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TOUAHRIA ABDELKRIM, PRÉSIDENT DE  L’ORDRE DES PHARMACIENS : « Le domaine pharmaceutique n’échappe pas à la mafia ! »

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Les gels hydro-alcooliques et les masques sont des produits de première nécessité qui sont très demandés en cette période de crise sanitaire. Toutefois, l’informel et la spéculation gagnent du terrain.

Face à cette situation,  le citoyen se retrouve confronté à l’indisponibilité de ces produits, la contrefaçon (produits proposés hors normes), et surtout à leur cherté inexplicable. Les prix sont doublés voire triplés, alors que ces produits sont destinés au premier lieu à la protection contre  Covid-19. Interrogé sur les causes de l’indisponibilité et la hausse des prix des gels hydro-alcooliques et les masques et navettes, Touahria Abdelkrim, président de  l’Ordre des pharmaciens, explique cela par la demande croissante et la mafia qui trouve son compte dans cette situation. « Face aux difficultés rencontrées pour s’en approvisionner, il faut réfléchir d’abord à la disponibilité des produits chimiques avec lequel il est fabriqué (…) C’est pour cela que je suggère au citoyen de n’utiliser ce produit que quand c’est nécessaire et utiliser de préférence du savon et de l’eau », a-t-il recommandé lors de son intervention, jeudi, sur les ondes de la Radio chaîne 3, tout en promettant de sévir contre les pharmaciens qui augmentent les prix. Concernant les masques, l’Invité de la Rédaction a noté qu’ils sont destinés aux malades pour ne pas infecter les autres et au personnel et  professionnels de la santé.  « Depuis le début de la propagation du Covid-19 en Algérie, il y a eu de la spéculation sur certains produits, notamment les maques, les bavettes et je vous le dis en tant que président de l’Ordre de pharmaciens : Les pharmaciens vont pendre leur responsabilité par rapport à ces abus et ces dépassements. Les autorités, à travers les inspections, ont essayé de mettre en place et de réguler ce marché notamment nos Conseil de l’Ordre et les syndicats. Nous avons demandé à ce que ces produits soient intégrés exclusivement dans le circuit pharmaceutique. Il y a beaucoup d’intermédiaires, c’est pour ça que ces produits connaissent une hausse. Il y a des pharmaciens qui ont accepté d’acheter ces produits malgré la hausse des prix. À cet effet, nous avons recommandé aux pharmaciens de ne pas acheter ces produits sans factures et en exiger l’origine. Et pour ceux qui n’ont pas de facture, je leur recommande de ne pas le vendre carrément au niveau des officines », a-t-il noté, ajoutant que «  la mafia existe malheureusement dans tous les secteurs, et nous, on n’y échappe pas. Actuellement des contrôles se font à tous les niveaux et cette mafia sera sévèrement sanctionnée». Pour faire face à la demande croissante du produit désinfectant, le gel hydro-alcoolique, a souligné M.Touahria, pas moins de sept (7) producteurs nationaux de médicaments sont recensés par les Autorités pour procéder à la production. Ce qui permettrait de plafonner les prix.  Ce problème de spéculation sera donc « dépassé », à en croire ce responsable.

