Pêche à Aïn Témouchent : vers une diminution du délai de repos biologique

La pêche excessive du poisson blanc, l’espadon notamment, est réprimée, selon l’arrêté du 20 mai 2013 modifiant celui de septembre 2011 portant sur la durée du repos biologique. Faire respecter cette loi n’est pas du tout une chose aisée dans son application car cela nécessite des moyens et des instruments efficaces. Une brigade mixte chargée de faire respecter le repos biologique de la pêche de l’espadon a été mise sur pied dans la wilaya d’Aïn Témouchent, d’après la direction de la pêche et des ressources halieutiques (DPRH). Elle est Composée du représentant du commerce, des inspecteurs de la pêche (DPRH), de vétérinaires et d’un membre de la chambre de la pêche et de l’aquaculture. Cette brigade qui est habilitée également à effectuer des saisies des fruits de mer issus de la pêche illégale n’exerce pas à plein temps car les membres qui l’a composent ont d’autres tâches à accomplir au sein de leurs secteurs respectifs. Souvent, ils se font remplacer par d’autres représentants et la plupart du temps issus de rangs administratifs pas en mesure de décider quand il s’agit de statuer sur des situations nécessitant une urgence. La première période d’interdiction de la pêche de l’espadon prend effet du 15 février au 15 mars. On ne doute pas de la volonté des commis de l’Etat invités à constater, relever les infractions et appliquer les sanctions contre les contrevenants, mais ce qui autorise le témoin à douter de l’efficacité de ladite commission est le fait qu’elle ne dispose pas de moyens pour y arriver. Cette mission suppose une disponibilité à plein temps de la commission pour faire des visites non pas uniquement au niveau des ports de Béni-Saf et Bouzedjar, mais aussi en mer car les braconniers de la mer- on peut les appeler ainsi-savent à quel quai accoster et à qui livrer l’espadon dont le prix dépasse de loin les moyens des citoyens déjà échaudés par la cherté de la vie. Par ailleurs, il est prévu une seconde phase de repos biologique pour l’espadon entre le 1er octobre et le 31 novembre de chaque année. Il est supposé que la trêve contribue à la reproduction de cette espèce. Selon la chargée de la cellule de communication, il a été enregistré une quantité de 355 tonnes d’espadon, pêchée en 2014 par 94 petits métiers, dont 40 sont inscrits localement (dans la wilaya d’Aïn Témouchent) et 54 dans d’autres wilayas. Cette information est à vérifier car on ne sait pas si les petits métiers disposaient d’embarcations solides en mesure d’atteindre les zones où l’espadon vit. La quantité pêchée mentionnée suppose aussi que les 54 pêcheurs venus d’autres wilayas sont domiciliés au niveau de l’un des deux ports de la wilaya d’Aïn Témouchent et que leur production est comptabilisées par la régie des halles à poisson des ports de Bouzedjar et de Béni-Saf. Là on n’est pas informé et on ne sait pas comment s’opèrent les choses. Et c’est très important de le savoir. En termes de comparaison la production d’espadon dépasse celle de 2013 de 141 tonnes. La différence est-elle due à l’application du repos biologique qui induit une reproduction plus importante ou bien est elle liée à l’augmentation de la flottille ? Là aussi on n’est pas assez informé pour faire la lecture et connaitre l’évolution des stocks pêchables et les tendances apparemment en hausse. Sur un autre registre, les professionnels avaient proposé, en 2013, au ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques de ramener à deux mois la période du repos biologique au lieu de quatre. En fait, sur ce plan précis, le président de la Chambre nationale de la pêche et aquaculture, Larbi Yahiouche, n’a rien fait d’autre que s’aligner sur ce qui se fait dans les pays méditerranéens.
Boualem Belhadri