Les étudiants étaient encore au rendez-vous, hier, au 50e mardi de mobilisation. Ils étaient nombreux à battre le pavé des rues de la capitale, Alger, comme ailleurs, notamment à Tizi- Ouzou, Oran, Constantine… pour réitérer les mêmes revendications, dont le départ de tout le système constitue la pierre angulaire, et le passage vers une transition démocratique en rupture avec les anciennes pratiques ayant conduit le pays vers la dérive.
Appuyés par de nombreux citoyens tous âges confondus, la communauté universitaire a scandé des slogans hostiles au pouvoir l’invitant tout bonnement à se déguerpir pour laisser la place à la nouvelle génération et aux personnes intègres et compétentes.
«Klitou lebled ya saraqin» (Vous avez bradé les richesses du pays), «dawla madania machi 3askaria » (État civil et non militaire) et «Libérer les détenus» sont entre autres les slogans phares de cette énième manifestation des étudiants, qui a coïncidé avec la libération du militant, Samir Belarbi, l’une des figures emblématiques du mouvement populaire, incarcéré depuis septembre dernier, avant d’être relâché avant-hier.
La corporation des étudiants, a réclamé la libération de tous les détenus d’opinion et politique de l’après-22 février, dont notamment le sociologue Fodil Boumala, et l’homme politique, Karim Tabbou, qui croupissent «injustement» en prison pour avoir émis une opinion. Plusieurs portraits de ces détenus ont été exhibés «fièrement» par les manifestants, qui tiennent chaque vendredi et mardi à leur rendre de vibrants hommages pour leurs engagements auprès du mouvement citoyen qui s’apprête à fêter, dans quelques jours, son premier anniversaire qui aura lieu le 22 du mois en cours.
« Nous ne sommes pas sortis pour nos tubes digestifs, mais pour une Algérie meilleure», peut-on lire, par ailleurs, sur une pancarte tenue par un étudiant, tout l’air confiant quant à l’avenir du mouvement, dont ces jeunes à la quête du savoir sont devenus, au fil des jours, le fer de lance de la protesta pacifique. Sur une autre pancarte nous pouvons également lire : «Nous voulons un changement du système et non pas un amendement de la Constitution», en réponse au projet de réforme de la loi fondamentale du pays en voie d’élaboration et chapeauté par un Comité d’Experts en droit institutionnel.
Parole aux étudiants
Approchée aux alentours du tunnel des facultés, une jeune étudiante en pharmacie, très au fait de la chose politique, a reconnu que depuis l’élection présidentielle, la mobilisation a quelque peu baissé, mais assure, toutefois, que ces trois derniers mardis, les étudiants reprennent peu à peu le goût de la protesta, après une certaine léthargie. S’exprimant sur la récente libération de Samir Belarbi, la jeune étudiante a exprimé sa joie face à ce dénouement, mais estime que cette même joie ne peut être complète sans l’élargissement de tous les détenus à travers le territoire national, tout en souhaitant la poursuite de la mobilisation pour faire tomber le système, et l’édification d’un vrai État de droit.
Un autre étudiant abonde dans le même sens, estimant que la mobilisation, si elle est maintenue, le pouvoir partira inévitablement sous la pression populaire qui, rappelle avec enchantement le prochain anniversaire du mouvement citoyen auquel il promet une forte mobilisation pour glorifier cette date bénie. Aucun incident n’est à signaler tout au long de cette marche qui s’est déroulée dans le calme, en dépit d’une présence remarquable des forces de l’ordre qui se sont contentées de sécuriser la manifestation, où les marcheurs se sont dispersés dans le calme, mais contraints à emprunter le chemin menant vers Tafourah, qui est, habituellement fermé par la police le jour de la manifestation.
Brahim Oubellil