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Depuis Alger, Martin Kobler appelle au respect du processus de paix en Libye : «Ne pas presser le gouvernement libyen»

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Le représentant spécial de l’ONU pour la Libye, Martin Kobler, a été depuis samedi dernier l’hôte de l’Algérie. Intervenant, hier, en conférence de presse, tenue au siège du MAE, en présence du ministre chargé des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue des États arabes, Abdelkader Messahel, les deux diplomates ont fait le point autour de la situation en Libye.

S’il est vrai que l’accord de paix du 17 décembre 2015, signé par les différentes parties en conflit sous les auspices de la communauté internationale, constitue un nouveau tournant dans le développement de la situation dans ce pays, en proie à une grave crise politico-sécuritaire depuis 2011, il n’en demeure pas moins qu’il reste encore du chemin à faire. Ceci, dès lors que le processus de paix en cours est confronté à plusieurs défis qu’il faudra relever, comme suggestions faites par Kobler. Un accord de paix qui représente le fruit d’un travail diplomatique intense où le rôle actif de l’Algérie a été déterminant, et autour duquel un consensus a été dégagé pour un règlement politique et pacifique de cette crise. D’ailleurs, l’accord a donné lieu à l’installation, le 30 mars dernier, du gouvernement d’union nationale (GNA), et lequel a élu siège dans la capitale, Tripoli, en juillet dernier. Depuis Alger, Martin Kobler a rappelé le programme assigné à sa mission et a décliné ses propositions au gouvernement libyen surtout, avant d’attirer l’attention de la communauté internationale et les intervenants dans le conflit, sur l’importance de poursuivre l’agenda tracé sous l’égide des Nations unies. Il s’agit de quatre volets sur lesquels faudra-t-il mettre l’accent, ainsi que des défis à relever pour la mise en œuvre de la feuille de route se rapportant au processus de paix. «Huit mois après la signature de l’accord de paix, où en sommes-nous? Le premier pilier est politique, le deuxième est sécuritaire, le troisième est lié à la réconciliation nationale et enfin le volet économique», fait savoir, d’emblée, le missionnaire de Ban Ki-moon, qui se réclame une approche «pragmatique» dans le cadre de sa mission de paix. Sur le plan politique, Kobler a rappelé l’importance capitale de «restituer l’autorité de l’État» après le chaos ayant suivi la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. Il a cité l’exemple de la mise en place des institutions politiques tels que le Haut conseil d’État, le Conseil présidentiel ainsi que le GNA, dans le passé récent. Un vide institutionnel qui a laissé place à un climat d’insécurité qui a profité aux groupes armés, dont la sinistre organisation État islamique, communément appelée Daech. «Nous avons négligé la situation sécuritaire, entre fin 2015 et début 2016, puisque la priorité était portée sur le volet politique», comme pour expliquer les raisons de la grave dégradation sécuritaire en Libye, dont la ville de Syrte en est le fief des éléments terroristes, ajouté au foisonnement des armes de guerre (26 millions d’unités) sur le territoire du pays. Allusion aux interventions militaires auxquels s’opposent aussi bien la communauté internationale que les intervenants dont l’Algérie en a toujours appelé à la solution politique, donc, Kobler a précisé que la sécurité est l’apanage des parties internes aux pays. «La solution est libyenne. Ce sont les Libyens qui décident», a-t-il indiqué, quand bien même le pays ne dispose pas d’une Armée, a-t-il précisé. Le troisième défi reste l’impératif de procéder à la réconciliation nationale, pour que toutes les parties doivent privilégier le dialogue. Or, pour le missionnaire onusien, à l’heure actuelle, une sorte de méfiance règne parmi les acteurs libyens, pour n’en citer que les parties de l’ouest du pays qui s’y opposent à cette démarche jugée «imposée de l’extérieur». D’où l’impératif d’aller vers «la réconciliation nationale entre les acteurs de la crise», a recommandé Kobler, qui a rappelé les appels de cœurs lancés par les citoyens libyens qui réclament la cessation des enlèvements, des exactions, des crimes etc. Ceci, dans la mesure où, aussi, que «le citoyen est au milieu de notre programme. La question ne doit pas seulement concerner les élites (acteurs du conflit, ndlr). Mais aussi les six (6) millions de Libyens», a fait remarquer l’orateur, sachant que la mission de l’ONU s’intéresse de près aux conditions humaines qui prévalent au lendemain de la chute du régime de Kadhafi. En effet, le drame humanitaire a fait que des milliers de déplacés internes sont enregistrés à l’est de la Libye (375 000), en plus de la crise migratoire, où l’ouest de la Libye constitue une zone de transit pour les migrants, issus de l’est de l’Afrique, et qui se dirigent vers l’Italie. Quelques 100 000 personnes parmi lesquelles 3000 sont noyées dans la méditerranée y sont notamment recensées, apprend le même responsable. Un état de fait qui nécessite plus d’efforts dans les soutiens humanitaires, qui doivent tout aussi concerner les milliers d’enfants privés d’une prise en charge scolaire. Abordant le quatrième volet portant sur l’économie libyenne, Kobler a fait état d’un déficit budgétaire de 70%, en raison de la baisse de la production pétrolière, réduite à 150 mille barils/jour, voire moins, alors qu’elle était de 1,6 million avant la crise. Ceci, au moment où 83% des dépenses salariales et les subventions sont prélevées sur le budget de l’État, comme constat fait par le délégué onusien. Pour pallier à cette situation, Kobler a annoncé la tenue de rencontre avec les autorités libyennes, entre autres le GNA, la Banque centrale et la Compagnie pétrolière de la Libye. Enfin, le même responsable a recommandé de ne pas «surcharger l’agenda du gouvernement libyen» et de procéder plutôt «d’aller étape par étape» pour respecter le processus de paix dans ce pays.

Le rôle de l’Algérie, aussi capital soit-il, reste «discret», selon Messahel
Pour sa part, Abdelkader Messahel, a précisé encore une fois que le «dialogue et la solution politique sont les seules pistes à privilégier à même d’amener la paix et la stabilité en Libye». Même s’il a réitéré le soutien de l’Algérie aux institutions libyennes, il a néanmoins souligné que «la priorité c’est que le gouvernement libyen doit jouer son rôle». Encore une fois, Messahel a mis en garde contre toute intervention étrangère, et laquelle aventure, «on peut connaître le début mais jamais la fin», a-t-il fait remarqué. Pour Messahel qui a reçu les salutations de Kobler au sujet du rôle capital joué par la diplomatie algérienne, la médiation de l’Algérie se veut surtout «être discrète».
Farid Guellil

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