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FILIÈRE HYDROGÈNE EN ALGÉRIE : Un potentiel de 10 milliards USD par an

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L’Algérie a posé les jalons concrets du développement de la filière hydrogène, en présentant une feuille de route pour une stratégie nationale, et en ouvrant des discussions avec les acteurs pour déterminer les capacités, les cadres juridiques et les objectifs à atteindre.

À cet égard, le ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, a déclaré jeudi, lors de l’ouverture de l’atelier de stratégie nationale de développement de l’hydrogène en Algérie, que « ce secteur est l’une des solutions prometteuses dans le domaine de l’énergie à l’échelle mondiale ». Arkab a souligné que « cet atelier- qui vient en application de ce qui a été annoncé en décembre dernier, expliquant que cette étape confirme la forte vision administrative et politique d’adopter cette option ». Le ministre a indiqué dans ce sens que « la stratégie nationale de développement de la filière hydrogène en Algérie est la référence pour tous les acteurs, tant nationaux qu’internationaux, et leur donne une image précise et prospective des procédures et mesures adoptées par l’Algérie dans le domaine du développement du secteur ». Il a souligné qu’il fallait « s’adapter aux tendances mondiales et répondre en même temps à la demande intérieure croissante d’énergie, tout en contribuant au développement social et économique du pays, en trouvant de nouvelles alternatives énergétiques propres et peu coûteuses, et en contribuant à l’effort mondial de protection de l’environnement, dans le cadre de l’engagement de l’Algérie envers la Convention Cadre des Nations unies sur les Changements climatiques et l’Accord de Paris ». Arkab a déclaré que le développement de la filière hydrogène en Algérie est « l’une des priorités du gouvernement dans le cadre du programme de transition énergétique, car il permettrait d’accélérer la transition énergétique dans le pays et de renforcer la sécurité énergétique ». Il a expliqué, en outre, que « l’Algérie a tous les ingrédients pour devenir un leader mondial de la production d’hydrogène, compte tenu des capacités et des avantages compétitifs dans le domaine ».

«Des revenus estimés à 10 milliards de dollars par an »
Dans son allocution, le ministre de l’Énergie a évoqué « l’énorme potentiel de l’énergie solaire et les vastes réseaux intégrés de transport de gaz et d’électricité, et les grandes énergies de filtrage de l’eau de mer, en plus des capacités scientifiques et de l’efficacité des ressources humaines, qui est à la base sur lequel elle cherche à asseoir une transition énergétique rapide », ajoutant à ce titre que « le secteur de l’énergie sera l’un des domaines les plus importants pour la consommation d’hydrogène en Algérie, en plus de la conversion de l’ammoniac et du méthanol ou de la sidérurgie ». Selon Arkab, « l’Algérie ambitionne de devenir un leader régional et international dans la production et la commercialisation de l’hydrogène et de ses dérivés renouvelables et propres. Elle ambitionne de tirer parti de ses capacités techniques et de ses avantages compétitifs pour produire et exporter entre 30 et 40 milliards kilowatts d’hydrogène gazeux, liquéfiés et dérivés et approvisionner le marché européen à hauteur d’environ 10% d’ici 2040 à un prix de vente très compétitif ». Arkab a ainsi précisé que « l’Algérie peut générer des revenus d’environ 10 milliards de dollars par an ».

« Un marché prometteur pour l’Europe »
Lors d’une conférence de presse, tenue hier au siège du ministère de l’Énergie, le directeur de la prospective au ministère de l’Énergie et des Mines, Miloud Medjelled, a déclaré que « l’Algérie est considérée comme un marché prometteur pour l’Europe dans le domaine de l’hydrogène », soulignant que « l’Algérie fera partie des pays qui exportent cette substance vers les pays européens ». Medjelled a indiqué à ce titre que « l’Europe aspire à produire 10 millions de tonnes d’hydrogène et à importer 10 millions de tonnes supplémentaires ». Le même porte-parole a souligné que l’Algérie cherchera à produire 1 million de tonnes d’hydrogène vert d’ici 2040, pour entrer sur le marché mondial et exporter cette importante ressource énergétique. Pour rappel, lors des récentes visites de hauts responsables italiens en Algérie, plusieurs accords ont été signés pour exploiter l’hydrogène et le transporter par un pipeline qui sera établi entre l’Algérie et la Sardaigne.

