Le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, a déclaré, lors d’une visite aux soldats de son pays stationnés en Libye, que la présence sur le sol libyen de militaires turcs « visait à protéger les droits et les intérêts des Libyens » et d’ajouter, par la même occasion, que les efforts de la Grèce pour « saper l’accord de traçage de la frontière maritime entre la Libye et la Turquie ne réussiront pas ».
Les déclarations du ministre turc sont intervenues après que la ministre libyenne des Affaires étrangères Najla Al-Manqoush a appelé la Turquie à retirer ses forces militaires et les mercenaires des terres libyennes, en vue de conforter non seulement la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu mais sa consolidation, en prévision des élections générales, en Libye, prévues le 24 décembre prochain. Effectuant une visite, lundi dernier, avec son homologue des affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, avec lequel la chef de la diplomatie libyenne a animé une conférence de presse, lors de laquelle elle a lancé l’appel en question, Ankara a réagi, peu de temps après, via son ministre de la défense, lors de sa rencontre avec les soldats de son pays, déployés en Libye. L’occasion aussi pour la Turquie non seulement de répondre à l’appel libyen mais aussi à l’ONU et son Conseil de sécurité, appelant au retrait de tous les soldats et mercenaires étrangers présents en Libye. Ankara a fait savoir, via son ministre de la défense Hulusi Akar, que la Libye est appelée, à faire « la distinction », dans son appel, « entre la présence de forces étrangères, qu’il considérait comme légitime », allusion à l’accord signé en 2019, entre Ankara et l’ex-gouvernement de Fayez Serradj. Selon des documents et experts sur les questions militaires, les forces armées turques sont numéro 2 après les Américains en matière de potentiel militaire parmi les pays membres de l’Otan. À sa déclaration « nous appelons la Turquie à coopérer avec nous pour mettre fin à la présence de toutes les forces étrangères et de mercenaires afin de préserver notre souveraineté », son homologue turc, Mevlut Cavusoglu a répondu, par des critiques, indiquant que « ces voix qui se font entendre et qui mettent sur un pied d’égalité la présence turque en Libye et celles des groupes illégitimes ».
Et peu de temps après la conférence de presse en question, c’est son collègue de la défense d’être plus tranchant en indiquant que dans son appel, la Libye est invitée à « faire la distinction entre la présence légitime de soldats turcs et les autres forces étrangères », en Libye. Le départ des mercenaires et des soldats étrangers de Libye étant l’un des plus grand défis de l’exécutif de transition, outre que c’est aussi une question complexe, en raison du jeu d’intérêts convergents et divergents qui se déroule sur le sol libyen, depuis 2011, l’accord de cessez-le-feu, en vigueur en Libye, demeure fragile. S’ajoute à cela la difficile tâche de l’unification de l’institution militaire et la relance du processus de réconciliation en Libye, pays ravagé par la violence, les conflits armés, et la déferlante des mercenaires et de déploiement de soldats étrangers, durant plus de dix ans, après l’intervention de l’Otan, en Libye, à l’initiative de la France. Plus récemment encore, Jan Kubis, l’envoyé spécial de l’ONU en Libye, a insisté sur « la nécessité » du départ des mercenaires et des soldats étrangers de Libye. Lors de la remise au Forum de dialogue politique libyen (FDPL), de sa proposition en faveur d’une base constitutionnelle pour les prochaines élections en Libye décembre prochain, le responsable onusien a réaffirmé , en effet, mardi dernier, l’impératif départ des soldats et mercenaires étrangers, en vue de consolider et conforter les avancées enregitrées, sur les plans politique et sécuritaire,. « Réitérant le plein engagement de l’ONU envers la tenue des élections nationales le 24 décembre prochain », indique le communiqué publié par la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul). Alors que l’envoyé spécial de l’Onu en Libye, convoquera « bientôt une session plénière virtuelle du FDPL après la fête de l’Aïd al-Fitr pour discuter et délibérer de la proposition (ndlr : en faveur d’une base constitutionnelle)», selon la même source, la mise en œuvre de la décision de l’ONU et des appels des libyens pour le retrait des soldats et des mercenaires étrangers peinent à montrer des signes forts allant sur cette voie, alors que la Libye a un rendez-vous crucial, celui de la tenue des élections générales, en vue de renouer, après plus de dix ans de rupture, avec la vie politico-institutionnelle,.
Karima Bennour