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Chlef : les souks pris d’assaut par les émigrés

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En cette fin de saison estivale où la plupart des citoyens reprennent le travail, pour ceux ou celles qui ont le privilège d’en avoir un, et également les écoliers, collégiens, lycéens ou étudiants qui ont rejoint leurs établissements scolaires respectifs, il ya une autre frange de la population algérienne, notamment les émigrés qui vivent en Europe, qui s’apprête à quitter le pays à l’issue des vacances. Rien de plus normal, sauf qu’un phénomène rare est constaté ces jours-ci au niveau des magasins, souks hebdomadaires et places publiques du chef-lieu de wilaya. Ces émigrés reconnaissables par leur «façon de parler» par leur démarche ou par les effets vestimentaires qu’ils portent achètent tout et n’importe quoi pour repartir les bagages pleins.
Du jamais vu, ou dans un passé assez récent, ces mêmes émigrés arrivaient les valises pleines de friperie, de fruits exotiques, notamment les bananes ou les célèbres pommes Golden ; des accessoires parmi eux des vélos. Pour pallier les dépenses, ces émigrés ramenaient en effet des VTT d´occasion et les liquidaient sur place. Les deux roues étaient en plein essor chez nous. Un vélo coûte en moyenne 100 à 200 euros, il est cédé entre 15.000 et 30.000 DA selon son état et sa marque. Deux ou trois unités permettent donc de passer des vacances de rêve. Ainsi changement de décor. A Chlef, tous les magasins sont pris d’assaut par ces émigrés qui achètent des démodulateurs, des portables, des articles scolaires des bijoux, des ustensiles en cuivre, du parfum, des vêtements et bien d’autres choses. Les légumes et fruits font également partie des bagages de ces émigrés y compris l’oignon. Il faut dire que la parité du dinar face à l’euro (1 euro pour 150 DA) représente une vraie aubaine pour ces « vacanciers » et pour certains commerçants qui en profitent de la situation et affichent des prix plus élevés qu’ordinaire. « Aujourd’hui, on essaye de joindre l’utile à l’agréable, même s’il faut payer le supplément de bagages.
C’est toujours un gain au change inestimable qui en bout de course finit par rentabiliser paradoxalement un «farniente» censé délier les cordons de la bourse » nous dira un émigré installé à Nantes.
A titre d’exemple un tablier d’écolier made in China à 200 dinars, un pantalon pour 500 dinars, une veste pour le même prix, c’est toujours bon pour habiller son enfant pour la prochaine rentrée scolaire, pour une bouchée de pain, nous confie M’Hamed un émigré qui réside dans la région toulousaine depuis une vingtaine d’années. Ce dernier reconnait que pour bon nombre d’émigrés, ce n’est pas toujours la vie en rose. «C’est à peine, affirme-t-il, si on arrive à boucler les fins de mois. Et cette impression d’opulence, miroitée comme une vie de prince, nombreux sont ceux qui la doivent à des économies pas toujours faciles». Heureusement qu’il y a la magie du change de l’euro en dinars. Les soins dentaires, par exemple, qui coûtent les yeux de la tête de l’autre côté de la Méditerranée, restent accessibles, le change aidant.
A ce sujet il faut noter que les dentistes algériens commencent à figurer en bonne place dans l’agenda estival de bon nombre de nos compatriotes. Les cliniques privées se sont taillées auprès de la communauté émigrée et même des Européens une solide réputation dans le rapport qualité/prix des prestations, et ce phénomène commence à se généraliser dans notre pays particulièrement à la faveur de la floraison de cliniques qui utilisent dans certaines spécialités un matériel de pointe et un personnel médical de grande compétence. Le même phénomène est observé chez les opticiens et autres boutiques de vente de lunetterie. Des paires de lunettes entre 2.500 et 5.000 dinars reviennent moins cher en comparaison avec ce qui se fait de l’autre côté de la Méditerranée, même si ce genre de dépense est remboursable par la sécurité sociale en France.
Ainsi l’image de l´émigré parlant français et usant des «là-bas chez nous» a laissé place à des gens qui n´hésitent pas à dévoiler les difficiles conditions de vie outre-mer. Par ailleurs, si pour les plus âgés, la venue d´un parent s´inscrit dans l´ordre logique des choses, par contre pour la nouvelle génération ces «touristes» représentent un non-événement. Par le passé, l´arrivée d´un proche était célébrée par une fête, de nos jours l´occasion est une banalité.
La majorité des arrivants n´apportent plus rien avec eux. Certes à leur arrivée, nos compatriotes expriment certains signes de richesse en comparaison avec les autochtones. La vie est de loin pour eux moins chère que là-bas. Ce constat est unanime et pour preuve, ils n´hésitent pas à faire les emplettes ici. Fini les temps où les jeunes Algériens raffolaient des jeans et autres effets vestimentaires ramenés des friperies. Tout est disponible sur place il suffit d´avoir les moyens. Les émigrés, les jeunes surtout, se bousculent chez les disquaires pour acquérir les tubes de «Bilal» ou « Khaled » qui, selon eux, sont trop chers en France. Les habits et les cadeaux coûtent moins chers en Algérie.
Le marché libre permet d´avoir tout ce qu´on veut sur place. De toute évidence malgré le poids autorisé à 65 kg, les émigrés semblent trouver leur compte en s’acquittant des taxes induites par la surcharge des bagages, car ils gagnent au change. Ce change leur a permis de construire de somptueuses villas en Algérie mais qui demeurent malheureusement inhabitées.
Bencherki Otsmane

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