Par Ali El Hadj Tahar
Cuba, Iran, Corée du Nord, trois exemples de réussite dans certains domaines malgré l’embargo étasunien. Même la Corée du Nord peut, de manière sérieuse et documentée, être considérée comme ayant réalisé un miracle en matière technologique ou économique, mais aussi de santé, avec des avancées immenses depuis 1950, année de l’entrée en vigueur de l’embargo américain. Ce pays, dont le seul point faible est l’agriculture à cause d’un manque de terres cultivables (deux millions d’hectares) a une espérance de vie et d’un taux de mortalité infantile comparable aux pays développés, et sa croissance économique annuelle est comprise entre 1 % et 4 % depuis 2000, selon le ministère de l’Unification sud-coréen, avec un pic de 6,2 % en 1999 ; voire de 10% en 2004, selon des sources universitaires sud-coréennes et du département d’État américain qui estimait le PIB par habitant de ce pays à 1700 dollars US en 2004. Les modèles iranien et cubain sont différents et si La Havane a opté pour l’excellence en matière de santé, Téhéran a choisi les industries militaires, vu les menaces qui pèsent sur lui, domaine où il assure désormais largement son autosuffisance, en dépit d’un embargo impitoyable et de longue durée. Évidemment, les sanctions américaines sont un frein pour le développement de ces trois pays, en plus d’avoir sur leurs peuples un coût humain et social immense. Mais il n’en demeure pas moins que ces restrictions n’ont pas empêché ces pays d’innover, de développer certains secteurs de manière prodigieuse, et de trouver des solutions à nombre de problèmes, dans lesquels des nations plus avantagées se débattent de manière dramatique parfois. L’humanité entière est en train de vivre une sorte d’embargo auto-imposé. Apparemment, l’Algérie commence à en tirer quelques bénéfices. En effet, la pandémie actuelle commence à susciter des initiatives qui augurent d’un changement positif chez les cadres, les universitaires et les créateurs de toutes sortes. Ceci pour ne prendre que les domaines liés à la santé puisque, plusieurs laboratoires universitaires se sont mis de la partie. À El-Oued, l’université a commencé à produire du gel hydro-alcoolique avec de l’alcool dérivé du sucre de dattes et la glycérine dérivée de la graisse animale. L’université de Aïn Temouchent, en collaboration avec le CDTA (Centre de Développement et des Technologies Avancées), un forum de jeunes, ont conçu le premier prototype d’un respirateur artificiel pour les soins intensifs et dont les premiers spécimens seront distribués gratuitement aux hôpitaux. L’université d’Ouargla a amménagé son laboratoire pour la fabrication du sérum anti-scorpionique et le dépistage du virus Covid-19. L’université de Biskra fabrique, elle aussi, du gel hydro-alcoolique et enregistre d’autres projets, alors que l’équipe médicale de l’hôpital universitaire de Tizi-Ouzou a réussi à mettre en place un système de téléconsultation par visioconférence pour le dépistage du nouveau coronavirus, initiative saluée par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune. Il est indéniable que des milliers d’initiatives vont jaillir dans tous les coins du pays, pas uniquement dans les universités, comme c’est aussi le cas du tunnel de désinfection intelligent auquel le quotidien Sputnik consacre même un article. Par ailleurs, l’Entreprise nationale de l’industrie électronique (ENIE) vient de se lancer dans la fabrication d’insufflateurs artificiels et de respirateurs automatiques, tandis que d’autres sociétés comme COSIDER, GERHYD, SERPORT, LOGITRANS, A.C.S et MADAR, ainsi que les entreprises Tonic Industrie, ENAD SHYMECA, ENIE Sidi Bel-Abbès et SOCOTHYD ont, elles aussi, leurs projets liés directement ou indirectement au secteur de la Santé. Des perspectives immenses s’ouvrent au pays d’autant que les autorités veulent mettre en valeur et les compétences nationales et le produit national du pays qui doit également faire appel à l’immense potentiel de sa diaspora à l’étranger, composée, elle aussi, de sommités qui s’impatientent d’être utiles à leur pays.
A. E. T.