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En appelant à l’accélération de la mise en œuvre de l’Accord de paix au Mali : Mogherini conforte la position de l’Algérie

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La vision de l’Algérie quant à la stabilité d’ensemble de la région maghrébo-sahélienne semble de plus en plus partagée. Par des pays de cette aire géopolitique aussi stratégique que sensible, ce qui n’est pas pour étonner tant leur devenir et leur pérennité en tant qu’États est liée à cette stabilité, que par l’Union européenne, un des plus importants ensembles politico-économiques à l’échelle internationale; ce qui n’est pas à dédaigner. En appelant, à l’issue de la réunion qui les a regroupés avant-hier, à Bruxelles, «toutes les parties signataires de l’Accord de paix et de réconciliation au Mali –pour rappel, signé le 15 mai 2015 à Bamako– à faire tout leur possible pour (le) mettre rapidement en œuvre et à respecter (leurs) engagements pris à cet égard», l’UE et le G5 Sahel n’ont fait que conforter la position de l’Algérie dans ce dossier sensible qu’est la situation au Mali. Par les voix les plus autorisées de sa diplomatie, celles de Ramtane Lamamra, son ministre des Affaires étrangères, et de Abdelkader Messahel, son ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la ligue des États arabes, notre pays n’a, en effet, jamais raté une occasion pour agir dans ce sens. Conscient qu’il est que toute déstabilisation prolongée du Mali, avec lequel il partage une frontière de plus de 1 000 km, ne manquera pas d’avoir des retombées extrêmement négatives sur la stabilité de toute l’aire maghrébo-sahélienne précitée et, de ce fait, sur la sienne. C’est, d’ailleurs, sur la base de cette vision dont la pertinence a été confortée par la suite des évènements –l’Accord de paix et de réconciliation au Mali, malgré les multiples atteintes dont il a fait l’objet depuis sa signature, en stabilisant dans une large mesure ce pays, a grandement empêché le terrorisme de se propager dans la région– que l’Algérie a pris, au milieu de l’année 2014, l’initiative de lancer le long –il a duré plus de neuf mois– et difficile processus de négociations entre les différentes parties impliquées dans la crise du Nord-Mali: le gouvernement malien et les groupes armés activant dans l’Azawad (le Nord-Mali), à savoir. Un processus, magistralement piloté par Ramtane Lamamra, qui a abouti à la signature de l’Accord de paix et de réconciliation au Mali.
Et qui, depuis, signe indéniable de la reconnaissance de la communauté internationale du rôle de l’Algérie dans cet aboutissement, est intégré dans l’intitulé officiel de cet accord: dans tous les documents officiels y référant, celui-ci est, en effet, suivi de la mention «issu du processus d’Alger». La reconnaissance d’un tel rôle s’est également concrétisée dans l’octroi à l’Algérie de la présidence du Comité de suivi de (cet) accord (CSA). Un poste qui permet à notre diplomatie de veiller à la bonne application des dispositions de ce dernier. Surtout que les manœuvres pour le faire échouer n’ont jamais cessé. Comme l’attestent les multiples attentats enregistrés, depuis sa signature, au Mali et, plus particulièrement, dans sa partie septentrionale que d’aucuns ne désespèrent pas de faire replonger dans le chaos. La persévérance algérienne à appliquer «l’Accord de paix et de réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger», n’est pas sans résultats palpables. La neuvième session du CSA, qui s’est tenue les 13 et 14 du mois en cours à Bamako, a, en effet, abouti à «l’adoption, par les Parties (à l’Accord) –le gouvernement malien et les groupes armés qui l’ont signé– d’une «Entente» sur les modalités pratiques de mise en place des autorités intérimaires, des chefs de circonscriptions administratives, sur le redéploiement des services déconcentrés de l’État et sur le mécanisme opérationnel de coordination» ; en clair, concernant ce dernier point, sur, pour reprendre les termes du communiqué publié par le CSA à l’issue de la tenue de sa 9e session, «l’opérationnalisation des mécanismes sécuritaires, en particulier les patrouilles mixtes». Ce qui, pour tous les observateurs de la scène régionale, constitue «une avancée significative dans le processus de paix» qui, si elle venait à être rapidement traduite en actes, permettrait à notre voisin du Sud de faire un grand pas dans la voie de sa stabilisation définitive. Une analyse qui est, à l’évidence, celle de tous les membres du CSA, dont quatre des cinq pays composant le G5 Sahel: le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger et le Tchad ; le cinquième étant le Mali.
Qui n’ont pas manqué, en l’occasion, «d’exhorter (lesdites) Parties à respecter leurs engagements et d’assurer une mise en œuvre diligente» des dispositions de «l’Entente» adoptée. C’est quasiment au même souci d’accélération de la mise en œuvre de ce qui a été convenu, dans son cas, de l’Accord de paix et de réconciliation nationale au Mali, qu’a abouti la Haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères. Dans une conférence de presse qu’elle a conjointement animée avec Moussa Faki-Mahamat, ministre tchadien des Affaires étrangères, et ce, en marge de la réunion ministérielle UE/G5 Sahel, Federica Mogherini a jugé «essentiel» une telle accélération. Rejoignant en cela ses homologues du G5 Sahel. Et confortant ainsi la position de l’Algérie qui a toujours affirmé, et œuvré en conséquence, que «la stabilité du Mali est essentielle pour la stabilité de toute la région». Surtout que, pour la première responsable de la diplomatie européenne, «la situation au Sahel, où la menace terroriste demeure réelle, reste également soumise à des défis socio-économiques et humanitaires considérables». De là, l’annonce qu’elle a faite de la décision prise «par l’UE et le G5 Sahel de renforcer, de façon de plus en plus active, leur coopération dans le domaine de la sécurité». Un renforcement qui a également pour objectif, a déclaré Federica Mogherini, «de garantir la sécurité des frontières libyennes» comme élément indispensable de «la sécurité régionale et européenne». Et là, il est utile de préciser que la Haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères n’a, à propos de la situation en Libye, parlé que de la seule sécurisation des frontières de ce pays; plus particulièrement «de ses frontières Sud» qu’il partage avec le Niger et le Tchad.
Une focalisation qui prend tout sens quand elle précise que «la sécurisation des frontières libyennes est une question-clé pour l’UE (…) sur le plan de la gestion du flux migratoire à travers la Libye». Est-ce à dire que la préoccupation européenne à propos de ce pays ne concerne que cet aspect des choses ? Tout porte à le croire: Federica Mogherini n’ayant à aucun moment de son intervention parlé de la nécessité de stabiliser la Libye et de la préserver de la menace de partition qui pèse sur elle. Ce qui renseigne, à l’évidence, sur les profondes divergences, quant au devenir de notre voisin du Sud-est, existant encore entre l’Algérie et l’UE. Pour en revenir au Mali, Ramtane Lamamra y sera demain pour y prendre part à la 11e session du comité bilatéral stratégique algéro-malien sur le nord du Mali.
Mourad Bendris

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