L’Algérie et l’Azerbaïdjan, dont les relations diplomatiques datent de 1994, ambitionnent de porter les liens de coopération bilatérale au rang de l’excellence. Depuis la visite à Alger du président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, dans le cadre du 31e sommet arabe, les relations entre les deux pays ont connu une nouvelle dynamique. Dans la foulée de ce nouvel élan caractérisant les relations entre l’Algérie et l’Azerbaïdjan, dont le flux des visites, de part d’autre, sur le plan diplomatique, dénote de l’intérêt des deux parties d’établir des liens solides, surtout sur le plan économique, le président azerbaïdjanais a dépêché, à Alger, son envoyé spécial, en la personne de Elchin Amirbayov. Arrivé mercredi dernier, le responsable azerbaïdjanais a eu l’agenda chargé, tant il a rencontré plusieurs des responsables algériens, notamment le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf et le président de l’Assemblée populaire nationale Brahim Boughali. Hier, dans un entretien à l’Agence de presse national, il a livré les ambitions de son pays pour les relations avec l’Algérie. Deux pays qui accordent une « attention particulière » au renforcement des liens de coopération et à l’élévation des relations bilatérales au rang de l’excellence, a affirmé Elchin Amirbayov. « L’établissement de missions diplomatiques au niveau des deux capitales a, certainement renforcé les relations entre les deux pays, et les contacts au plus haut niveau, notamment entre les membres de nos gouvernements respectifs, qui ont eu beaucoup d’échanges ces dernières années, témoignent d’un intérêt mutuel pour renforcer davantage les relations politiques et économiques entre Bakou et Alger », a-t-il ajouté.
Abordant les liens au plus haut niveau de la responsabilité, Elchin Amirbayov a rappelé, fort à ce propos, la visite du président de son pays à Alger à l’occasion du sommet arabe en novembre 2022, dont il était l’invité d’honneur et ce en sa qualité de président du Mouvement des non-alignés. Comme pour renvoyer l’ascenseur, Amirbayov a affirmé que son pays « souhaite accueillir le président algérien », Abdelmadjid Tebboune, à Bakou, dans le cadre de la 29e Conférence des Parties sur le changement climatique (COP 29) qui aura lieu du 11 au 22 novembre 2024. « Il y a un grand souhait de notre côté, d’accueillir le Président algérien à cette conférence. Cela permettra de renforcer nos relations bilatérales », a-t-il souligné.
Vers la création d’une commission mixte intergouvernementale
Selon l’envoyé spécial du président azerbaidjanais, son pays souhaite insuffler une nouvelle dynamique à la coopération bilatérale avec l’Algérie, à l’effet de la porter au plus haut niveau, eu égard aux intérêts communs et des grandes potentialités que recèlent les deux pays. Au sujet de ses deux entretiens avec Ahmed Attaf et Brahim Boughali, le responsable de l’Azerbaïdjan a fait état d’échanges portant sur les voies et moyens de booster les relations économiques entre les deux pays, et sur l’idée de création d’une commission mixte intergouvernementale. « J’espère que ce sera pour bientôt. Nous avons déjà soumis le projet de l’accord à l’Algérie et on nous a assuré que nous sommes proches de finaliser cet accord », a-t-il souhaité, estimant que ce cadre commun permettra d’identifier les domaines de coopération. A priori, a-t-il affirmé, le secteur de l’énergie est en tête des domaines de coopération, notamment les énergies renouvelables. Qualifiant le potentiel d’ « important », Amirbayov a souhaité que qu’il soit davantage exploité. À ce titre, il a fait part de l’existence de contacts entre les compagnies des hydrocarbures l’algérienne Sonatrach et l’azerbaidjanaise Socar, et ce sur « la façon d’organiser le commerce des produits énergétiques algériens, mais aussi sur la connectivité » de leurs réseaux de transport. En ce sens, Amirbayov nous apprend que son pays se trouve dans ce qui est communément appelé « le corridor moyen (Corridor Est-Ouest) qui lie la Chine à travers l’Asie centrale, la mer Caspienne, le Caucase du sud à l’Europe de l’Est (le gazoduc Transanatolien) », relevant l’ « intérêt grandissant » pour cette route de la part de la Chine et de l’UE qui souhaitent un renforcement du corridor au niveau de sa capacité de transport. « Ce corridor peut aussi intéresser l’Algérie », a-t-il estimé, évoquant la possibilité d’étudier la meilleure « façon d’organiser le passage des produits énergétiques algériens via ce corridor ». Évoquant le volume des échanges commerciaux entre les deux pays, l’envoyé spécial du Président de l’Azerbaïdjan reconnait que les chiffres « sont faibles et ne reflètent pas l’excellence des relations politiques ». Néanmoins, a-t-il affirmé, « l’institution de la commission mixte intergouvernementale et la mise en place d’un Conseil d’hommes d’affaires pourraient booster les relations économiques ».
Synthèse Farid Guellil
