Au-delà du scandale, la récente affaire liée au refoulement de produits agricoles depuis quatre pays étrangers aura au moins le mérite de lever le voile sur les problèmes posé à l’export. Dans ce lot de soucis, il n’y a pas que les tracasseries administratives. Au titre de la logistique, figure le problème du transport des marchandises et ses coûts faramineux imposés par les armateurs étrangers, soit 20 % plus chers que le prix qu’aurait pratiqué un opérateur local. En parallèle, le pavillon national n’assure que 3 % du volume global des marchandises acheminées par voie maritime en Algérie. En effet, cette question de logistique a fait l’objet, samedi à Alger, d’une rencontre lors de laquelle les opérateurs actifs dans le domaine ont appelé à la nécessité de créer une véritable plate-forme dédiée à l’export. S’il est vrai que tout le monde s’accorde sur le fait que l’Algérie ne dispose pas, du moins à priori, d’un potentiel exportable hors-hydrocarbures, n’est-il pas impératif de préparer le terrain dès à présent pour accompagner les prétendants potentiels dans le domaine ? Intervenu lors des débats, Ali Bey Nasri, président de l’Association nationale des exportateurs, constate l’«incapacité» de l’Etat à prendre en charge les activités commerciales des exportateurs.
En effet, les chiffres communiqués à l’occasion sont éloquents pour ne pas prendre des mesures à l’effet de combler le déficit en matière d’autonomie dans le transport maritime. Riche de quelque 78 navires au début des années 80, la flotte maritime nationale se réduit en 2017 à seulement 23 embarcations. En d’autres termes, 97% des marchandises qui traversent l’espace maritime national sont assurés par des compagnies étrangères. D’où un manque à gagner énorme pour les opérateurs nationaux à l’importation qui recourent aux armateurs étrangers pour acheminer leurs marchandises.
Une perte par voie de conséquence qui retombe sur l’économie du pays, évaluée entre 4 et 5 milliards de dollars, au moment même où elle est appelée à sortir la tête de l’eau pour supplanter la crise pétrolière. Il est vrai aussi, tous ces soucis ont fait réfléchir les autorités qui comptent désormais sur le «programme stratégique» dans ce domaine, où l’Algérie se positionne à la 75e place sur un total de 163 pays. Ce programme consiste en l’acquisition de 25 nouveaux navires pour combler le déficit et renforcer la flotte maritime.
Là encore, faut-il être en mesure de concurrencer les flottes étrangères parmi les plus en vue dans le monde maritime. Pour ce faire, une dizaine d’investisseurs privés dans le domaine du fret maritime ont déposé des demandes auprès du ministère des Transports, a fait savoir Abdelkrim Rezal, Directeur des Transports maritimes et des Ports au niveau de ce département ministériel.
Farid Guellil
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