Depuis l’annonce, mercredi dernier, de la «démission» de Djamel Ould Abbès du secrétariat du FLN, l’ancien parti unique est incapable de retrouver la voie. Plombé par les consé- quences encore manifestes de la crise de l’Assemblée populaire nationale (APN) et une agitation interne en vue des prochaines échéances sénatoriales et présidentielles, l’idée d’un parti en état de décomposition se profile à l’horizon. La dépêche de l’Agence de presse publique annonçant officiellement que Ould Abbès « a décidé de quitter ses fonctions de SG pour des raisons de “soucis de santé» et les rappels de responsables du parti pour «s’intéresser plutôt à l’avenir du FLN», se contredisent avec les déclarations faites hier par certains responsables du bureau politique du parti. Les primaires, se déroulant actuellement, des élections de renouvellement du Sénat ont apporté une preuve accablante. Le premier faux pas a été signé hier : alors que des voix ont annoncé la supervision des primaires du parti à Alger par Mouad Bouchareb – désigné comme SG intérimaire – comme une concrétisation effective de sa gestion au parti, la direction du FLN a choisi le membre du bureau politique, Mohammed Bouabdellah, pour chapeauter l’opération. Dans des déclarations aux médias, le membre du bureau politique du FLN, au lieu de clarifier les vérités sur le retrait du SG du parti, il a confirmé la Bérézina de la surprise politique des militants. «Le SG du parti ne s’est ni retiré, n’a pas démissionné, il est en congé maladie et nous lui souhaitons un prompt rétablissement», a-til déclaré hier. Bouabdellah, qui supervisait l’opération de choix de candidats de la capitale pour le renouvellement de la moitié des membres élus du Conseil de la nation (prévu le 29 décembre), a nié même l’existence d’une direction collégiale du parti : «la preuve je suis ici pour superviser les primaires pour les sénatoriales». Hier encore, le Front de libération nationale, qui n’a pas communiqué sur «la démission» de son SG, a émis un communiqué signé par le secrétaire national du nom d’Ould Abbès et non pas Bouchareb. Étonnement, il nie toute démission : «le secrétaire général du FLN, le docteur Djamel Ould Abbès, affirme qu’il se trouve en convalescence après un malaise qu’il a eu récemment. Il souligne également qu’il n’a fait aucune déclaration aux médias et que tout ce qui a été relaté en son nom n’a aucun fondement de vérité. Le SG du FLN nie caté- goriquement toutes les rumeurs qui ont circulé à ce propos», souligne le communiqué du FLN. Pour l’instant, Mouad Bouchareb et son équipe agissent comme s’ils ne prenaient pas la mesure d’un désastre d’une bipolarité politique, engendrée par de telles déclarations contradictoires. Cela rappelle l’épisode de Saïd Bouhadja, ancien président de l’APN, éjecté mais refusant toujours d’admettre sa destitution et reconnaître le nouveau président, qui n’est autre que ce même Bouchareb, qu’on a installé à la tête du FLN comme intérimaire. S’exprimant en marge d’une rencontre régionale des anciens élus du FLN, tenue hier à Annaba, Mahdjoub Bedda a estimé que «les changements intervenus à la tête du FLN sont arrivés au bon moment», remerciant ensuite le président de la République, « le président du parti, pour avoir insufflé du sang nouveau qui sera un stimulant pour les militants pour fournir des efforts et appuyer la nouvelle direction de parti, à sa tête Mouad Bouchareb». Et pour en rajouter, Nadir Boulagroune, directeur de l’office du SG du FLN, a fait savoir que Ould Abbès n’a pas démissionné du parti, et que le FLN sera même représenté aujourd’hui lors de la réunion de l’Alliance présidentielle par les deux membres du bureau politique, Rehial Moustapha et Ahmed Boumehdi. Des rumeurs ont circulé après l’annonce de démission du SG du FLN sur le report de la réunion de l’alliance présidentielle prévue aujourd’hui, se composant des partis du FLN, RND, MPA et TAJ.
Hamid Mecheri