L’affaire de l’autoroute Est-Ouest liée à la corruption, a été reprise hier, par le tribunal criminel près la Cour d’Alger, en présence de tous les prévenus, parmi lesquels le principal accusé, Medjdoub Chani, homme d’affaires algéro-luxembourgeois. L’audience a pris environ 10 heures, durant lesquelles il est fait lecture de l’arrêt de renvoi portant dossier d’instruction. Au bout de cette séance, le président de l’audience a dû la suspendre pour décider de sa reprise aujourd’hui, lundi. Medjdoub est impliqué en compagnie de 15 autres personnes dans cette affaire liée au projet dit «du siècle». Dans ce scandale financier rendu public en 2009, 7 entreprises étrangères en tant que personnes morales sont aussi impliquées que responsables d’actes de corruption. La séance a été ouverte à 10H00 par le président de l’audience, Tayeb Hellali qui a vérifié, d’emblée, la présence des prévenus, du représentant de la partie civile et des membres de la défense, parmi lesquels Miloud Brahimi, Khaled Bourayou, Tayeb Belarif et Abderrahmane Amine Sidhoum qui se sont présentés devant le juge, sans intervenir. Du côté des témoins, environ une dizaine ont manqué à l’appel dont les fils de Aboudjerra Soltani, sur un nombre de 27 au total. Une autre absence de taille est enregistrée du côté de la défense, notamment le français Maitre William Bourdon, principal avocat de Medjdoub, alors qu’il avait exposé sa plaidoirie durant la séance précédente, tenue le 19 avril dernier. Ensuite, des membres du jury ont été désignés par le juge pour constituer le tribunal criminel comme cela est exigé par la procédure pénale. Pour rappel, lors de l’audience précédente, le collectif de la défense a mené un branle-bas de combat avec le juge du tribunal, pour buter, au final, au rejet de la requête portant notamment annulation des poursuites à l’encontre de leur client, accusé principal dans cette affaire. Durant l’après midi, ils s’étaient dé-constitués pour marquer leur mécontentement devant la décision du parquet de maintenir les chefs d’inculpation. Et du coup, Medjdoub s’est retrouvé sans défense. Il a même refusé de prendre un avocat commis d’office. C’est cela d’ailleurs qui avait motivé le report du procès, pour qu’il soit repris, hier dimanche encore, pour une troisième séance. En effet, cette audience a été consacrée de prime à bord à la lecture intégrale de l’arrêt de renvoi, un dossier d’instruction de quelque 250 pages. Vers midi, le juge a du suspendre la séance pour observer une pause pour permettre au greffier chargé de la lecture de reprendre haleine. Elle a été reprise dans l’après midi, à 14H00. Sur demande du juge, le greffier a poursuivi la lecture en rappelant le dossier du juge d’instruction tel qu’il a été établi sur la base des procès verbaux de l’enquête menée par les services de sécurité. Outres les accusés, le greffier a rappelé les chefs d’inculpations engagés contre eux. Il s’agit de constitution d’association de malfaiteurs, transfert illicite de devises, abus de pouvoir, corruption, blanchiment d’argent et dilapidation des derniers publics. L’affaire est liée au projet faramineux de l’autoroute Est-Ouest, dont les prévenus sont accusés d’avoir reçu des pots-de-vin, cadeaux et des récompenses financières de la part des entreprises étrangères citées à comparaitre également, en contre partie de leur accorder des facilitations administratives pour accéder à ce marché. Le principal accusé Chani Medjdoub est accusé d’avoir reçu 10 milliards de centimes du groupe chinois CITIC-CRC et de détenir 30 millions de dollars placés dans des banques basées à Singapour et en Suisse, selon l’arrêt de renvoi. Toujours selon le dossier d’accusation, Chani a indiqué avoir reconnu ces accusations suite aux pressions qu’auraient exercées sur lui les services de sécurité, lors de l’interrogatoire policier. Le président de la séance a du suspendre une nouvelle fois la séance pour annoncer sa reprise, aujourd’hui, lundi.
Farid Guellil