Les pharmaciens mobilisés jour et nuit à Alger et Blida
Nécessité oblige ! Face à la propagation du coronavirus, 12000  pharmaciens, répartis, sur l’ensemble du territoire national, sont mobilisés. « Nous sommes disponibles même dans les  coins reculés », a mentionné le membre de la Commission scientifique au ministère de la Santé. « Le pharmacien est mobilisé aujourd’hui. Nous communiquons régulièrement pour rester solidaires et accomplir le devoir notamment en cette période de crise », a-t-il assuré. S’agissant de la mobilité des pharmaciens dans les wilayas concernées par le confinement, à savoir Blida et Alger, l’Invité de la Rédaction a indiqué que cette question est totalement réglée suite aux décisions prises pour faciliter le déplacement de pharmaciens et personnels de la Santé au niveau de ces deux wilayas. « Au début, les décisions qui ont été prises (confinement général de Blida et couvre-feu sur Alger) ont eu des conséquences sur la mobilité des pharmaciens, et les distributeurs de marchandises vitales. Mais cela n’a pas duré longtemps car, hier ( mercredi, ndlr), il y avait une réunion au niveau de toutes les wilayas concernées par le coronavirus, entre les directeurs de Santé de wilayas et les services de sécurité, pour valider un document qui va permettre à l’ensemble des professionnels de santé à se déplacer sans contraintes », a-t-il noté. « Les pharmaciens sont disponibles  de jour et de nuit et les gardes sont maintenues. Dans la wilaya d’Alger, il y a des Commissions mixtes auprès des directions de Santé qui ont fait des propositions pour le maintien  des gardes de nuit, des jours fériés et les week end », a-t-il ajouté. Face au problème de transport, « j’appelle les pharmaciens à utiliser tous les moyens disponibles pour se rendre à leurs lieux de travail. Il faut rester ouvert même face au manque de personnel et la problématique du transport, notre rôle se joue maintenant. Plus de 90% des pharmaciens d’officines sont mobilisés pour accompagner les malades et répondre aux besoins des citoyens Algériens», a déclaré M.Touahria. Concernant le paiement des médicaments par le biais de la carte Chifa, Abdelkrim Touahria a rassuré les patients notamment ceux qui souffrent de maladies chroniques. Ces derniers, comme les assurés sociaux, peuvent renouveler leur traitement malgré la non-activation de leurs cartes Chifa.

La protection des pharmaciens contre la contamination
Un couple de pharmaciens a été contaminé à Blida. Cette situation a suscité l’inquiétude de l’Ordre des pharmaciens. « Nous déplorons cette situation et invitons l’ensemble de nos pharmaciens à prendre les dispositions nécessaires par rapport à leur protection et la protection de leurs collaborateurs aussi à travers l’organisation des clients dans ces espaces de vente, le respect de la distance ( 1,5 m), la réception en fonction des capacité d’accueil de l’officine, l’installation des obstacles pour éviter le contact direct,  la désinfection de toute personne rentrant dans l’officine, trois fois par jour au minimum», suggère l’orateur.

200 médicaments manquent sur le marché
« Dire, aujourd’hui, que tous les médicaments sont disponibles, c’est mentir ! », a relevé Pr. Touahria. « Il y a eu toujours ces ruptures récurrentes et ce n’est pas nouveau. Cette situation, nous la vivons en Algérie depuis longtemps, et elle touche certaines références de médicaments. Mais actuellement le problème qui se pose depuis le Covid-19, c’est que certains pharmaciens stockent les médicaments, ce qui pourrait engendrer des ruptures. Certaines molécules sont actuellement prisées et sont stockées par tout le monde : les particuliers, les pharmaciens et les grossistes. Donc, je recommande aux pharmaciens de ne pas stocker de médicaments notamment le Paracétamol qui enregistre une hausse de demande inhabituelle, car ce stockage de médicament a engendré la rupture », a préconisé  le Président de  l’Ordre des pharmaciens  qui a souligné qu’actuellement plus de 200 médicaments manquent sur le marché national. Toutefois, l’orateur a souhaité que cette crise sanitaire soit « une opportunité pour tirer beaucoup de leçons. Actuellement tous les spécialistes et experts se penchent sur le suivi des stocks, d’utilisation des médicaments. Nous allons mettre en place des dispositifs pour gérer les stocks des médicaments, c’est la première recommandation que nous comptons prendre actuellement. Le couloir vert est très efficace pour cela. Je vous signale qu’il y a des médicaments qui sont toujours sous douane et ce n’est pas normal. Il faut créer ce couloir vert, et je pense qu’il a été déjà créé, mais ça ne fonctionne pas correctement au jour d’aujourd’hui», explique-t-il. Interrogé sur le traitement des patients du Covid-19 par la Chloroquine, ce protocole étant validé il y a quatre jours par le Comité installé par le président de la République, Pr. Touahria a noté que ce protocole existe déjà et a été testé dans certains pays en Europe. « Il a été validé en Algérie pour traiter les patients de Covid-19. Je rappelle aux citoyens de ne pas chercher ce médicament au niveau des pharmacies, car il est prescrits seulement dans les milieux hospitaliers, et est  réservé à certaines spécialités notamment infectiologie, la médecine interne et la pneumologie.  Les quantités actuelles  sont à 110 000 boîtes fabriquées localement. Les autorités ont fait un bon de commande pour une quantité supplémentaire  qui devrait  arriver incessamment sur le territoire national», a-t-il fait savoir.
H. Hadjam

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