Par Ali El Hadj Tahar
L’Organisation mondiale de la santé a qualifié, mercredi, l’épidémie du Covid-19, qui a contaminé plus de 110 000 personnes dans 116 pays et territoires, de « pandémie», mais a assuré que le coronavirus pouvait « être maîtrisé».
Depuis fin décembre, l’épidémie a contaminé des milliers de Chinois et contraint Pékin à décréter la mise sous quarantaine de toute la province de Hubei, ainsi que d’autres mesures très sévères qui ont réussi à inverser la courbe de propagation d’ascendante à descendante. Dimanche passé, le pays n’a vu que 47 nouveaux cas apparaître après un pic extraordinaire à 15 133 cas le 13 février dernier. C’est en Europe que l’épidémie fait des ravages, et notamment en Italie. C’est pour cette raison que le président Donald Trump a décidé de fermer les frontières aux Européens bien que les États-Unis aient franchi la barre des 1300 cas d’infection et enregistré 38 décès. Le virus, qui a déjà fait plus de 4 000 morts dans le monde, n’est pas invincible puisque plusieurs pays ont démontré qu’il peut être supprimé ou maîtrisé, comme l’a souligné le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
C’est dans ce sens que vont les mesures du président Tebboune, en ordonnant la fermeture des écoles des trois cycles d’enseignement, ainsi que des Universités et établissements de la formation professionnelle et ce, jusqu’au 5 avril prochain. Pour éviter la propagation de la pandémie, il a également été décidé la fermeture des Universités et Instituts de l’enseignement supérieur, à l’exception des facultés où se déroulent encore les examens de rattrapage. Les établissements de formation relevant du secteur de la Formation et de l’Enseignement professionnels, ainsi que les écoles coraniques, les zaouias, les classes d’alphabétisation et tous les établissements éducatifs privés et les jardins d’enfants sont concernés. En France, le Président Macron a décidé de fermer les écoles, crèches et universités au moins jusqu’aux vacances de printemps, prévue en avril. Ces décisions sont-elles suffisantes ? Évidemment, en Algérie, la fermeture des établissements de l’éducation et de la formation fait partie d’une batterie de mesures prises par d’autres ministères. Celui de la Jeunesse et des Sports a décidé d’instaurer le huis clos pour les manifestations sportives jusqu’au 31 mars. Plusieurs manifestations culturelles, économiques et commerciales ont été différées. Au stade 2 de la lutte contre l’épidémie, l’Algérie semble vouloir prendre le taureau par les cornes et c’est salutaire. Or, faute de mesures rapides, la situation a dérapé en Italie où la barre de 1 000 morts a été franchie. Les mesures contraignantes n’ont été prises que la semaine passée, alors que les Chinois ont commencé les phases 2 et 3 très tôt. En Italie, des centaines de médecins sont contaminés, ce qui oblige de passer par l’hôpital et réduit le système de lutte.
La protection des citoyens est au-dessus de tout, semble dire le Président Trump en fermant la frontière aux Européens. Or l’Algérie se contente seulement de conseiller « aux citoyens algériens devant se rendre dans les pays où l’épidémie est active, de différer leur voyage, et aux ressortissants algériens établis dans les pays où l’épidémie est active d’ajourner également leur visite familiale sauf en cas de nécessité absolue ». Les étrangers ne sont pas concernés par la mesure ! L’entrée d’un seul contaminé sur le territoire national peut enclencher un processus catastrophique pour lequel nous n’avons même pas les moyens de l’Italie. Lorsque les mesures fortes s’imposent, il ne faut pas se contenter de demi-mesures. La Belgique, qui enregistré 160 cas d’infection, vient de fermer les restaurants. Or en Algérie, c’est dans les lieux publics que prolifèrent les maux. On attend toujours une campagne choc d’’éducation du citoyen à l’hygiène, au civisme et à mettre fin à la promiscuité. Vaut mieux prévenir que guérir.
A. E. T.
