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BAMAKO ROMPT SES ACCORDS DE DÉFENSE AVEC PARIS ET ACCUSE : « Atteintes flagrantes à la souveraineté du Mali »

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Le porte-parole du gouvernement malien, le colonel Abdoulaye Maïga, a annoncé que le Mali rompait les accords de défense signés avec la France, dans un contexte tendu, marqué notamment, par des «atteintes flagrantes» de la France à la souveraineté malienne.

Les autorités maliennes ont annoncé dans la soirée de lundi, la rupture des accords de défense conclus avec la France et ses partenaires européens, attestant ainsi, l’absence de toute perspective de voir les relations entre Paris et Bamako connaître une autre tendance, que celle de la dégradation. Mettant à exécution une menace brandie les mois passés, les autorités maliennes, ont dans leur annonce de rupture des accords de défense avec l’ex-puissance coloniale, la France, «dénoncé» les Accords de statut des forces (Status of Force Agreements, ou Sofa), conclus, faut-il le rappeler, avant l’arrivée, août 2020, des nouvelles autorités maliennes. Des Accords que Bamako précise que leur cadre juridique fixant la présence au Mali des forces françaises à Barkhane et des forces européennes à Takuba, ainsi que le traité de coopération en matière de défense conclu en 2014 entre le Mali et la France, sont « une atteinte flagrante » à la souveraineté malienne. Lors des tensions entre Bamako et Paris, janvier dernier, marquées par la décision des autorités maliennes d’expulser l’ambassadeur de France, À l’époque déjà, le ministre des Affaires étrangères malien, Abdoulaye Diop avait déclarait, qu’il envisageait de « dénoncer, si nécessaire, le contenu du traité de coopération » entre Paris et Bamako. Décembre dernier, le Mali avait demandé d’introduire des amendements « en faisant valoir que certaines stipulations étaient selon lui « contraires à la souveraineté nationale ». Dans un communiqué lu à la télévision nationale, par le porte-parole du gouvernement de Mali, le colonel Abdoulaye Maïga, a invoqué les «atteintes flagrantes» de la France, engagée militairement dans le pays depuis 2013, à la souveraineté du Mali, citant, par la même occasion, «l’attitude unilatérale» de Paris, par l’annonce de suspendre en juin 2021 les opérations conjointes entre les forces françaises et maliennes.

« De multiples violations de l’espace aérien malien ont été commises par les appareils français »
Aussi, Bamako a cité , l’annonce en février 2022, par Paris du retrait des soldats français, de la force Berkhane, précisant «encore sans aucune consultation de la partie malienne», avant d’affirmer que «des multiples violations» de l’espace aérien malien ont été « commises par les appareils français » malgré, précise le responsable malien de « l’instauration par les autorités maliennes d’une zone d’interdiction aérienne au-dessus d’une vaste partie du territoire » du pays . Poursuivant son message, le porte parole du gouvernement malien déclare qu’«eu égard à ces insuffisances graves ainsi qu’aux atteintes flagrantes à la souveraineté nationale du Mali », le gouvernement de la République du Mali dénonce le traité de coopération en matière de défense du 16 juillet 2014», indiquant que les autorités maliennes « ont notifié cette dénonciation dans l’après-midi du 2 mai (lundi : Ndlr aux autorités françaises et elle prendra effet, six mois après cette notification » soit, octobre prochain. En revanche, c’est avec «effet immédiat» que les autorités maliennes dénoncent , les accords, en lien avec la Sofa, conclus en mars 2013, encadrant « l’engagement de la force française Serval, puis Barkhane, ainsi que le protocole additionnel de mars 2020 s’appliquant aux détachements européens de Takuba, le regroupement d’unités spéciales européennes initié par la France », toujours d’après Abdoulaye Maïga.
La dénonciation du Sofa risque d’avoir, faut-il le noter, des répercussions sur le retrait en cours de Barkhane, annoncé, par Le locataire de l’Elysée, Emmanuel Macron, février dernier, soit un mois après, le début du mandat de la présidence française de l’Union européenne (UE), d’autant plus que le retrait de Berkhane est censé s’échelonner sur quatre à six mois. Une force militaire française, déployée au Mali, suite à la dégradation de la situation sécuritaire, au Nord malien, précipitée par l’effondrement de la Libye, suite à l’intervention de l’Otan, dans la crise libyenne, à laquelle a fortement appelé et contribué l’ex-président français, Nicolas Sarkosy . La présence militaire française au Mali ayant été dans le cadre de lutte contre les groupes terroristes, l’activité criminelle et terroriste a gagné le Niger et le Burkina Faso voisins, et menace, ces dernières années de s’étendre encore plus au sud jusqu’au Golfe de Guinée. Elle a fait au Mali des milliers de morts, dont un nombre important de civils, laissant le pays proche de sombrer dans une pente de non retour. Il est à rappeler, que les décisions de Bamako, depuis août 2020, jusqu’à celle annoncée, dans la soirée de lundi dernier, marquant une rupture, du cadre dans lequel les relations entre Bamako et Paris étaient tracées et entretenues. Il est à rappeler que les autorités françaises ont et continuent, de leur côté, de reprocher aux responsables maliens, de « se rapprocher de la Russie ». Paris, comme ses alliés, notamment Washington et les pays de l’Otan ont été jusqu’à accuser Bamako « de s’être assuré avec les services de la société privée russe Wagner », que Moscou insiste de son côté « sur la distinction entre cette société privée et le gouvernement de la Fédération de Russie ».
Le gouvernement malien quant à lui ne cesse de contester les accusations de Paris et en général des occidentaux, précisant « une collaboration ancienne d’État à État, entre le Mali et la Russie ». Autre fait marquant la dégradation des relations entre le Mali et la France, les accusations du gouvernement malien, la semaine passée, contre l’armée française d’«espionnage» et de «subversion» après la diffusion par l’état-major français de vidéos tournées par un drone à proximité de la base de Gossi (centre) restituée en avril par la France. Deux jours après cette restitution, l’armée française avait, pour contrer ce qu’elle qualifiait d’«attaque informationnelle», publié une vidéo de ce qu’elle a indiqué être des « mercenaires russes en train d’enterrer des corps près de cette base afin de faire accuser la France de crimes de guerre ».
Karima B.

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