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Qu’ils aillent au diable

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Par Nourredine Bouteldja

Une action citoyenne vient d’être déclenchée dans la paisible et séculaire ville de Koléa (Tipaza). Des commerçants et citoyens ont observé un sit-in de protestation contre l’insécurité rampante dans leur ville. Cette action vient interpeller, non sans une certaine violence verbale, les autorités locales et, partant, celles du pays, sur un phénomène extrêmement menaçant et dangereux à l’égard duquel on semble manifester un laxisme sidérant. À croire, au vu de l’ampleur toujours ascendante de cette criminalité et sans volonté manifeste et radicale de l’endiguer, voire de l’éradiquer, qu’une telle passivité de la part de la puissance publique est délibérée à quelque niveau. Il suffit pour s’en convaincre de souligner l’aveu souvent réitéré de la police qui aboutit toujours à ce constat imprégné d’impuissance : «Bon nombre de délinquants que nous remettons entre les mains de la Justice se retrouvent le lendemain libres pour nous tenir tête, de nouveau».
Alarmiste ? Pas tant que cela si l’on considère le constat effarant où le citoyen n’a plus le droit ni de sortir, que ce soit en famille ou seul, en véhicule ou transport public ou tout bêtement encore tenir commerce. Le diktat de la vermine est absolu : renoncer au moindre bien convoité, de la voiture au simple téléphone portable, au bijou, ou alors à la vie. Pis, parfois aux deux à la fois. Le pays en entier semble devenu une jungle des plus sauvages. Les exemples foisonnent et sont légion, qui défraient la chronique au quotidien aux quatre coins du territoire, dans les grandes villes, bourgades et chaumières.
La culture de la violence, le sang, les mutilations et les décapitations atroces affichées en grandeur nature, lors de la Décennie rouge, semblent avoir frappé de schizophrénie dangereuse de larges pans de la société, plus particulièrement la frange juvénile. On parle, ici, de propension à faire saigner l’autre comme on saignerait un porc, avec une haine incommensurable en plus. Remember les corps passés à la tronçonneuse ou découpés méticuleusement, membre par membre ! Les psychotropes et la drogue, dont la place publique est généreusement -et souvent impunément- arrosée, aidant, il n’y aurait plus aucune gêne, scrupules et encore moins d’humanisme à commettre le plus abject des crimes qui feraient pâlir de jalousie tous les Jack-l’Éventreur de l’Histoire. D’autant, qu’en retour, il y aurait toujours le coussin d’amortissement de la grâce présidentielle, un avocat du diable féru de prébende et grand expert des méandres corruptives qui y mènent ou encore les chartes universelles sur les droits de l’Homme vigoureusement suivies par quelque «Gendarme du monde» qui, lui, ne se gêne pas d’appliquer la chambre à gaz ou l’injection létale intra-muros pour préserver la quiétude de ses concitoyens !
En vérité, lÉtat est tenu, à présent que le terrorisme est annihilé, de passer aux grands remèdes, en face de tels grands maux, et d’emprunter les voies coercitives les plus radicales. Et plutôt à s’échiner à construire des pénitenciers, aux chambres plus spacieuses -teintées rose, pourquoi pas?- tout juste bons à servir d’espace de recyclage dans le crime, ne vaudrait-il pas mieux commencer d’abord à assainir foncièrement l’appareil judiciaire, supprimer la grâce présidentielle dans les cas judicaires, dont la gravité est avérée, et enfin débarquer les cas les plus retors vers des camps du Sud, dans l’optique d’une juste pénitence et d’une réinsertion fiable par le travail dans le cadre de projets d’utilité publique ? Le propos peut apparaître implacable mais l’État est aujourd’hui confronté à l’impératif de répondre à l’appel d’une société en danger !
N. B.

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