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Théâtre : «Axerdus» (la tranchée), le nouveau mélodrame du TR Béjaïa

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La nouvelle production du théâtre régional de Béjaïa, «Axerdus» (la tranchée) dont la générale a été présentée jeudi soir, a visiblement ravi, le public lui ayant consacré à sa chute une longue et forte ovation. Ecrite par Youcef Taouint, et mise en scène par Nassereddine Yasser et Djohra Déragla, qui par ailleurs, y a campé l’unique rôle féminin, la pièce a réuni en effet tous les ingrédients du mélodrame, que sont le chant, la mélodie et l’action dramatique pour faire mouche, le tout emballé, de surcroit, dans une fine pochette d’humour et dérision.
Nasserdine Yasser, à ce titre, a joué sur tous les tableaux pour transformer, une réclusion forcée et involontaire dans une cave minable d’un quatuor de musiciens, en une fresque humaine captive et amusante voire émouvante. Dans un contexte de guerre, dont il n’est pas souligné l’origine, les quatre mélomanes, se retrouvent bloqués dans une salle de répétition, à l’allure d’une tranchée, impossible d’en sortir. Sous les fracas des explosions extérieurs, la porte se referme sur eux. Et les voilà pris au piège comme des rats. En essayant de s’en extraire, ils se rendent compte que la clé a également disparu. Et quand il la retrouve, ils ne peuvent l’utiliser car derrière la lourde s’est installé un molosse menaçant qui n’attendait que l’opportunité de les écorcher vifs.
De surprise en surprise, assaillis par la peur, la faim et le froid, ils échafaudent alors des plans pour s’évader. Et il le faut sous peine d’y laisser leurs vies. Mais une question les taraude: qui le premier parmi eux osera mettre le nez dehors et défier le cerbère et donc se sacrifier pour les autres?. S’en suit alors un jeu d’esprit et de ruse pour en désigner le candidat mais sans résultat. Même le vote, comme dans «Babord Ghrek» de Slimane Benaissa, pour plébisciter un candidat au sacrifice, échoue.
Finalement, c’est une lettre de détresse envoyée à l’ONU, comme une bouteille à la mer, qui les sauve. Un de ses délégués, qui n’est autre que l’un des acolytes qui sorti par miracle sans se faire déchiqueté, qui revient leur prêter main forte mais au prix d’une voracité corruptive furieuse. Et la chronique s’achève sur sa mort, après qu’il eut reçu un coup de couteau de l’un de ses anciens compagnons, excédé par les chantages subis. Une chute terrible qui croque les déchirements de la société, les frustrations et les impuissances qui en naissent, notamment la difficulté d’aller les uns vers les autres.
Mais pas seulement. La morale, le bien et le mal, la souffrance et la rédemption tout passe à la moulinette d’un réquisitoire tout en parabole. Un spectacle hors du temps mais qui se laisse observer comme un feuilleton télévisé, servi par des comédiens attachants, pétillant d’émotion et d’action dont le plongeon dans ces entrailles de la terre a été un exercice d’exploration de l’âme humaine. La pièce d’expression entièrement kabyle sera présentée au festival du théâtre amazigh qui se tient actuellement à Batna.

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