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Ukraine : le conflit à la croisée des chemins, trois soldats tués

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Les observateurs internationaux ont estimé, vendredi, que le conflit dans l’est séparatiste pro-russe de l’Ukraine était à la croisée des chemins, avec le risque d’une nouvelle escalade malgré un cessez-le-feu. La mort de trois soldats ukrainiens lors d’une attaque rebelle aux environs des ruines du très symbolique aéroport de Donetsk, après deux jours seulement sans pertes, a illustré la fragilité du cessez-le-feu en vigueur depuis la mi-février au moment où le Conseil de sécurité de l’ONU débattait de la crise ukrainienne. «Nous sommes encore loin de la pleine application des accords de paix de Minsk», a déclaré devant le Conseil de sécurité la présidente du groupe de contact de l’OSCE sur l’Ukraine, Heidi Tagliavini, soulignant le risque d’une spirale négative. Il semble que nous soyons à la croisée des chemins, avec le risque d’une nouvelle escalade, a-t-elle poursuivi. La réunion du Conseil de sécurité de l’ONU est intervenue un an jour pour jour après la prise par un commando prorusse du Parlement de Crimée, étape qui a déclenché l’annexion de la péninsule ukrainienne par la Russie, et l’explosion de violences dans l’Est.

Conflit pour plusieurs années
Les dirigeants ukrainiens se sont montrés encore plus pessimistes. Il faut comprendre que le conflit dans l’Est ne vas pas durer un an, ni deux, ni trois ans, a déclaré le Premier ministre Arseni Iatseniouk dans une interview aux télévisions ukrainiennes. Le président ukrainien Petro Porochenko a, pour sa part, estimé que la menace militaire de l’Est (de la Russie, ndlr) restait malheureusement d’actualité même si se réalise le meilleur scénario, celui d’un règlement politique dans l’Est où le conflit a fait 5.800 morts en dix mois.
L’armée ukrainienne a fait état, vendredi, de trois soldats tués et sept blessés en 24 heures. Selon le porte-parole militaire ukrainien Andriï Lyssenko, les combattants rebelles ont attaqué avec des chars et des mortiers les positions ukrainiennes près de l’aéroport de Donetsk passé sous contrôle des rebelles en janvier. M. Lyssenko a par ailleurs dénoncé le redéploiement des forces ennemies et relevé des activités de renseignement sur toute la ligne de front. Le retrait des armes prévu par les accords de paix signés à Minsk le 12 février semblait se poursuivre, même si l’OSCE chargée de contrôler le processus était réticente à le confirmer. Un journaliste de l’AFP a vu à Soledar, à 70 km au nord-est du fief rebelle de Donetsk, une colonne d’une vingtaine de canons antichar de 100 millimètres retirés de la ligne du front par les militaires ukrainiens. Après avoir été inspectée par des observateurs de l’OSCE, cette colonne s’est dirigée dans la direction du nord-ouest et deux voitures de l’OSCE l’ont suivie. De son côté, le dirigeant de la République populaire autoproclamée de Donetsk, Alexandre Zakhartchenko, a affirmé jeudi que ses forces avaient déjà retiré 90% de leurs armes lourdes. «Nous observons des mouvements mais il est encore trop tôt pour dire que le processus a bien lieu», a dit à l’AFP un porte-parole de l’OSCE Michael Bociurkiw. «Nous réclamons un inventaire des armes qui existent, une liste des routes empruntées et nous souhaitons connaître les lieux où ils comptent conserver les armes», a-t-il précisé.

Kiev sur ses gardes
Depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu le 15 février, les rebelles ont repris aux troupes ukrainiennes le noeud ferroviaire stratégique de Debaltseve, à mi-chemin entre les capitales rebelles de Donetsk et de Lougansk. Tous les regards sont désormais tournés vers Marioupol, port stratégique sur la mer d’Azov et dernière grande ville de l’Est rebelle sous contrôle de Kiev où l’armée ukrainienne dénonce depuis des jours une concentration de troupes ennemies et le survol de drones. Sur le plan diplomatique, les Occidentaux semblent peu convaincus de la volonté de la Russie, qu’ils accusent d’armer les rebelles, d’apaiser le conflit. Vendredi encore, Philip Hammond, le ministre britannique des Affaires étrangères a déclaré que Moscou ne remplissait pas ses obligations dans le cadre des accords de Minsk. Il a ajouté que la Grande-Bretagne n’excluait pas la possibilité d’une prochaine offensive rebelle. Sur le plan énergétique, le ton est aussi monté depuis que le géant russe Gazprom a commencé la semaine dernière à approvisionner directement les zones sous contrôle des rebelles au motif que Kiev avait cessé de le faire, laissant craindre une nouvelle guerre du gaz. Une réunion tripartite est prévue lundi à Bruxelles pour tenter de régler ce différend.

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