Trois combattants présumés d’Al-Qaïda ont été tués samedi dans une attaque menée par un drone au Yémen, alors que des heurts ont opposé soldats et séparatistes sudistes dans le sud du pays plongé dans le chaos. Le Yémen est en butte à de multiples conflits impliquant la puissante milice chiite des Houthis qui a pris le contrôle de la capitale Sanaa, le réseau Al-Qaïda implanté dans le Sud et le Sud-Est, et le mouvement séparatiste sudiste qui veut l’indépendance du Sud. Le chef de l’état Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenu par la communauté internationale et un temps assigné à résidence par les Houthis à Sanaa, est parvenu à fuir la capitale et s’est installé le 21 février à Aden, la grande ville du Sud et fief de ses partisans. Samedi, un drone -type d’appareil que les états-Unis sont les seuls à utiliser dans la région- a pris pour cible un véhicule transportant trois membres d’Al-Qaïda dans le village de Bijane dans la province de Chabwa, tuant les passagers dont les corps ont été carbonisés, selon une source tribale. Malgré la situation très instable au Yémen, les états-Unis ont affirmé leur détermination à continuer à combattre Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) basée au Yémen et considérée par Washington comme la branche la plus dangereuse du réseau extrémiste. Toujours dans le sud du pays, neuf soldats yéménites ont été blessés dans des heurts avec des hommes armés de la branche radicale du Mouvement sudiste dans la région de Hbayline, dans la province de Lahej, selon des sources locales. Les éléments séparatistes ont tiré sur trois véhicules militaires et des échanges de tirs s’en sont suivis. La situation est tendue dans cette localité depuis l’enlèvement de 12 soldats la semaine dernière par des séparatistes sudistes qui ont menacé de les tuer si l’armée ne leur remettait pas une base de la région.
Manifestations contre les Houthis
La branche radicale du Mouvement sudiste estime que la prise du pouvoir des Houthis à Sanaa est une occasion pour tenter de faire de nouveau du Sud un état indépendant, mais l’arrivée de Hadi a brouillé les cartes, Aden étant devenue de facto la capitale politique et diplomatique du pays. Plusieurs pays arabes, comme l’Arabie saoudite, les émirats arabes unis et le Koweït, ont d’ailleurs déplacé leurs services diplomatiques de Sanaa à Aden. Entre temps à Sanaa, des milliers d’hommes et de femmes ont manifesté contre le coup d’état des Houthis et appelé à la libération de la Française Isabelle Prime, enlevée mardi dans la capitale avec son interprète yéménite Chérine Makkaoui par des hommes déguisés en policiers. Isabelle Prime travaillait pour une société sous-traitante d’un programme en partie financé par la Banque mondiale. Des chefs tribaux et des miliciens chiites houthis ont été sollicités pour obtenir la libération des deux femmes, mais l’absence d’autorités légitimes à Sanaa et le départ des diplomates occidentaux compliquent les recherches. D’autres manifestations anti-houthis ont eu lieu à Taëz, Daleh et Ibb, au sud de Sanaa, et Baïda (centre). Enfin, les forces politiques restent en désaccord sur le lieu de la reprise du dialogue national. Hadi veut qu’il se tienne dans un lieu sûr hors de Sanaa, l’ex-président Ali Abdallah Saleh insiste pour sa tenue dans la capitale et les Sudistes veulent le transférer à l’étranger. Pour faire pression, le Mouvement sudiste a suspendu (sa) participation au dialogue national jusqu’à ce qu’il soit transféré à l’étranger, a déclaré à l’AFP un de ses membres, Yassine Mekkawi. Il a indiqué que les négociateurs faisaient face dans le pays à une pression politique et psychologique croissante. L’émissaire de l’Onu Jamal Benomar fait la navette entre les parties yéménites pour les convaincre de revenir à la table des négociations et mettre un terme à la crise politique.