Ghaza : à Paris comme à Washington les manifestations ne faiblissent pas

Pour la sixième fois, depuis le début de l’agression sioniste contre Ghaza, les manifestants pro-Palestiniens se sont donnés rendez-vous à Paris pour manifester leur soutien à la population ghazaouite. Près de 12 000 personnes, selon la police, et 20 000, selon les organisateurs, ont défilé sous le soleil entre Denfert-Rochereau et les Invalides à l’appel du Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens. Ce collectif composé d’une cinquantaine d’organisations comme le Parti communiste ou l’Association France-Palestine Solidarité est à l’origine de la manifestation. Des mouvements de soutien à la Palestine comme le Parti des indigènes de la République ou le PYM (Palestinian youth mouvement), à l’origine des manifestations interdites des 19 et 26 juillet se sont aussi joints à l’appel, de manière à former un collectif unitaire. Le défilé, que la préfecture de police n’a cette fois pas interdit, a été encadré par une forte présence policière, et par un service d’ordre mis en place par les organisateurs afin de canaliser les éventuels débordements. Les vacances d’été n’ont pas porté préjudice à la mobilisation. Certains sont venus même manifester pour la première fois. C’est le cas d’Amar, 41 ans, qui travaille dans la restauration. Il a choisi de marquer les esprits et d’attirer l’attention sur les morts ghazaouis en confectionnant un mannequin enveloppé dans un drap blanc dans lequel figure un linceul et badigeonné de peinture rouge, pour le sang. Myriam, 45 ans, femme au foyer venue de l’Essonne est accompagnée de ses deux enfants de 10 et 7 ans. Ils portent des pancartes, confectionnées par leur mère, qui disent «Palestine sous guillotine car Israël l’opprime» ou «Notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens». L’aîné porte un turban aux couleurs de la Palestine ainsi qu’un drapeau français autour des épaules. Cette maman dit être venue soutenir des «humains avant tout», dénoncer une «boucherie» et espère que sa présence permettra de «réveiller les politiques qui dorment». La solidarité envers les victimes palestiniennes est l’argument qui revient le plus. Aysegul, 34 ans auxiliaire de puériculture se sent particulièrement touchée de par sa profession, raconte-t-elle. C’est la première fois qu’elle participe à un défilé. Ylhem, 24 ans, keffieh autour du cou et cheveux longs au vent participe pour la seconde fois à cette mobilisation. Elle est ici pour dénoncer ce qu’elle qualifie de génocide. Habituée des manifestations pro-palestiniennes auxquelles elle participe depuis ses 18 ans, elle reste persuadée que sa présence est utile : «la preuve la foule est nombreuse». L’ensemble du défilé s’est déroulé dans le calme et chaque cortège a cheminé à son rythme vers la place des Invalides. Plus loin, le cortège du Collectif Cheikh Yassine, du nom du dirigeant du Hamas assassiné par Israël il y a dix ans, arrive en fin de manifestation. La foule reprend les slogans lancés du char tel «sionistes, fascistes c’est vous les terroristes» ou «Djihad résistance». Une affiche représentant Barack Obama détourne son slogan emblématique «Yes we can» en «Yes we kill» (Oui nous tuons). À l’arrivée aux Invalides, une averse surprend tout le monde, précipitant la dispersion. Plusieurs jeunes courent. Certains croient à des incidents avec les forces de l’ordre et courent à leur tour sans bien connaître le motif de l’agitation. Mais la fin de la manifestation se déroule dans le calme. Le seul défi des organisateurs et des CRS est de réguler la foule qui se dirige en masse vers le métro dans l’espoir de ne pas être trempée par la pluie diluvienne. Aux États-Unis, plusieurs milliers de personnes ont manifesté pour soutenir la population de Ghaza à Washington, devant la Maison Blanche. Brandissant des pancartes appelant à la «fin de l’aide américaine à Israël» ou demandant de «sanctionner Israël, un État terroriste», les manifestants ont occupé sans incidents une bonne partie du Parc Lafayette, situé juste en face de la résidence présidentielle. La manifestation pro-Ghaza est la plus importante devant la Maison-Blanche depuis le début de l’intervention israélienne contre le Hamas qui a déjà coûté la vie à plus de 1 600 Palestiniens, en grande majorité des civils, dont de nombreux enfants et des bébés.
Mokhtar B.