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Abdelhamid Boudaoud, président du Collège national des experts architectes : «il faut auditer les 1541 communes»

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Le Courrier d’Algérie : Le ministère de l’Intérieur vient d’allouer une enveloppe de 100 milliards de dinars pour le financement des plans communaux de développement (PCD) dans l’ensemble des collectivités territoriales du pays durant l’exercice 2015. Pensez-vous que les communes jouent pleinement leur rôle dans l’amélioration du cadre de vie des citoyens ?
Abdelhamid Boudaoud : D’abord il faut savoir que la loi 11-10 du 06 juin 2011 donne de nouvelles prérogatives aux communes. La question qu’on se pose tous, est-ce que les APC utilisent ces prérogatives pour le bien du citoyen. Ensuite une autre question s’impose, est-ce que les présidents des communes connaissent les vrais besoins des habitants de leur localité. Je dirai tout simplement que non. C’est parce qu’on n’a jamais vu une commune organiser des portes ouvertes pour sensibiliser le citoyen sur n’importe quel sujet qui le concerne, ou d’ouvrir ses portes aux personnes pour connaître leurs doléances. Pas de communication entre les deux parties, pas d’échange d’idée. L’article 01 de cette loi stipule pourtant que le P/APC est le fief de la citoyenneté alors qu’il est, en réalité loin de jouer ce rôle. Donc avec ce nouveau budget qu’a alloué l’Etat aux communes, c’est le moment ou jamais de revoir les choses. Il faut exiger aux communes d’organiser des portes ouvertes, mensuellement.

Certains proposent également d’exiger aux communes des bilans annuels et de faire des contrôles périodiques pour voir où va cet argent. Etes-vous de cet avis ?
Effectivement, il faut exiger aux P/APC de présenter des bilans et auditer carrément les 1541 communes. Il faut exiger également à chaque collectivité locale d’élaborer une cartographie des zones inondables, des zones de glissement de terrain, du patrimoine vétuste, etc. Je donne un simple exemple dans ce sens, c’est qu’en 2010 le gouvernement s’est engagé à faire des études sur les zones inondables dans chaque ville et de remettre les résultats en une année. En 2011, la même chose a été dite avec une enveloppe de 40 milliards de dinars consacrée à ce sujet. En 2014, là aussi on a entendu la même histoire. On se demande donc où vont les choses sachant que les APC sont «blessées» par ce problème. Aussi, le problème du nettoyage des avaloirs qui persiste engendrant des inondations dans les rues de plusieurs communes. Moi personnellement, je ne regarde pas l’enveloppe financière, je regarde le travail qui se fait. Les APC doivent dès lors élaborer une plateforme de leurs besoins qu’elles puissent soumettre au ministère de l’Intérieur. Les intentions des responsables sont louables. Le problème se situe malheureusement dans la concrétisation de toutes les études des projets d’urbanisation et de réhabilitation des grandes villes. Malheureusement, et comme on peut le constater, le vécu des habitants de nos villes ne répond à aucune norme urbanistique ou architecturale, notamment dans les périphéries, qui sont asphyxiées par des constructions sauvages et non achevées. Ainsi, le travail doit aboutir par une stratégie d’ensemble qui commencera au niveau de chacune des 1 541 communes que compte le pays (sachant pertinemment que les collectivités locales sont les principales actrices des politiques publiques). Chaque commune devra être dotée d’un plan d’urbanisme cohérent qui se traduira certainement par une diminution de l’exode rural, sans laquelle nos grandes villes (si vraiment elles existent) du littoral seront éternellement étouffées. Aussi, la question de la précipitation est posée. Tout cela est dû à l’absence d’une stratégie, voire d’une politique d’urbanisation claire et moderne.

Le citoyen se plaint également des chantiers éternels qui caractérisent leurs quartiers ou cités car certaines communes connaissent des travaux qui remettent en cause généralement leur esthétique et même la santé des citoyens. Qu’en pensez-vous ?
C’est une preuve que les dirigeants des APC connaissent mal les communes, qu’ils administrent. Ils ne s’y promènent pas et, en conséquence, ignorent les véritables besoins de leurs concitoyens. Je déplore également la qualité même de ces travaux et le manque de suivi : « Ils n’utilisent pas des matériaux idoines.
C’est pourquoi les travaux ne finissent jamais. Pire, la réfection des sols est conduite avec un manque de rigueur flagrant. Il n’y a pas assez de dalles de carrelage alors les agents sont obligés de combler les trous avec du goudron. Un matériau inadapté pour l’Algérie car il fond en été avec les fortes chaleurs. En plus le goudron est cancérigène. La Sonelgaz engage des travaux, la Seaal, aussi d’autre, et c’est le citoyen qui en payer le prix. En été la poussière, en hiver la boue devant sa maison ou la cité où il réside. Alors que des travaux qui devaient normalement faire le bonheur des habitants, on constate au contraire qu’ils font leur malheur.
Entretien réalisé par Ines B.

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