L’approbation d’un vaccin anti-Covid est attendue dans les tout prochains jours aux Etats-Unis, tandis que les laboratoires français Sanofi et britannique GSK ont annoncé vendredi que le leur ne serait prêt que fin 2021, prennant du retard dans la course aux vaccins.
Aux Etats-Unis, un comité d’experts indépendants a recommandé à l’Agence américaine des médicaments (FDA) d’autoriser un premier vaccin contre le Covid-19, développé par le duo Pfizer/BioNTech. Le feu vert de l’agence devrait suivre et la vaccination commencer la semaine prochaine. Le Royaume-Uni, le Canada, Bahreïn et l’Arabie saoudite ont eux déjà autorisé sa mise sur le marché. L’issue de cet examen public des données aux Etats-Unis ne laisse guère de doute, a fortiori après la validation jeudi des résultats d’efficacité et de sécurité du remède dans la revue médicale américaine la plus cotée, le New England Journal of Medicine. Le président élu Joe Biden a qualifié la décision des experts de la FDA de «lumière brillant dans une période inutilement sombre.» Une fois le vaccin approuvé aux Etats-Unis, restera à le distribuer – une tâche coordonnée par le gouvernement fédéral et confiée au secteur privé. Joe Biden a souligné que cette distribution serait un défi. Les Etats-Unis, pays le plus touché au monde, viennent d’enregistrer près de 6.000 décès dus au virus en 48 heures, et leur bilan global approche des 300.000 morts. Parallèlement à ces avancées aux Etats-Unis, Sanofi et GSK ont, eux, essuyé un revers: ils ont annoncé vendredi que leur vaccin anti-Covid ne serait prêt que fin 2021, après des résultats moins bons qu’attendu dans les premiers essais cliniques. La conduite du programme «est retardée afin d’améliorer la réponse immunitaire chez les personnes âgées», indiquent les groupes. Ils tablent désormais sur une mise à disposition du vaccin au quatrième trimestre l’an prochain, alors qu’ils visaient initialement une demande d’homologation au premier semestre de 2021. Sanofi, qui développe ce vaccin conjointement avec GSK – qui lui fournit son adjuvant -, comptait récemment encore démarrer fin décembre la toute dernière phase d’essais sur l’homme avant l’homologation des autorités. «Il n’est pas question d’abandonner» malgré le retard annoncé, a cependant affirmé à l’AFP le vice-président exécutif de Sanofi Pasteur, la branche vaccins de Sanofi, Thomas Triomphe. «Nous avons une mission de santé publique».
Couvre-feu au Réveillon
En France, soumise à un confinement depuis le 30 octobre, le Premier ministre Jean Castex a annoncé jeudi soir un déconfinement prudent pour le 15 décembre, remplacé par un couvre-feu qui s’appliquera même le 31 décembre. Les attestations de déplacement sont supprimées, mais la réouverture des musées, cinémas et théâtres est repoussée de trois semaines, «le télétravail restera la règle» et un couvre-feu sera appliqué à partir de 20H00 tous les jours, à l’exception de la soirée de Noël. Le 31 décembre, qui «concentre tous les ingrédients d’un rebond épidémique», sera également soumis au couvre-feu. Le président Emmanuel Macron avait défini un seuil de 5.000 nouveaux cas par jour pour pouvoir déconfiner. Or l’objectif semble s’éloigner: 13.750 cas positifs ont encore été enregistrés en France jeudi. L’inquiétude est également forte dans plusieurs pays voisins. En Allemagne, la hausse du nombre d’infections au Covid-19 est «préoccupante» et «a même empiré depuis la semaine dernière», a estimé jeudi l’Institut de veille sanitaire Robert-Koch, pour lequel de nouvelles restrictions doivent «être considérées». Le pays a enregistré jeudi 23.679 nouveaux cas de coronavirus – un record – et 440 décès. La veille, le nombre de morts en une seule journée avait atteint un record, à 590. L’Allemagne, présentée comme le «bon élève» de l’Europe durant la première vague au printemps, a enregistré depuis l’apparition du virus 1,2 million d’infections et plus de 20.000 morts.
Surmortalité en Russie
Au Royaume-Uni, pays le plus endeuillé d’Europe (plus de 63.000 morts), le ministre de la Santé Matt Hancock, «particulièrement préoccupé» par une flambée de cas à Londres et dans le Sud-Est, a annoncé une campagne de dépistage chez les jeunes des zones les plus touchées. Le gouvernement tchèque a prorogé jusqu’au 23 décembre l’état d’urgence devant le rebond du nombre de contaminations, demandant depuis mercredi aux restaurants de fermer à 20H00. Dans le domaine économique, la Banque centrale européenne a renforcé jeudi son imposant dispositif de soutien à l’économie de la zone euro, toujours minée par la pandémie en attendant les vaccins. Parallèlement, les dirigeants de l’UE, réunis en sommet, sont parvenus à un compromis permettant de débloquer le plan de relance européen post-Covid de 750 milliards d’euros. En Russie, critiquée pour sa méthodologie de calcul des morts du coronavirus, l’agence des statistiques Rosstat a enregistré en octobre près de 50 000 décès supplémentaires par rapport à octobre 2019 – un total beaucoup plus élevé que le nombre de morts déclarés du coronavirus. 205.500 personnes sont décédées en octobre, faisant de ce mois le plus meurtrier en Russie depuis plus de 10 ans. Dans le monde, la pandémie a fait au moins 1 570.398 morts et contaminé plus de 68,8 millions de personnes depuis fin décembre 2019, selon un bilan établi par l’AFP jeudi.