L’actrice laisse entendre qu’elle pourrait se lancer dans l’arène politique pour faire bouger les causes qui lui tiennent à cœur. Une future reconversion ?
L’idée fait son chemin, mais se concrétisera-t-elle un jour ?
Angelina Jolie envisagerait sérieusement de se lancer en politique, même si ce temps n’est pas encore venu. « Pour provoquer un véritable changement, notamment pour tout ce qui relève des droits des femmes, il faut faire voter des lois, lancer des initiatives et donc prendre en compte la politique, explique l’actrice cette semaine dans une grande interview accordée à Paris Match. Alors, j’apprends en faisant. Je mûris. Je tire les conclusions qui s’imposent et j’ajuste mon comportement en conséquence. Mais je ne sais vraiment pas encore où tout cela me mènera. » Dans le Vanity Fair de ce mois-ci, elle se montre encore plus précise. « Quand on fait de l’humanitaire, on sait bien que la politique n’est jamais très loin. » Songe-t-elle à franchir le pas ? « Je suis ouverte à cette idée », répond-elle, laissant envisager toutes les possibilités.
Pourquoi pas du reste ? Elle ne serait pas la première star à quitter les sunlights d’Hollywood pour l’estrade des meetings. On se souvient de Ronald Reagan, ancien acteur devenu l’un des plus populaires présidents des États-Unis, ou encore d’Arnold Schwarzenegger, le héros de Conan le Barbare et de Terminator, un temps gouverneur de la Californie. Du côté de ces dames, les exemples sont plus rares : Jane Fonda avait pris position avec éclat contre la guerre du Vietnam dans les années 70, sans pour autant franchir le Rubicon. Mais l’époque a changé et Angelina Jolie estime sans doute qu’elle peut mettre à profit ses nombreux engagements humanitaires à travers la planète.
Proche des démocrates – elle soutient Obama -, l’actrice joue en effet la Mère Courage sur plusieurs zones de conflit pour le compte du HCR, le Haut-Commissariat pour les réfugiés de l’ONU. Depuis près de quinze ans maintenant, elle a multiplié les missions, sans jouer les divas, en Tanzanie, au Pakistan, au Kosovo, au Tchad, au Liban, etc., négociant souvent avec des ministres, des membres du Congrès américain ou des chefs d’État, trop heureux de prendre la pose au côté d’une femme aussi belle que populaire. Angelina Jolie, pragmatique, joue de son image pour faire avancer les dossiers : elle s’est ainsi impliquée dans une cinquantaine de missions de toutes sortes. Et quand cela ne suffit pas, elle met elle-même la main à la poche en multipliant les dons pour l’enfance ou les sinistrés, après le terrible tremblement de terre à Haïti par exemple. On l’a vue récemment prendre fait et cause pour les réfugiés de Syrie et dénoncer les viols comme arme de guerre, dans un discours prononcé lors d’un sommet réunissant des dizaines de ministres des Affaires étrangères et salué par le pape François. Qui dit mieux ?
À l’aube de la quarantaine, Angelina Jolie est désormais tentée de tirer un trait sur Hollywood : elle veut réaliser encore quelques films – dont un sur Cléopâtre qui lui tient à coeur – et affronter d’autres défis. Lors de ses nombreuses interviews accordées pour défendre son dernier film, Invincible, on sent que le moment est propice : son âge ne lui permettra bientôt plus de jouer les premiers rôles, sa fortune lui assure indépendance et puissance – elle a gagné 33 millions de dollars en 2013 – et son couple avec Brad Pitt, qui partage ses convictions, a le mérite d’attirer les caméras du monde entier sur les causes qui lui tiennent à coeur, dont celle des femmes.
Un passé encombrant
Reste à convaincre les électeurs qu’elle a assez d’étoffe pour briguer un mandat malgré une longue carrière dans le divertissement, un handicap dont elle est très consciente – elle le considère même comme un « frein », selon ses propres termes. Difficile de faire oublier la première Angelina, celle des films tourmentés, l’actrice sulfureuse aux déclarations fracassantes sur sa bisexualité, avec ses goûts gothiques et ses nombreux maris – elle fut vertement critiquée pour avoir détourné Brad Pitt de son épouse Jennifer Aniston. Depuis, madame s’est rangée. Pour ses engagements officiels, elle affiche un style sobre et classique, tailleur impeccable, cheveux tirés et boucles d’oreilles en perle. Sa double mastectomie, annoncée dans le New York Times, lui a donné une aura immense, en prouvant que l’une des actrices les plus sexy du monde pouvait assumer ses choix, tout en revendiquant sa féminité. Une page se tournait, adieu les frasques et les scandales…
Depuis, l’actrice cumule les hommages. Le magazine Forbes l’a recense désormais parmi les femmes les plus influentes du monde et la reine d’Angleterre vient de l’adouber Dame de son royaume, en raison de ses nombreux engagements humanitaires. De quoi redorer un blason avant le grand saut ?