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Congrès du FLN : l’opposition ne lâche pas prise

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Si la question de la tenue du 10e congrès controversé du FLN, prévu du 28 au 30 mai prochain, est tranchée, les tensions et les remous prévalant au sein du parti entre différents belligérants restent de mise. Et pour cause, les responsables de la coordination des redresseurs drivée par Abderahmane Belayat, membre du comité central et ex-ministre, ne comptent pas baisser les bras, et s’attellent à l’organisation d’actions de protestation en s’appuyant sur une base militante, ayant déjà exprimé selon l’opposition, son désaccord avec la direction du FLN, à sa tête Amar Sâadani. En effet, au rythme de ces développements, force et de constater que le même état d’esprit et la même détermination politique animent l’opposition. En conséquence, il est peu probable de croire à un congrès souhaité «réunificateur» selon ce qui a été souhaité par Sâadani. Ce dernier, se sachant très contesté par ses adversaires, a dores et déjà lancé un appel à l’adresse de toutes les parties en conflit, celles notamment activant, selon lui, «en dehors des instances du parti à venir participer au congrès et exprimer leurs positions clairement», même si elles seraient contraires aux siennes. L’opposition ne l’entend pas de cette oreille. C’est du moins ce qui ressort des propos de A. Belayat, joint hier, par téléphone, afin qu’il nous donne son avis au sujet de la tenue du congrès, annoncé pour rappel, le 29 avril dernier, par Sâadani. «De prime abord, je tiens à réitérer qu’il n’est pas secrétaire général du FLN, quand bien même il en est à ses commandes», a-t-il déclaré en faisant allusion à Sâadani, sans le nommer ainsi. Notre interlocuteur a ajouté que l’actuel patron du parti « n’a pas à fixer la date du congrès », et que la décision échoit «au président du FLN lui-même (Abdelaziz Bouteflika, Ndlr) ou bien au comité central du parti», affirme-t-il encore. Invité à lever le voile sur les actions prévues par sa coordination afin de contester la décision d’organiser le congrès prise par Sâadani, Belayat a indiqué avoir dores et déjà saisi le wali d’Alger par une correspondance. Dans cette missive, l’opposition a demandé notamment de ne pas accorder l’autorisation d’organiser le congrès au profit de l’actuelle direction, en prétextant, qu’il y’a violation des statuts du FLN. Néanmoins, et même si la requête de l’opposition reste lettre morte, Belayat a précisé que sa coordination est passée à la vitesse supérieure. En effet, elle a introduit un autre recours en saisissant le ministère concerné. «Nous avons saisi le ministre de l’Intérieur et nous lui avons précisé que Sâadani a violé les statuts du parti en décidant ainsi de fixer la date de la réunion de l’instance suprême du FLN, qui ne relève pourtant pas de ses prérogatives statutaires. Nous avons attiré l’attention du ministère sur cet état de fait afin qu’il prenne les dispositions réglementaires qui s’imposent», a-t-il assuré. Pour rappel, en été 2013, la même démarche a été menée par la coordination des redresseurs lorsqu’ils se sont notamment opposés à la réunion du comité central, tenue le 29 août, et à l’issue de laquelle, Amar Sâadani était plébiscité à la tête du parti. «Oui, effectivement, c’est ce que nous avons fait, et nous avons eu gain de cause», a-t-il rappelé. Même si, par ailleurs, la réunion a eu lieu après une décision venue d’ «en haut», elle reste « illégale» aux yeux de Belayat, qui estime, en outre, que Sâadani «a volé son mandat».

Les adversaires ne participent pas
Conscient du poids de ses adversaires politiques « qui activent en dehors des instances du parti», comme il l’a déclaré samedi dernier à Alger, Amar Sâadani a indiqué que le congrès sera celui du rassemblement et non pas de règlement de comptes. En se montrant plus conciliant que jamais, le patron du FLN a même invité ses adversaires, ceux «qui seront autorisés par les statuts à participer au congrès, de faire des concessions et de s’accepter les uns les autres». C’est normal, il est plus que jamais le moment pour le secrétaire général «contesté» de tenir un discours pas trop «acerbe», connaissant les enjeux politiques qui entourent le 10e congrès du parti que ce soit l’élection des membres du comité central ou celle du secrétaire général lui-même. Là encore Belayat ne semble point près à lâcher du lest. En effet, interrogé s’il prendra part ou pas au congrès, notre interlocuteur s’est indigné : «comment pourrait-on participer au congrès dès lors que nous le considérons d’illégal. On ne va pas participer à un congrès dont la date a été fixée par un aventurier politique (Sâadani, Ndlr) qui est lui-même illégal», a rétorqué Belayat.

Lorsque les belligérants se disputent la base militante
D’autre part, Sâadani persiste et signe que le congrès sera celui de la base. D’ailleurs, pour répondre à ses adversaires qui ont tant réclamé la tenue d’une session du comité central aux fins de se prononcer sur le congrès, en vain, le patron du FLN s’est tourné vers la base militante afin de chercher des appuis. Ainsi, il a procédé à l’installation de responsables à la tête de plusieurs mouhafadhas à travers le pays. Pour l’opposition, cette démarche va à contre-courant de la procédure légale énoncée par les statuts du parti. Depuis, Saâdani multiplie les sorties de proximité à travers les wilayas du pays, pour s’assurer du soutien de militants des instances locales. Il n’hésite pas à brandir d’ailleurs un slogan en faveur des jeunes, où il appelle au rajeunissement du parti. Pour préparer le congrès la direction du FLN entame l’installation des commissions chargées de l’organisation de ce rendez-vous.
De son coté, la coordination représentée par Belayat affute ses armes et compte, elle aussi, sur la mobilisation de la base-dont elle se targue en détenir la voix- pour discréditer l’équipe drivée par Sâadani. «Dans chaque mouhafadha il y’a une opposition concrète.
Donc, ils ne peuvent installer les commissions de préparation du congrès, surtout que les mouhafedh installé d’en haut, sont illégaux», a-t-il encore ajouté. Par ailleurs, d’autres éléments éclairent d’avantage sur cette situation inédite dans les anales de l’ex-parti unique. Faut-il indiquer que selon des informations recueillies parmi plusieurs sources émanant du parti, tous les opposants en conflit contre l’actuelle direction du FLN-qui ne sont pas forcément d’accord entre eux-semblent s’être réunis pour faire cause commune à la veille de la tenue du 10e congrès. «Tous pour un seul ennemi », telle est, désormais, ce qui semblerait être leur devise.
Nos tentatives de joindre, hier par téléphone, le chargé à la communication au sein de la direction du FLN se sont avérées vaines.
Farid Guellil

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