Pendant trois jours, le Mouvement de la société pour la paix aura à choisir entre la reconduite de l’actuel président du parti, Abderrezak Makri, l’ancien président, Boujerra Soltani, ou éviter le bras-de-fer et opter pour la 3e voie, une solution médiane qui a fait son chemin parmi les membres du Conseil consultatif.
Au plan politique, le congrès du MSP sera d’autant plus suivi qu’il s’agit pratiquement de la troisième force politique du pays et d’un allié important des divers gouvernements depuis une vingtaine d’années. Récemment encore, le Président souhaitait de réaliser un consensus politique dans lequel le MSP aurait la part qui lui revient en tant que parti islamiste et composante importante de la société.
S’étant porté candidat pour un nouveau mandat, le président du Mouvement de la société pour la paix, Abderrezak Makri, sera sur la corde raide, les 10, 11 et 12 mai prochains. Il doit non seulement faire face à un mouvement de fond, qui, lui, cherche l’apaisement en s’appuyant sur Aboudjerra Soltani, un routier de la coalition présidentielle, mais il doit surtout rendre des comptes sur la gestion du parti durant ces dernières quatre années où il a eu à prendre diverses décisions politiques du MSP.
Soltani et une partie du « majliss echoura », instante dirigeante la plus influente du parti, ont manœuvré depuis des mois pour faire chuter Makri. Des tractations de sous-sol ont eu lieu dans plusieurs endroits pour mettre le clan Makri en minorité et procéder à un pronunciamiento en douce, soit pour replacer Soltani à la tête du parti et revenir au giron du gouvernement, politique classique du MSP, soit pour essayer de trouver l’homme qui ferait consensus. De toute évidence, l’actuel patron du parti islamiste n’est pas dupe de ce qui se trame depuis des mois, ni de l’éviction qu’on cherche à réussir contre lui ; de son coté, il a préparé le terrain favorable et mit entre ses mains les cartes gagnantes. Sa fusion avec le parti du Changement de Ménasra lui a assuré un soutien de taille et un apport qui peut être déterminant lors du congrès.
Récemment, le vieux routier du parti et ex- président du conseil consultatif, Abderrahmane Saïdi, nous le disait clairement : le parti aura à discuter politique générale, les lois organiques et le changement ou la reconduction des instances dirigeantes, mais ce ne sera pas tout l’ordre du jour, car il peut y avoir des surprises : «Oui, évidemment, le congrès peut aboutir sur des surprises de taille, comme par exemple l’évaluation des cinq années de présidence de Makri ; celui-ci aura de toute évidence à répondre devant les instances nationales des résultats de son mandat ; il est contesté sur certaines lignes de conduite, et c’est aux congressistes de juger s’il mérite un vote de confiance ou non ! ». Est-ce un congrès de règlement de comptes ? Non, répond Saïdi, «ce n’est pas le cas ; mais Makri aura à justifier certaines démarches, les résultats obtenus et les conséquences de sa gestion politique ; les congressistes auront à trancher sur le vif sur son cas !». En sous-sol, ce congrès sera aussi celui de la guerre des tranchées entre Makri et Soltani; le second conteste la ligne pure et dure de Makri « qui a fait perdre des voix et de la consistance au parti en lui ôtant sa stature de parti de la coalition présidentielle et de parti au gouvernement » ; le second faisant tomber sur Soltani la perte de vitesse politique du MSP avec «la période participationniste stérile», qui a «en même temps fractionné le parti et fait partir les militants de base». Longs, longs seront les trois jours du congrès national du MSP pour Makri.
F.O.