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Dans un quartier de Mossoul : L’EI a été chassé mais le danger est toujours là

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«Juste laissez-moi l’embrasser», s’écrie le père de Chafiq, 15 ans, tué dimanche dans une double attaque au mortier sur un quartier de l’est du fief jihadiste de Mossoul, repris par les forces irakiennes au groupe Etat islamique (EI).

Après un après-midi relativement calme, une explosion assourdissante secoue le quartier d’al-Samah. Quelques minutes plus tard, un Humvee couvert de poussière se rue en direction d’une clinique de fortune en plein air à la périphérie du quartier, avec six hommes perchés sur le capot. Ces derniers, aidés par des soldats irakiens, portent deux garçons, l’un au corps inanimé et l’autre criant, sur des brancards vert olive.
«Sauvez-moi, sauvez-moi», crie Mohammad, 12 ans, les jambes ensanglantées. Chafiq et son voisin Mohammad se trouvaient devant la vitrine d’un magasin récemment rouvert près de leur maison quand les tirs les ont visés. «Nous étions debout dehors comme là maintenant», explique à l’AFP Ghassan, leur voisin. «Les tirs se sont abattus l’un après l’autre. Mohammad et Chafiq sont les premiers à être tombés», raconte-t-il, en s’essuyant les mains pleins de sang sur son pantalon.
Les garçons ont rapidement été emmenés vers une structure médicale, mais Chafiq est mort durant le trajet.
Son grand-père pleure, la tête entre les mains, alors que des voisins et des proches tentent de le réconforter.

«Ne ferme pas les yeux»
Dans le chaos, des médecins essaient désespéramment de sauver Mohammad. Sa jambe droite, tordue par l’explosion, porte une blessure profonde au-dessus du genou. «C’est ma jambe?», demande le garçon à bout de force. Un homme lui appliquant un bandage au bras tente de le réconforter et lui demande de rester éveillé. «N’aie pas peur, et ne ferme pas les yeux», dit-il doucement.
Une femme en robe noire et voile blanc essaie de s’approcher du brancard mais elle est arrêtée par plusieurs jeunes hommes. «Mohammad est là? Qu’est-il arrivé?», crie-t-elle. Après avoir tenté de stopper l’hémorragie, des médecins portent le garçon dans une ambulance pour le conduire vers un hôpital.
Cette attaque sonne comme un cruel rappel aux habitants des quartiers de Mossoul libérés de l’EI –et qui essayaient dimanche de reprendre un semblant de vie normale– que le danger n’est pas encore écarté.

«Normalité» relative
A Arbajiyah, un quartier également repris aux jihadistes par les forces d’élite du contre-terrorisme (CTS), des enfants frêles se dirigent vers une petite épicerie à la recherche de pain et de thé. «Quand Daech était là, nous étions ouvert mais ils (les jihadistes) nous forçaient à fermer aux heures de prière», affirme Abou Saïd, le vendeur. L’épicerie a dû rester fermée plusieurs jours récemment, au plus fort des combats.
«Puis nous avons été libérés, la vie est revenue à la normale et nous avons rouvert», poursuit cet homme de 43 ans, à la moustache épaisse.
Mais la «normalité» reste toute relative, Abou Saïd n’ouvre son épicerie que quelques minutes à la suite, et ses clients sont surtout des soldats, armés de lourdes armes à feu suspendues à leurs épaules. Les habitants d’al-Samah eux tentant progressivement de reprendre leurs activités quotidiennes.
Certains tendaient leur linge, d’autres balayaient devant chez eux. Quelques mètres plus loin, un corps calciné, qui serait celui d’un combattant de l’EI, gît sur le sol en pleine rue.

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