Le processus de lutte contre la corruption qui vise à moraliser la vie publique et politique comme finalité, aborde, serionsnous tentés de dire, sa troisième étape. Et en quoi celle-ci consisterait-elle ? Les responsables coupables d’actes de corruption étant jugés et les biens qu’il ont dilapidés étant récupérés, l’État a eu le feu vert de l’autorité judiciaire et a donc toute la latitude d’organiser le transfert de la propriété au profit des entités et des organismes publics. Bien que cette démarche ait déjà fait son chemin, il semblerait que le rythme d’avancement de l’opération de transfert des biens confisqués sur décision judiciaire n’a pas eu l’effet escompté. Autrement dit, le Gouvernement s’attendait à ce que cette démarche aille bon train dans le but de rouvrir les entreprises fermées, relancer l’outil de production et récupérer les emplois perdus. C’est d’autant plus que le président de la République, le chef d’orchestre de la lutte contre la corruption, ne tolère pas de retard dans l’exécution de son programme. C’est du moins cette interprétation que l’on pourrait donner à l’objet de la réunion du Conseil des participations de l’État, réunit, dimanche dernier, par le Premier ministre Nadir Larbaoui. Selon les services du Palais « docteur Saâdane », cette réunion a planché sur « la poursuite du transfert, à titre onéreux, au profit des institutions et organismes publics, de plusieurs biens meubles et immeubles confisqués par décisions judiciaires définitives dans le cadre des affaires de lutte contre la corruption ». Mais, le plus important réside dans l’injonction de Larbaoui. À savoir, « accélérer la prise des mesures nécessaires pour garantir l’exploitation optimale des unités de production transférées au profit de la collectivité nationale. » Par ailleurs, on ne peut mieux parler de ce dossier lourd sans en aborder le bilan des biens récupérés par l’État. Selon le dernier chiffre, communiqué en décembre 2023, par le président Abdelmadjid Tebboune, la valeur des biens confisqués par la justice tournait autour de 30 milliards de dollars. Selon l’ancien ministre de la Justice qui viendra, peu après le Président, détailler les biens immobiliers qui étaient entre les mains de la justice, ils s’élevaient à 4.213 unités dont 401 biens industriels. Ce lot comprenait des dizaines d’usines, notamment de ciment, de sidérurgie, de montage de véhicules, d’huiles, de raffinage de sucre et de médicament.
Farid Guellil