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CUEILLETTE DES FRAISES A HUELVA EN ESPAGNE : Saisonnières marocaines, ces victimes de persécutions et d’abus

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La dignité des sujets de sa majesté est-elle à ce point ignorée au point où des ouvrières marocaines sont livrées, poings et pieds liés, à des individus sans foi ni loi qui les exploitent dans les domaines pour la cueillette de fraises et des fruits rouges ?

C’est la question que se posent de nombreux Marocains qui ont appris avec effroi le calvaire vécu par des ouvrières, envoyées en Espagne dans le cadre du programme d’émigration conclu en 2007,  entre les gouvernements des deux pays pour l’envoi d’une main d’œuvre saisonnière marocaine et à des coûts bas pour travailler dans les exploitations agricoles spécialisées dans la production de fraises. Pour cette année, le programme prévoit l’envoi, en trois vagues, entre janvier et mars, de 15 000 ouvrières dans la région d’Andalousie, précisément à Huelva où sont concentrées les cultures de fraise et de fruits rouges.  Ce programme, qui vise à résorber une partie endémique qui touche le milieu rural au Maroc, cache en réalité une véritable industrie d’exploitation d’êtres humains, d’exploitation de femmes dans les réseaux de prostitution et de différents trafics. Le phénomène ne date pas d’aujourd’hui et remonte à l’année 2018 quand une douzaine  d’ouvrières agricoles marocaines avaient porté plainte en mai et juin pour des faits de harcèlement au travail et sexuel pendant la cueillette des fraises en Andalousie. L’affaire qui avait éclaté à cette époque avait  permis de mettre de la lumière sur les conditions de travail déplorables de 16 000 femmes venues spécialement du Maroc. Quelques jours plus tard, le 17 juin, un millier de femmes avait manifesté  à Huelva (Andalousie), contre le mauvais traitement des ouvrières marocaines embauchées pour la cueillette de fraises en Espagne. Cette affaire avait fait réagir les médias et les activistes du pays, premier producteur de fraises d’Europe.
Le site ‘’El Periódico’ avait même lancé une campagne avec le hashtag : « Si tu es féministe, n’achète pas de fraises ». Dans un article intitulé « Les féministes blanches mangent des fraises », une journaliste de Eldiario.es déplore encore qu' »après #MeToo et #Cuéntalo, les féministes ne peuvent pas se taire et continuer de manger des fraises comme si de rien n’était ». « Il faut dénoncer les violences structurelles, racistes, machistes et classistes dont souffrent les femmes marocaines depuis des décennies dans les champs du sud de l’Espagne », a-t-elle indiqué.

« Sales (…), nous allons vous renvoyer au Maroc »
Curieusement, ces campagnes de dénonciation, menées outre-mer, n’ont pas fait réagir les responsables marocains qui n’ont pas dénoncé l’accord d’émigration conclu avec l’Espagne en 2007 ou encore exiger le respect des droits de ces ouvrières, issues en majorité du milieu rural.
L’affaire a même pris une ampleur européenne en avril après la publication d’une enquête par le site allemand Correctiv. Une ouvrière marocaine  y témoigne des abus sexuels qu’elle dit avoir subi de la part de son superviseur pendant les cueillettes en 2017. Une autre assure que son patron était « cruel et sans cœur ». Pour se défendre, des activistes marocains et espagnols appellent les travailleuses à « ne pas se taire ». Elles prennent le conseil au pied de la lettre, et les premières plaintes pour abus sexuels sont rapportées par El País. La machine médiatique est lancée. L’avocate et activiste Pastori Filigrana signe une tribune dans ce même journal, le 8 juin 2017. On y apprend que ces femmes travailleraient dix heures par jour, sans pouvoir boire de l’eau ni prendre de vraies pauses déjeuner. On les insulterait aussi – « Sales (…), nous allons vous renvoyer au Maroc, (…). Dans votre pays vous mourez de faim », relaie le quotidien espagnol. Huit Marocaines et quatre Espagnoles, qui récoltaient les fruits dans trois domaines agricoles différents, ont dénoncé des situations de harcèlement au travail et sexuel, ainsi que des viols ou tentatives de viol, rapporte le parquet provincial. Belen Lujan, une des avocates des victimes, croit savoir que des dizaines d’autres femmes « ont trop peur » pour porter plainte, ou sont déjà retournées au Maroc.

Agées entre 18 et 45 ans et issues du milieu rural
Ce qui étonne et renseigne sur la complicité des réseaux du Makhzen qui ont fait de cet accord le moyen de s’enrichir est le silence des différents gouvernements de sa majesté. Parmi les conditions fixées à ces femmes, le plus souvent sans qualification est d’être une femme de 18 à 45 ans, issue du milieu rural », en bonne santé et « avoir des enfants de moins de 14 ans », précise l’Afp dans une de ses dépêches, qui a pu avoir accès à un document en arabe de l’établissement public marocain en charge de l’emploi, Anapec. Le dernier critère viserait, toujours selon la même source, à s’assurer que les ouvrières retournent au pays après la récolte. À ce stade, plusieurs responsables ou chefs d’équipe ont déjà été mis en examen pour « abus sexuels », a indiqué le parquet sans préciser leur nombre.  Mais côté marocain, on continue de se soumettre aux conditions de l’accord conclu en 2007 et qui n’accorde aucun droit aux travailleuses saisonnières qui continuent d’être la proie à des réseaux maffieux qui ont leurs ramifications même au Maroc.
Ce triste épisode, nous remet en mémoire le calvaire vécu entre 2005 et 2007 par des dizaines de femmes marocaines abusées par un pervers belge, Philippe Serfaty, qui se présentait sous l’étiquette d’un journaliste pour faire de la ville d’Agadir son terrain de chasse. Saisi par des plaignantes, le parquet au lieu de lancer un mandat d’arrêt international contre le mis en cause, a mis en prison les plaignantes et trainé, dans la boue, leurs familles dans l’un des plus grands scandales qui ont secoué le Maroc et connu sous le nom de « Bnat CD ».
Slimane B.

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