« Réduire les émissions de gaz à effet de serre et économiser les énergies fossiles »
Pour sa part, la ministre de l’Environnement et des Énergies renouvelables, Faïza Dahlab, a indiqué que « la stratégie nationale de développement de l’hydrogène vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre, en plus d’économiser les énergies fossiles dans le but de les valoriser pour l’exportation et de laisser de la place aux générations futures ». La ministre a estimé que le secteur de l’Environnement et des Ènergies renouvelables « a la responsabilité d’assurer la mise en œuvre des engagements de l’Algérie aux niveaux national et international, en matière de développement durable, de changement climatique et de développement de nouveaux modes de consommation ». Faiza Dahleb a également souligné que l’hydrogène est « une solution prometteuse pour l’économie verte, car il représente une réelle opportunité de développement en Algérie », précisant, dans le même sens, que  « l’hydrogène, surtout vert, est entré dans la course mondiale à la recherche d’alternatives propres, accélérée par les événements géopolitiques récents ». Elle a ajouté que « le développement de l’hydrogène est une alternative transitoire à court et moyen terme, et une alternative durable à long terme, car c’est le moyen d’avenir pour le développement des énergies renouvelables à grande échelle, notamment celles d’une nature intermittente comme l’énergie solaire et éolienne, en plus d’être un carburant propre pour les secteurs lourds et industriels ». Et de conclure que « le défi mondial dans le domaine de l’énergie est directement lié au problème du changement climatique, qui nécessite que le secteur de l’environnement et des énergies renouvelables intensifie le travail avec le secteur de l’énergie et d’autres secteurs ministériels, pour réduire les défis des effets négatifs du changement climatique.

Feuille de route nationale pour le développement
Parmi les objectifs que la feuille de route nationale algérienne pour le développement de l’hydrogène vise à atteindre : diversifier les approvisionnements et accélérer la transition énergétique, en plus de renforcer la sécurité énergétique du pays à moyen et long terme, et de réduire l’empreinte carbone de divers secteurs. Elle vise également à réduire la consommation intérieure d’énergies fossiles, notamment de gaz naturel, et préserver ainsi les ressources énergétiques du pays. Dans ce contexte, la création d’un écosystème approprié et adapté au développement de l’hydrogène renouvelable et propre, y compris l’intégration industrielle, ainsi que la maîtrise technologique et technique de toute la chaîne de valeur de l’hydrogène, en particulier le développement du capital humain, figure entre autres, parmi les priorité nationale du secteur.  Enfin, cette stratégie permettra de mettre en place progressivement une économie nationale de l’hydrogène et de ses dérivés, et la mise en place d’un centre de production et d’exportation d’hydrogène. Dans cet optique, il est utile de souligner que cette stratégie prend en compte deux types d’hydrogène, à savoir l’hydrogène bleu obtenu à partir du processus de conversion du méthane, où le dioxyde de carbone est capturé et stocké ou capturé et utilisé, ainsi que l’hydrogène vert, qui est produit par électrolyse de l’eau à partir d’électricité provenant de sources renouvelables.
Pour atteindre ces objectifs, le développement de la filière hydrogène en Algérie passe par 3 phases, notamment la phase de démarrage et d’apprentissage, la phase d’expansion et la phase d’industrialisation et d’exportation. À cet effet, des partenariats internationaux stratégiques couvrant l’ensemble de la chaîne de valeur de l’hydrogène devraient être conclus et d’importants programmes de formation, de recherche et de développement seront menés pour jeter les bases de la filière industrielle de l’hydrogène, contribuant ainsi aux efforts de lutte contre le changement climatique. Les caractéristiques de la stratégie révèlent que l’Algérie doit obtenir des opportunités de financements et de subventions internationales, afin de concrétiser ces projets, dont les bénéfices seront tangibles sur le plan économique, social et environnemental. Cependant, le développement de l’hydrogène en Algérie dépendra de plusieurs facteurs, notamment le moindre coût de production des énergies renouvelables. Elle dépendra également du développement des technologies et des infrastructures de stockage et de transport, et du développement de marchés de l’hydrogène compétitifs.
Hamid Si Ahmed

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