Les tentes usées et dégradées des déplacés de Ghaza ne leur offrent plus aucune protection contre le froid hivernal implacable.
Elles ne parviennent même plus à cacher leur faim et leur froid après avoir été dévastées par des mois de guerre et d’occupation. Les corps épuisés des déplacés, marqués par une guerre d’extermination, sont soumis à une épreuve encore plus insupportable : la rigueur d’un hiver impitoyable, sans abri ni chaleur. Chaque jour, les déplacés tentent, dans la mesure du possible, de réparer leurs tentes délabrées faites de toiles, de tissus et de plastiques, qui ont été rongées par la chaleur intense de l’été. L’espoir est d’échapper au froid nocturne, insoutenable dans les conditions actuelles, où l’absence de chauffage, dû aux coupures de courant, de gaz et de carburant depuis le début de la guerre, aggrave encore leur souffrance. La situation est décrite par Umm Husseïn, une mère déplacée, qui souligne la dureté des vents froids dans les régions ouvertes et l’absence de couvertures et de vêtements adéquats. Les tentes, endommagées par le soleil brûlant et les éléments, ne peuvent plus protéger les réfugiés du froid qui pénètre leurs corps affaiblis. Un autre témoignage, celui d’Alaa Hamdan, décrit la scène de nombreuses tentes qui, face à la force des vents nocturnes, sont littéralement détruites. « Nos tentes sont usées par le temps et les déplacements incessants, imposés par l’occupation. Chaque nuit, nous essayons de les réparer, mais la situation devient de plus en plus difficile », explique-t-il.
D’autres, comme Amr al-Sheïkh, ont tenté d’améliorer un peu leurs conditions en posant du plastique sur leurs tentes, mais les vents violents de la nuit ont détruit leurs maigres protections. « Nous avons besoin d’aide d’urgence pour nous sauver du froid avant qu’il ne soit trop tard », a-t-il lancé, appelant les organisations internationales à fournir des tentes et des couvertures avant qu’il ne soit trop tard. Des témoignages poignants comme celui de Mahmoud al-Najjar qui, dans la nuit, a dû dormir dehors par peur que sa tente soit emportée par les vents, montrent l’ampleur de la catastrophe humanitaire. « Je n’ai plus de sensation dans mes mains à cause du froid. Le plus terrible, c’est qu’on ne sait même pas si on survivra », confie-t-il. L’ONU et les agences humanitaires telles que l’UNRWA et l’UNICEF ont alerté sur la situation désastreuse à Ghaza. Philippe Lazarini, le commissaire général de l’UNRWA, a déclaré que les enfants de Ghaza gèlent à mort à cause du froid et du manque d’abris. Les couvertures et fournitures hivernales sont bloquées depuis des mois, faute de permettre leur entrée dans la bande de Ghaza, et les conditions d’hiver deviennent de plus en plus critiques. Les travailleurs humanitaires sur place sont forcés de choisir entre fournir de la nourriture ou de l’abri, ce qui expose les réfugiés à des dangers accrus. De son côté, Rosalía Polín de l’UNICEF a exprimé la difficulté croissante de la situation, notamment pour les enfants, qui souffrent du froid, de l’humidité et du manque d’accès à des soins de santé. Plus de 14 500 enfants ont été tués et des milliers d’autres blessés, et la situation ne cesse de se détériorer avec l’arrivée de l’hiver. Des tragédies, comme la mort par hypothermie de bébés et de travailleurs humanitaires, soulignent l’urgence d’une réponse internationale face à cette catastrophe humanitaire.
M. Seghilani