Le président Emmanuel Macron a annoncé lundi soir, des mesures concrètes, dont l’augmentation de 100 euros du salaire minimum, et une feuille de route économique et social pour régler la crise que traverse la France, mais les «gilets jaunes» ont exprimé leur déception.
«C’est l’état d’urgence économique et social que je veux décréter aujourd’hui», a-t-il dit dans une allocution aux Français en colère depuis plus d’un mois, à travers la mobilisation du mouvement des «gilets jaunes» qui ont exprimé leur ras-le-bol fiscal et leur refus de l’érosion du pouvoir d’achat. Ce discours était très attendu par les «gilets jaunes», après la quatrième journée de manifestations qui ont rassemblé, samedi dernier, plus de 136 000 personnes en France. La démission du président Macron a été la revendication essentiel de nombreux «gilets jaunes». Tout en disant rester intransigeant face aux violences auxquelles «ne bénéficieront d’aucune indulgence», le président français a indiqué que la colère exprimée par les Français c’est «40 années de malaise qui resurgissent», faisant son mea culpa sur des propos qu’il avait tenus envers les Français. Parmi les mesures qu’il a prises, il a annoncé que, dès 2019, le salaire d’un travailleur au Smic (salaire minimum) augmentera de 100 euros par mois et les heures supplémentaires seront versées sans impôts ni charges. «Je demanderai à tous les employeurs qui le peuvent de verser une prime de fin d’année (ni impôts, ni charges)», a-t-il ajouté, reconnaissant que l’effort qui a été demandé aux retraités a été «trop important et il n’était pas juste». À cet effet, la hausse de la contribution sociale généralisée (CSG), un prélèvement obligatoire qui participe au financement de la sécurité sociale et de l’assurance chômage, sera annulée pour les retraités gagnant moins de 2 000 euros par mois, a-t-il annoncé, mais il a refusé de revenir sur l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), une des revendications clé des «gilets jaunes». «Pendant près de quarante ans, il a existé, vivions-nous mieux pendant cette période ? Les plus riches partaient», a-t-il expliqué. Des observateurs ont tout de suite relevé que deux revendications fondamentales des Français en colère ne figurent pas dans ses mesures : l’ISF et la modification du système représentatif, pour l’instauration d’un référendum d’initiative citoyenne, que les «gilets jaunes» réclament pour les questions sensibles qui intéressent les Français. Le président Macron a également exprimé sa volonté de vouloir réformer «profondément» l’État pour mettre sur pied des «règles plus justes», souhaitant, à cet effet, un débat national dans les prochains jours et semaines. La première réaction de l’opposition est venue du leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qui a estimé que le président de la République «se trompe d’époque», appelant à un acte V de la mobilisation pour samedi prochain. Les mesures annoncées sont loin de satisfaire le mouvement jaune, même si le président Macron a opéré un changement de cap et s’est montré plus à gauche sans pour autant renoncer avec ses réformes structurelles. Ce qui laisse penser des observateurs qu’il a agit comme un «père Noël habile». Du côté des «gilets jaunes», toujours mécontents, ont estimé que «le président des riches vacille, mais les riches restent ses protégés», n’hésitant pas à afficher leur déception. «Rendez-vous le samedi 15 décembre prochain, partout en France, pour un cinquième acte des GiletsJaunes. Plus que jamais, nous devons nous mobiliser ! Tous ensemble, continuons notre combat ce 15 Décembre», a tweeté le mouvement.