Cédée depuis janvier 2017 aux collectivités locales, la gestion des cantines scolaires est loin d’atteindre les objectifs tracés par les autorités. Depuis la récente rentrée scolaire, il est constaté de grands dysfonctionnements, dans ce domaine, que ce soit sur le plan organisationnel que matériel.
Les instructions données aux communes pour améliorer la qualité des repas mais aussi de recruter un personnel qualifié n’ont pas été concrétisées sur le terrain. Un désengagement des APC que tentent de dénoncer les associations de parents d’élèves et les syndicats du secteur de l’Éducation nationale. Bien que la gestion des cantines ne fût pas non plus bonne quand c’était la responsabilité du ministère, la situation s’est encore plus dégradée quand les autorités ont décidé que ce soit les communes qui s’en occupent. C’est du moins ce que pense le secrétaire général du SATEF, Boualem Amoura, qui regrette qu’une telle décision soit prise sachant que 95% des communes sont déficitaires. Au-delà des problèmes financiers, Amoura a relevé qu’un dossier aussi compliqué ne devrait pas être entre les mains des présidents d’Apc qui ne se soucient guère de l’école et des élèves. Et d’aller plus loin, il fait état même de détournement des subventions de l’État qui, selon lui, «ne vont malheureusement pas au ventre des petits mais vers des destinations inconnues». En effet, il a expliqué dans ce cadre que la contribution de l’État pour un repas est de 40 DA au Nord et de 45 DA au Sud, ce qui est pour lui largement suffisant. Mais ces subventions, poursuit-il, ne sont pas orientées vers leurs véritables bénéficiaires, soulignant l’existence de cas d’écoles où il n’y a ni cantines ni cuisiniers, mais à qui les aides sont quand même versées. Une situation provoquée par l’absence de contrôle et d’impunité, regrette, à ce propos, notre interlocuteur qui dénonce également l’implication d’inspecteurs de cantines dans ces détournements. S’agissant de l’état de ces cantines, qui sont dans la plupart des cas, des salles de classes «aménagées», Amoura révèle qu’elles ne se dotent pas du minimum requis. «Ces cantines n’ont même pas une semi-batterie de cuisine. On cuisine sur des tripiers par terre», a-t-il révélé. Outre le manque de tables et de chaises, 99% du personnel n’est pas qualifié et n’a pas de diplôme dans le domaine de la restauration, a encore dénoncé la même source. Pour ce qui est encore de la qualité de la nourriture, Amoura, sans sous-entendu d’exagération, la qualifie de médiocre et pas consistante.
«Non à la privatisation»
Après que les collectivités locales aient prouvé leur échec dans la gestion des cantines scolaires, la solution ne demeure cependant pas dans la privatisation, a estimé Boualem Amoura. Exprimant son total rejet à cette idée avancée par le ministre de l’Intérieur, Nourredine Bedoui, le secrétaire général du SATEF a expliqué qu’une fois ces cantines seront gérées par le secteur privé, elles deviendront «certainement» payantes et ne profiteront plus à tous les élèves. Pour lui, si l’État n’a pas réussi à mettre fin à l’anarchie dans ce domaine, ce n’est pas le privé qui le fera. L’unique solution, selon notre source, est donc de soustraire cette gestion aux collectivités locales pour qu’elle soit celle du ministère de l’Éducation, mais à condition de bannir le «bricolage» et l’anarchie avec plus de rigueur et de contrôle. Amoura propose, dans le même cadre d’idée, la contribution des associations de parents d’élèves pour améliorer la qualité des repas.
Ania Nait Chalal