Au moment où les citoyens sont de plus en plus solidaires, et l’armée blanche continue sa mobilisation, depuis plus d’une année et demie, pour lutter contre la crise épidémiologique, certains individus surfent sur la détresse des citoyens qu’ils exploitent comme une opportunité pour le gain facile. Hélas, l’absence de contrôle et la rigueur des services a manqué de démasquer ces profiteurs.
En effet, cette situation difficile a bien montré l’ami de l’ennemi du pays, ainsi que les vrais enfants de la Patrie qui ont affirmé leur union et cohésion en venant à l’aide des personnes en détresse manquant des moyens soit des appareils respirateurs, ou médicament, masques ou autre. En revanche les profiteurs des crises et des malheurs des autres, pour faire fortune, n’ont pas manqué sur la scène. Ils sont un des maillons de la chaîne qui visent à porter atteinte au moral de la société, par ces pratiques du circuit informel, qui a touché non seulement les appareils d’oxygène dont le prix a dépassé chez certains, les 200 000 et les 300 000 da et des fois plus sans parler des bouteilles d’oxygène revendues à
90 000 da. Sans parler de la hausse des prix des compléments alimentaires, chez les pharmacies, ainsi que la hausse des test Covid, dans des laboratoires privés, compliquent et entravent l’effort national de lutte et de prévention contre la pandémie. Également un autre type de profiteurs est apparu dans le secteur du commerce, cette fois-ci, avec l’augmentation du prix de la baguette de pain chez certaines boulangeries, à défaut, soit disant, de la pénurie de la farine, alors que sa consommation est en chute en raison d’une demande absente, après l’interdiction par les mesures anti-propagation du virus de fêtes de mariages, de fiançailles et de cérémonie. Cependant le ministère de l’Industrie pharmaceutique ainsi que le ministère du Commerce sont appelés à consentir davantage d’efforts en matière de contrôle des ventes de médicaments et autres matériaux vendus dans les officines. Dans ce cadre et afin de faire face à cette spéculation, le Syndicat national algérien des pharmaciens d’officine (SNAPO) a réceptionné, samedi dernier, 500 générateurs et concentrateurs d’oxygène, d’une capacité de 10 litres. Ces appareils reçus directement par le syndicat, sans passer par un intermédiaire, seront vendus au niveau des officines au prix de 115 000 DA l’unité. Dans une déclaration à la Radio Chaîne 3, le président du SNAPO, Messaoud Belambri a précisé que « ces concentrateurs seront vendus au prix d’achat après présentation d’un dossier médical ». Ces 500 générateurs et concentrateurs d’oxygène sont le premier lot de 2000 appareils qui seront réceptionnés prochainement, et ce, dans le cadre d’une opération de solidarité initiée par le SNAPO.
Nécessité de déclarer chaque semaine l’état des stocks des produits
En outre, le ministère de l’Industrie pharmaceutique a appelé les directeurs techniques des établissements pharmaceutiques de distribution en gros à déclarer hebdomadairement l’état des stocks des produits pharmaceutiques utilisés dans la prise en charge des malades touchés par la Covid-19. Le ministère a indiqué, dans son communiqué, que les directeurs techniques des établissements pharmaceutiques de distribution en gros sont tenus de déclarer hebdomadairement l’état des stocks des produits pharmaceutiques à travers le canevas téléchargeable sur le site du ministère www.miph.gov.dz rubrique téléchargement (canevas produits pharmaceutiques distributeurs). La classe des produits pharmaceutiques concernés par cette déclaration sont : les héparines de bas poids moléculaires, les antibiotiques, les antalgiques (antipyrétiques), les corticoïdes. Le ministère de l’Industrie pharmaceutique a précisé dans son communiqué que la déclaration doit être adressée chaque jeudi avant midi à la boîte mail : stokc_distrib@miph.gov.dz
Abdelouahed Kerrar : « La pandémie a fait flamber la consommation de certains médicaments »
« Cette pandémie va changer les approches sanitaires, les localisations de fabrications et les politiques de santé elles-mêmes », prédit Abdelouahed Kerrar, président de l’Union nationale des opérateurs de la pharmacie (UNOP), dans l’Invité de la rédaction de la Chaîne 3 de la Radio algérienne. Pour ce spécialiste de l’industrie pharmaceutique, « il faut un chef d’orchestre qui définisse les produits qui relèvent de la souveraineté sanitaire », car la pandémie a fait flamber la consommation de certains médicaments. Abdelouahed Kerrar cite plusieurs exemples de produits très demandés à cause de la pandémie et pour lesquels il faut parfois recourir à l’importation. « La consommation de l’enoxaparine [Ndlr Lovenox] a augmenté de 68% entre janvier et juillet 2021, par rapport à la même période en 2020. Pour les antibiotiques, l’augmentation est de 38%, et elle atteint 130% pour le céfixime, qui est un antibiotique connu », ou encore, « la demande de corticoïdes qui augmente de 42%», interpelle le président de l’UNOP. Le spécialiste se félicite que l’Algérie ait
« encouragé à la production pharmaceutique locale ces dix dernières années » et estime
qu’« elle en récolte les fruits maintenant ». « Je n’essaye même pas d’imaginer quelle aurait été la situation si on ne fabriquait pas les produits utilisés contre le Covid », dit-il, avant de préciser : « nous pensons, à l’UNOP qu’aujourd’hui, c’est le temps d’apporter des réponses concrètes à l’urgence, à la douleur et à la souffrance des patients. Viendra ensuite le temps où il faudra faire le bilan et tirer les leçons positives et négatives de cette crise».
Sarah Oubraham