On associe légitimement le déclenchement de la guerre de Libération nationale, le 1er Novembre 1954, à l’indépendance du pays le 5 juillet 1962. Ce qui est une évidence. Sauf que ce n’est pas la seule cause à effet. À voir de plus près, on se rend compte que ce jour-là a causé la chute de la 4ème République française. L’autre modification majeure aura été la nature et la composition de l’armée française lors de la guerre d’Algérie. Ce n’était plus le corps expéditionnaire que la France a engagé dans la guerre d’Indochine. C’est une armée d’appelés et de réservistes que la France a dû envoyer en Algérie. C’est ainsi que près de deux millions de français ont été contraints de combattre en Algérie alors que la plupart d’entre eux n’avaient jamais mis les pieds dans cette colonie. Nombreux parmi les survivants ont été traumatisés à vie. D’une armée de métier, la France est passée à une armée de conscrits poussée par le 1er Novembre 1954. De plus, la France s’est enfoncée dans un profond déni. Elle est restée sur « les opérations de maintien de l’ordre » jusqu’en 1999 avant de reconnaitre, enfin, qu’il s’agissait d’une « guerre en Algérie ». Autre effet du 1er Novembre, en 1962, la population française a vu l’arrivée massive de plus d’un million de rapatriés d’Algérie (européens, juifs et harkis).
Des rapatriés qui allaient être, plus tard, à l’origine de la transformation radicale de la culture et du paysage médiatique en France. Par contre, les Algériens en accédant à l’indépendance ont vu leur espérance de vie passer du simple au double (De 47 ans à 76 ans). Ce qui suffit pour mesurer l’ampleur de la décolonisation sur le développement de l’Algérie et son retentissement sur le bien-être des Algériens.
L’autre cause à effet du 1er Novembre 1954, et non des moindres, sur l’Algérie et les Algériens est illustrée par les images que le monde entier a pu suivre, hier, au cours de l’impressionnant défilé de notre armée. 70 ans après l’historique décision des « 22 et des 6 », l’ANP issue de l’ALN, a connu un extraordinaire développement. Qui se souvient du naufrage en avril 1963, suite à des intempéries, du bateau-démineur algérien « Djebel Aurès » ? L’hebdomadaire français « Le Canard Enchaîné » qui rapportait l’événement a eu ce cruel titre ironique : « la moitié de la flotte algérienne a coulé ! » ? En effet l’Algérie possédait, au lendemain de l’indépendance, deux bateaux-démineurs, dons d’un pays ami, le « Sidi-Ferruch » et le « Djebel-Aurès » (qui a été emporté par la tempête).
Mais ce titre n’en affectait pas moins la fierté des algériens qui se relevaient de 132 ans d’occupation. Hier, avec le défilé de l’armée de terre et de l’air, notre marine a présenté une impressionnante flotte qui va du remorqueur au sous-marin de dernière génération. Les journalistes du « Canard » n’ont pas dû supporter le spectacle du progrès accompli par l’armée algérienne et rendu visible hier. Ceci dit, la liste de « ce qui a changé… » est ici non exhaustive. Contrainte de l’espace !
Zouhir Mebarki