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75 ans après l’attaque : Visite historique du Premier ministre japonais à Pearl Harbor

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Le Premier ministre japonais se rend sur l’archipel d’Hawaï en compagnie de Barack Obama, 75 ans après l’attaque qui a traumatisé l’Amérique.
Pour la première fois depuis l’attaque qui fit trembler l’Amérique il y a 75 ans, un dirigeant japonais se rend à Pearl Harbor. Le Premier ministre Shinzo Abe effectuera cette visite ce mardi sur l’archipel d’Hawaï aux côtés du président américain Barack Obama pour démontrer « la force immense de la réconciliation ». Préparée pendant des mois dans le plus grand secret, l’attaque éclair de Pearl Harbor – elle dura à peine deux heures – fit plus de 2 400 morts et précipita l’entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale.
Le Premier ministre japonais se rendra sur le mémorial USS Arizona, construit au début des années 60 pour honorer les 1 177 Américains qui périrent lorsque l’impressionnant cuirassé fut détruit par l’aviation nippone. Shinzo Abe et Barack Obama rejoindront en milieu de journée, par bateau, ce lieu de mémoire aux lignes épurées, ouvert sur la mer et le ciel, qui a été construit juste au-dessus de l’épave rouillée. En se retrouvant à Pearl Harbor, au milieu du Pacifique, sept mois après Hiroshima – deux événements qui marquèrent le début et la fin de l’affrontement entre les États-Unis et le Japon impérial -, les deux dirigeants veulent rendre hommage aux victimes et afficher leur unité de vue.

Les habitants «sensibles au geste» de Shinzo Abe
À Honolulu, où la saison touristique bat son plein, les lieux de mémoire sont nombreux, mais « le jour d’infamie » dont parla Franklin D. Roosevelt appartient résolument aux livres d’histoire.
« Hawaï a une population multiethnique avec une forte composante japonaise », rappelle Stanley Chang, 34 ans, qui vient de faire son entrée au Dénat de l’État d’Hawaï.
« Je ne pense pas qu’il existe ici le moindre sentiment d’antipathie vis-à-vis des Japonais, 75 ans après l’attaque », explique-t-il, tout en soulignant que les habitants de l’archipel sont très sensibles au « geste » de Shinzo Abe. Barack Obama, qui quittera le pouvoir dans moins d’un mois après deux mandats de quatre ans, est actuellement en vacances en famille non de loin de Honolulu, où il est né et a passé la plus grande partie de son enfance.Le 7 décembre 1941 à l’aube, l’attaque, minutieusement préparée par le général Isoroku Yamamoto, fut une surprise totale. Les Américains n’avaient pas vu approcher les six porte-avions japonais qui se sont arrêtés à environ 400 km de l’île d’Oahu. Quelque 400 avions décollent en deux vagues successives : 21 bâtiments de guerre, dont 8 cuirassés, sont coulés ou endommagés, de même que 328 avions de combat. L’USS Oklahoma, touché par plusieurs torpilles alors qu’il était amarré à quai, bascule sur le flanc, emprisonnant des centaines de marins dans ses entrailles. Au bruit assourdissant des bombardements succède une épaisse fumée qui envahit toute la base navale, sous le choc. Au lendemain de l’attaque, le Congrès américain déclare officiellement la guerre au Japon. Trois jours plus tard, l’Allemagne déclare à son tour la guerre aux États-Unis. Un conflit sur deux fronts commence pour Washington.

Pas d’excuses, mais un pas vers l’avenir
Posters, badges, chansons : « Souvenez-vous de Pearl Harbor » était devenu immédiatement le cri de ralliement et de mobilisation aux États-Unis.
Trois quarts de siècle plus tard, Shinzo Abe espère que cette phrase, « qui fut utilisée pour nourrir l’animosité envers le Japon », pourra devenir, grâce à l’image de cette visite, le symbole du « pouvoir de la réconciliation ».
Comme lors de la visite du président américain dans la ville japonaise martyre d’Hiroshima où des dizaines de milliers d’habitants périrent sous le feu nucléaire, il n’arrive pas avec l’intention de présenter des excuses mais entend se tourner vers l’avenir. « Nous avons la responsabilité de regarder l’histoire dans les yeux », avait lancé Barack Obama au Japon, appelant, en gardant à l’esprit « la douleur de la guerre », à construire « un monde sans armes nucléaires ».
Son successeur, le président élu Donald Trump, a créé la stupeur il y a quelques jours en affirmant, à rebours de décennies de négociations visant à réduire l’arsenal nucléaire, qu’il n’excluait pas de relancer « une course aux armements ».

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