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Gaspillage du pain : Un phénomène qui s’accentue durant le Ramadhan à Aïn-Defla

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Même s’il n’est pas l’apanage du mois de Ramadhan car érigé comme règle de conduite le restant de l’année, force est de constater que le gaspillage, notamment du pain, s’accentue à Ain Defla durant ce mois sacré, éloignant l’acte de jeûner de sa véritable finalité.

Alors que le bon sens voudrait qu’il réduise sensiblement durant ce mois d’abstinence, de dévotion et de transcendance, le gaspillage, dopé par le jeûne et l’augmentation de la propension à l’achat, explose pendant cette période, contredisant de manière flagrante l’esprit même du troisième pilier de l’Islam. Le Ramadhan rime désormais avec la consommation effrénée et la hausse des dépenses, des pratiques qui, à coup sûr, ternissent l’image de marque des musulmans, vidant l’acte de jeûner de son sens et le réduisant à une simple formalité. Pour nombre de personnes rencontrées par l’APS à Aïn Defla, le sentiment de faim occasionné par le jeûne conduit à des dépenses irraisonnées, « le jeûneur obéissant à sa gourmandise, achète sans réfléchir, 3 ou 4 fois plus de pain que ce dont il a réellement besoin », ont-ils soutenu à l’unisson. Selon eux, cette situation aiguise les appétits des boulangers qui innovent en matière de confection de pain dans le but manifeste d’attirer le consommateur et de l’inciter à acheter. Même les enfants se mettent de la partie, prenant d’assaut les places publiques et les marchés en vue d’y proposer diverses formes de pain traditionnel aussi alléchantes les unes que les autres. Pour aâmi Ali, un retraité rencontré à proximité de la mosquée El Khadra du centre-ville de Aïn Defla, le gaspillage du pain s’exacerbe durant le Ramadhan par le fait que les gens (notamment les jeunes) refusent de consommer du pain acheté la veille, préférant le pain acheté deux ou trois heures avant la rupture du jeune. « Il est clair que les conséquences de cet achat effréné de pain ne peuvent qu’être préjudiciable en tout point de vue », a-t-il soutenu, notant que ce qui est paradoxal, c’est que les gens parlent de cherté de la vie et qu’au même moment, ils n’hésitent pas à verser dans le gaspillage que la religion a formellement interdit. Selon le directeur du Centre d’enfouissement technique (CET) de Aïn Defla, Metaï Ali, le flux des déchets ménagers reçus durant les deux premiers jours du mois sacré renseigne sur la hausse « spectaculaire » de la consommation. Alors que d’habitude, 160 tonnes de déchets sont recueillis par ce centre, ce volume est passé à plus de 210 tonnes dès l’entame du Ramadhan, a-t-il signalé, déplorant que de « grandes » quantités de pain soient mélangées avec les déchets solides.

Le Ramadhan dévié de son essence
Tout en observant que le jeûne est un acte d’adoration de haute portée dont le but est d’obtenir la satisfaction de Dieu, le responsable du service de l’enseignement coranique, de la formation et la culture islamique à la direction des Affaires religieuses et des Wakfs de Aïn Defla, Benyamina Zitouni, a relevé que cette pratique cultive chez l’individu la maîtrise de soi et le dépassement. Soutenant qu’un jeûne bien appliqué ne peut « en aucune manière » s’accommoder de surconsommation et de gaspillage, il a mis l’accent sur l’endurance et l’autodiscipline que le jeûne est censé inculquer chez ses adeptes. Se référant à quelques versets du Coran tels que : « Et ne gaspille pas indûment car le gaspilleurs sont les frères des démons » Sourate 17 verset 26/27 ou encore « Mangez et buvez mais ne gaspillez point car Allah n’aime pas les gaspilleurs » Sourate 7 verset 31, il a soutenu que le gaspillage est formellement interdit en Islam. « D’aucuns ont tendance à assimiler le mois de Ramadhan à une période festive ou récréative alors qu’en réalité, il doit être consacré à la dévotion compte tenu des mérites et bénédictions inestimables qu’il accorde », a-t-il observé. Il a souligné qu’en s’abstenant de manger et de boire, le musulman aspire à maîtriser ses désirs afin de s’élever spirituellement pour atteindre la piété comme enseigné par le Saint Coran.  » Au lieu de dépenser de l’argent pour l’achat de produits alimentaires qui, tout compte fait, prendront le chemin des poubelles, n’est-il pas plus judicieux d’offrir ces sommes aux démunis qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts? », s’est interrogé M. Zitouni.

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