La perspective d’une campagne de vaccination de masse contre la Covid-19 laisse sceptique les spécialistes qui estiment que notre système sanitaire, qui a montré des lacunes, notamment sur le plan organisation, ne sera pas en mesure de mener à bien cette mission.
Actuellement, les structures sanitaires de base, qui ont pour mission d’assurer un suivi de la santé des citoyens, notamment dans les zones d’ombre, ont peiné avant de trouver leurs marques dans la gestion de la pandémie, confiée à des cellules de crise de wilaya et aux hôpitaux. Les dispensaires, qui auraient pu jouer le rôle de première ligne dans la guerre contre la pandémie, n’ont même pas pu assurer la réalisation des tests PCR et autres. Actuellement leur organisation n’est pas efficiente et des réaménagements s’imposent pour leur permettre de réaliser une campagne de vaccination de masse. L’urgence aujourd’hui est de procéder par une première démonstration d’efficience à travers la vaccination pour la grippe saisonnière. Le ministère de la Santé, qui a annoncé l’ouverture de cette campagne cyclique, préconisée pour les personnes du troisième àge et souffrant de maladies chroniques, a vu son appel contrarié par l’indisponibilité de doses suffisantes pour mener à bien cette opération. Pourtant, force est de reconnaître que cette vaccination saisonnière devrait être un des moyens à mettre en œuvre dans la lutte contre la pandémie.
Actuellement, plusieurs personnes souffrant de grippe saisonnière sous sa forme aigüe, suspectant une contamination par le coronavirus, se ruent vers les hôpitaux. Cela crée une tension au niveau de ces structures qui sont obligées de procéder à un premier diagnostic. Si la vaccination contre la grippe saisonnière aurait été menée dans de bonnes conditions, cela aurait pu éviter au personnel soignant, sur la brèche au niveau des services hospitaliers anti-Covid-19, de la perte de temps et des efforts pour des diagnostics. La vaccination contre la grippe saisonnière fait donc partie des moyens à mettre en œuvre pour lutter contre la maladie. Concernant la future vaccination contre le coronavirus, l’urgence est d’assurer la disponibilité du produit. L’Algérie est en négociation pour l’acquisition de millions de doses du produit.
Actuellement la guerre fait rage entre les laboratoires, les distributeurs et les intermédiaires. C’est une guerre où tous les coups sont permis. Pour réussir cette campagne, il parait urgent de procéder à un choix préalable de la population ciblée, pour mettre, notamment les personnes vulnérables, à l’abri d’une contamination. Par la suite il s’agira de revoir la réorganisation des secteurs sanitaires de bases qui seront la première ligne dans cette opération. Actuellement, pour la vaccination de la grippe saisonnière, des personnes du troisième âge sont obligées de s’inscrire et d’attendre une convocation du dispensaire pour recevoir leur dose. « Pourtant, cela fait quatre ans que je viens dans ce dispensaire pour me faire vacciner contre la grippe saisonnière. En principe, l’administration aurait dû s’appuyer sur les archives pour ne convoquer que les personnes connues à risque depuis des années », dira un citoyen, septuagénaire souffrant de diabète. Durant les années soixante-dix, une épidémie de choléra avait sévi en Afrique et dans la région du Maghreb. Les pouvoirs publics en Algérie avaient organisé une campagne de vaccination de masse de la population. Et malgré des moyens modestes à cette époque, l’opération avait été une réussite. « Je me rappelle, des équipes médicales étaient mobilisées dans les dispensaires et dans les places publiques.
À la Place des Martyrs, il y avait des personnels soignants sillonnant les arrêts de bus pour inviter ceux qui n’étaient pas vaccinés à se rapprocher d’un camion aménagé pour recevoir leur dose. C’est la conduite qu’il faudra peut-être adopter pour vacciner le plus grand nombre de citoyens », dira notre interlocuteur.
Slimane Ben