Le conseiller au ministère de l’Éducation nationale, Chaïb Draâ Ettani, reconnaît que l’école a échoué dans sa mission de l’éducation citoyenne. Un état de fait qui a permis, selon lui, à la violence de se faufiler au sein de l’école. C’est une évidence, le système éducatif n’a pas pu contenir l’un des phénomènes les plus dangereux qui puissent toucher à une société et qui est la violence. Le ministère de l’Éducation nationale étant conscient de ce constat amer a décidé de prendre en main la situation. C’est en tout cas ce qu’a essayé d’expliquer, hier, le conseiller auprès du département de Benghebrit, Chaïb Draâ Ettani, qui s’exprimait sur les ondes de la Radio nationale chaine 3. Le responsable, qui a consacré toute son intervention au sujet de la violence scolaire, a en effet assuré que des mesures draconiennes ont été prises pour freiner le phénomène. Il rappelle dans ce contexte le recrutement de près de 4 000 auxiliaires de vie scolaire ou communément appelés agents de sécurité. Étant, pour lui, un moyen très efficace pour la lutte contre ce fléau, la formation des enseignants et des élèves sur la gestion des conflits est aussi une mesure nécessaire à appliquer. L’intervenant évoque, dans le même contexte, la numérisation du secteur qui permettra d’avoir les faits exacts au temps réel, lorsqu’il y a agression dans l’école. «Cela permettra aussi d’intervenir plus rapidement en cas de mauvais traitement des élèves par leurs enseignants», ajoute Draâ Ettani qui souligne à ce propos la possibilité aux parents de recourir à la justice. Un travail de formation d’un noyau dur d’inspecteurs sur la médiation afin de gérer les relations conflictuels de façon positive est en train d’être réalisé, indique également le conseiller du ministère. Cette démarche touchera aussi, selon lui, les chefs d’établissements, les inspecteurs, et les enseignants. Parmi tout cela, Draâ Ettani signale qu’un travail psychologique sera également fait puisqu’il y a lieu de prendre en charge les enfants violents et connaître l’origine de leur violence afin de mieux la traiter. «Le renvoi de ces élèves n’est pas la solution», estime-t-il, tout en laissant entendre qu’un recrutement de psychologues sera également annoncé. Toujours dans ce même cadre d’idées, le conseiller du ministère souligne la nécessité de mettre en place tous les dispositifs de remédiation pédagogique pour accompagner ces enfants sur le plan psychologique et éducatif. S’agissant du groupe de travail installé dernièrement, il précise que celui-ci a réuni tous les partenaires sociaux (syndicats, représentants d’enseignants, représentants administratifs et les parents d’élèves). «Il fallait pour ce groupe de travail trouver un consensus pour arriver à une école républicaine inclusive et de qualité», note l’invité de la Chaîne 3. Dans la même démarche, poursuit-il, il y a aussi l’implication d’autres secteurs, à l’instar de l’Intérieur et de Solidarité. Ces secteurs ont été conviés à la restitution des résultats de travail et tout le monde était d’accord pour fédérer les efforts des uns et des autres, note-t-il encore. Pour ce qui est, d’autre part des raisons qui ont permis la prolifération de la violence scolaire, Draâ Ettani évoque le manque flagrant d’encadreurs, mais aussi la mauvaise formation des enseignants dans la gestion positive des conflits, dans la médiation et dans l’écoute. «Ce phénomène est, notamment, la résultante de l’échec de l’école, et nous sommes depuis une année en train de corriger le nécessaire». Dans ce sens, l’hôte de la Chaîne 3 recommande d’aller vers l’enseignement de la citoyenneté puisque, estime-t-il, c’est par l’exercice de certaines activités que l’enfant pourra apprendre à vivre, accepter, et écouter l’autre. Le ministère serait en train de prendre des mesures pour la restructuration des programmes et la confection du manuel scolaire, ajoute l’intervenant, avant de reconnaître que le manuel scolaire prône la propagation de la violence.
«Nous dénonçons ces cours qui se donnent dans des conditions lamentables et insalubres avec un effectif exagéré qui arrive jusqu’à 100 élèves», déclare, par ailleurs, le conseiller au ministère de l’Éducation nationale à propos du phénomène des cours payants. Selon les résultats d’une étude menée par le ministère, il a été prouvé qu’il n’y avait pas de relation entre les cours payants et la réussite des élèves et que parmi les élèves qui suivent ces cours 50% seulement réussissent à leur examens. «Les parents sont en train de gaspiller leur argent», dira-t-il. Draâ Ettani propose, dans ce sens, de revenir au cours de soutien à l’intérieur des établissements scolaires. «Faut-il encore à ce propos qu’il y ait un travail d’information et de sensibilisation à tous les niveaux pour ramener les élèves, les parents et les enseignants à travailler à l’intérieur de l’établissement», conclut-il.
Ania Nait Chalal