandestine font profiler à nos frontières une autre peur, celle de voir nos valeurs qui assurent notre cohésion disparaître et notre territoire se morceler. Aussi, la mission de la sécurité à l’intérieur de nos frontières se double-t-elle de celle de nos frontières. Et il n’y a de sécurité pour tous les Algériens que si un contrôle rigoureux s’exerce en permanence sur tout le territoire. La police des frontières, dont nous parlerons dans notre prochain numéro, a pour tâche d’y veiller scrupuleusement.
Le premier de ces hommes qui ont présidé au destin de cette institution s’appelait Abdelkader Tassari. Il était le principal artisan de l’ancêtre de la DGSN, désigné par le terme de «Délégation d’ordre public», assurait notre guide. Elle a été mise en place dès le 19 mars et ne devait disparaître le 5 juillet. Quelques jours plus tard (pour être plus exact le 22 juillet), était créée la DGSN qui, changeant d’hommes à sa tête, ne devra plus changer du tout d’appellation. En effet, après avoir usé 11 directeurs sous le même le sigle, la DGSN en 58 ans n’a pas pris une ride. Le premier à s’y être installé en cette qualité était Mohame Medjad. De février, date de l’assassinat de son directeur Ali Tounsi, à juillet 2010, la transition a été assurée par le commissaire divisionnaire de la police, en l’occurrence Abdelaziz Affani. Mais à partir de là, c’est le général major Abdelghani Hamel qui dirige cette institution.
Notre homme nous a fait savoir que, en ce qui concerne les grades, la police a connu trois étapes. De 1962 à 1986, le grade de commissaire était formé de trois étoiles. Aujourd’hui, un croissant avec un point au milieu ont remplacé les trois étoiles. Puis, fait remarquer notre informateur, de 1986 à 2010, la carrière de police comptait 8 grades. Aujourd’hui, elle en compte onze. Les trois grades, qui s’ajoutent dans cet ordre, c’est celui d’inspecteur principal, celui de contrôleur de police et enfin celui de contrôleur général. Comment, par ailleurs, faisant ici modestement œuvre historique, pouvons-nous nous permettre d’occulter, au point où nous sommes parvenus dans notre cheminement, deux aspects importants de cette histoire: la formation continue et les effectifs en continuelle augmentation qui sont à la base de la constitution de ce corps? Consultées à cet effet, les statistiques affichées donnent un effectif total de 197 646 policiers agents et cadres. Cet encadrement comprend 1 095 commissaires principaux, 2 610 commissaires, 245 commissaires divisionnaires et 24 contrôleurs.
Pour l’élément féminin, il y 10 655 agents, dont 14 commissaires divisionnaires, 52 commissaires principales (nous mettons le mot au féminin) et 75 lieutenants. Les mêmes statistiques affichent encore le nombre de postes créés pour le recrutement entre 2009 et le premier semestre de 2014, sauf pour l’année 2012. On a ainsi pour 26 358 en 2014, 47 470 en 2013, 20 632 en 2011, 223 392 en 2010 et 20 603 en 2009. (Ces statistiques concernent tout le corps de police à l’échelle nationale.)
La DGNS s’enorgueillit tout particulièrement de ce fleuron, fruit d’une formation spécialisée et des nouvelles technologies, l’unité aérienne de la sûreté nationale (UASN) qui dispose d’une flotte aérienne composée de 14 hélicoptères -10 italiens et 4 français- équipés de caméras haute définition pour la télésurveillance. Ces moyens permettent donc la surveillance des routes et des artères principales des villes en cas de manifestation, et le transport des troupes vers les points chauds. La base de ces hélicoptères est à Dar El-Beïda, mais leur champ d’intervention englobe tout le territoire national en cas de besoin. Ces portes ouvertes, par le biais du musée de la police, font remonter l’histoire de ce corps paramilitaire pour le maintien de l’ordre et de la sécurité aux premières dynasties qui se sont succédé en Algérie de la Numidie (704) à la guerre de Libération, en passant par les époques successives des fatimides,(909), des Almohad (1121), des Ziannides (1235), des Otthomans qui ont eu recours à deux polices, une pour les indigènes et l’autre pour les Turcs (1519) et, enfin, de l’émir (1832), secondé par son conseiller anglais qui a développé son idée de l’organisation d’une police vouée entièrement au service du renseignement, comme au temps de la Révolution de 54.
Ali D.

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