La contestation est devenue à la mode, en Algérie. Le recours à toutes les méthodes est permis pour exprimer un mécontentement. Fermeture d’axes routiers, occupation des édifices publics, et refus de s’acquitter des factures de l’eau et de l’électricité et du gaz.
Ce sont, là, les actions auxquelles font souvent recours les citoyens pour exprimer leurs mécontentements. Ces derniers temps, c’est presque devenu à la mode la fermeture des axes routiers. Le recours à une telle action s’est accentué depuis l’entame des opérations de relogement à Alger. Hier, ce sont les habitants de Oued-Ouchayah qui ont fermé le tunnel menant sur l’autoroute de Ben-Aknoun. Plusieurs automobilistes ont été pris en otage, des heures durant. Les manifestants réclament des logements sociaux. Ils veulent être relogés au même titre que les habitants des autres quartiers ayant bénéficié des logements sociaux, dans le cadre des opérations d’éradication des bidonvilles et de l’habitat précaire, à Alger. «C’est simple, pour bénéficier d’un logement social, il faut couper la route», dit Mohamed, un quinquagénaire, rencontré sur les lieux de la manifestation. Moussa, la trentaine, partage l’avis de son voisin de quartier, Mohamed.
Pour eux, tous les moyens sont permis pour faire entendre leurs doléances. Ils ne se soucient guère du désagrément causé aux automobilistes. Des familles se sont retrouvées bloquées au niveau du tunnel de Oued-Ouchayah pendant des heures. Un père de famille, visiblement agacé par cette situation, s’interroge sur la non-intervention des force de l’ordre pour libérer la circulation. «Chacun est libre d’exprimer un mécontentement, mais que cela ne doit pas se faire au détriment des autres citoyens», regrette Djamel, un automobiliste se trouvant bloqué, juste à l’entrée du tunnel de Oued- Ouchayah. En pareille situation, l’État doit sévir pour condamner tout recours à ce genre d’action. On se souvient des patrons des bus de transports de voyageurs de la wilaya de Tizi Ouzou ayant bloqué l’autoroute Tizi-Alger, pendant des jours, pénalisant, ainsi, les usagers de cet axe autoroutier et sans que l’État n’intervienne pour mettre fin à une telle situation. Un groupe de citoyens, pour un oui ou pour un non, bloque la route.
Le blocage, hier, du tunnel de Oued-Ouchayah, par quelques dizaines de citoyens, réclamant le logement social, interpelle à plus d’un titre les pouvoirs publics qui doivent agir pour mettre fin à ce genre de comportements. «Pénaliser un autre citoyen pour exprimer un mécontentement, ou bien réclamer un droit est inconcevable», a regretté un autre automobiliste, otage des émeutes de Oued-Ouchayah.
Hacène Naït Amara