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Tlemcen : Le plaisir de préparer les gâteaux de l’Aïd se perd

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La préparation des gâteaux traditionnels pour fêter dans l’allégresse l’avènement de l’Aïd el fitr est une tradition qui commence à se perdre à Tlemcen, où les ménagères préfèrent acquérir ce dont elles ont besoin auprès des traiteurs et de certaines familles versées dans ce créneau.

A quelques jours de la fin du mois de ramadhan, c’est la course contre la montre dans tous les foyers tlemcéniens. Les femmes s’attellent à garnir la table de l’aïd de toutes sortes de gâteaux et friandises faisant la réputation de la capitale des «zianides». «Samsa» et «cigares truffés d’amande, «makrout aux amandes ou à la pâte de dattes», «griweche», «Kâak «, «Ghribiya» : autant de préparations qui titillent les palais des membres de la famille et des invités. Ces dernières années, le plaisir de se retrouver en famille pour préparer les gâteaux de l’aïd s’émousse. Les ménagères et les travailleuses préfèrent acheter leurs gâteaux auprès des traiteurs ou des pâtisseries spécialisées par manque de temps ou en raison des prix excessifs des ingrédients entrant dans la composition de ces mets sucrés. Sur les marchés de la ville, les cacahuètes sont proposées à 400 Da le kilo, les amandes et les noix se vendent entre 1.900 et 2.300 DA le kilo et près de 3.500 Da le kilo pour les noisettes et la pistache. Mme Berber Samia, mère de famille, a indiqué à l’APS qu’elle a pris pour habitude de préparer chez elle ses gâteaux comme «Samsa «, «ghriweche « ou encore «Makrout à la pâte de dattes «. Elle se souvient des veillées familiales d’antan au cours desquelles les femmes d’une même famille se retrouvent pour confectionner les gâteaux dans une ambiance fraternelle et conviviale. Les plateaux chargés de mille et une forme de gâteaux sont ensuite portés par les jeunes et les enfants jusqu’au four traditionnel du quartier où le «ferrane « s’occupe de leur cuisson. Pour sa part, Mme Kraouti Leïla précise que la dernière décade du mois du ramadhan est consacrée à la préparation des gâteaux de l’aïd. Elle reconnaît toutefois qu’elle ne prépare que deux ou trois sortes de mets «pour perpétuer la tradition «, dit-elle et pour répondre à la demande des siens. Ces gâteaux qu’elle prépare n’exigent pas beaucoup d’ingrédients et se préparent avec des produits à la portée de toutes les bourses, explique-t-elle.

Les pâtissiers très sollicités
Ces derniers jours, les commerces proposant des gâteaux, situés près de la grande mosquée, au centre-ville de travail, connaissent une forte demande de la part d’une clientèle désirant acquérir ce dont elle besoin pour marquer dans la joie et la bonne humeur l’aïd el fitr. Bakhchi Mounâm, propriétaire d’un magasin, a précisé que la demande est exprimée aussi bien pour les modèles traditionnels que modernes. Sa clientèle est principalement constituée de femmes travailleuses, de cadres et de professions libérales. Celles-ci, par manque de temps et compte tenu de leurs obligations, sont contraintes d’acheter leurs gâteaux au lieu de les préparer à domicile. Pour répondre à la forte demande, Bakhchi a doublé le nombre de ses travailleurs qui assurent jour et nuit la préparation des commandes de la clientèle variant entre les demandes de gâteaux traditionnels et modernes. Les prix des gâteaux préparés varient selon la nature des ingrédients utilisés. «Les prix oscillent entre 400 et 3.000 DA le kilo. Les gâteaux modernes sont plus chers au vu des ingrédients entrant dans leur préparation comme le lait, le chocolat, les colorants, les aromes et autres ainsi les fruits secs «, explique-t-il. Plusieurs femmes rencontrées dans ce commerce indiquent qu’elles n’achètent que de petites quantités de diverses variétés de gâteaux «afin de ne dépasser le budget initialement dégagé à cet effet», explique l’une d’entre-elles. D’autre part, une certaine «concurrence» est à relever entre les gâteaux traditionnels et ceux dits «de prestige». Ces derniers sont préparés avec des produits raffinés et coûteux. Leur confection nécessite du temps, un savoir-faire et un travail minutieux de la part de confiseurs et de pâtissiers chevronnés qui font preuve d’ingéniosité dans les formes et dans la décoration de ces mets sucrés, comme l’indique, Lalout Wafa, une spécialiste dans la confection des gâteaux traditionnels. Elle explique que ces produits de prestige sont proposés à des prix fort élevés que seules des familles aisées peuvent les acquérir. Ce genre de gâteaux est demandé par des futures mariées qui tiennent à accueillir «comme il le faut» leurs belles-familles, venant leur rendre visite le jour de l’aïd.
Après les fortes dépenses consacrées aux achats des fruits, des légumes et autres produits nécessaires pour embellir la table ramadhanesque, et les lourdes factures occasionnées par l’achat des vêtements de l’aid aux enfants, la préparation des gâteaux ou leur achat auprès des professionnels va grever davantage le porte-monnaie de nombreuses familles. Après le ramadhan viendra le temps des bilans financiers.

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