Accueil ACTUALITÉ Terres agricoles : bientôt un décret pour une exploitation optimale

Terres agricoles : bientôt un décret pour une exploitation optimale

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La visite du Premier ministre dans la wilaya de Blida, lundi dernier, a permis de mettre sous la loupe la situation économique. L’occasion lui a été donnée de rappeler son plan anticrise par lequel, entend-t-il, au-delà d’aller vers une économie productive, inclure la dimension moderniste dans l’acte d’investissement, pour libérer l’entreprise et l’intégrer dans un milieu concurrentiel. Particulièrement, Sellal s’est focalisé sur deux questions : les concessions agricoles et le droit de préemption de l’État.

Ainsi, la halte de Blida n’a pas été, semble-t-il, un choix fortuit pour le gouvernement, puisque cette région recèle des potentialités industrielles et agricoles qui ne peuvent se passer de toute revalorisation, d’autant que l’état actuel des ressources publiques, qui laisse à désirer, le commande à plus forte raison. «Blida est la base arrière de l’Algérie», a déclaré Sellal, au cours de sa virée blidéenne, à chaque halte observée pour faire le point de la situation avec les investisseurs. À travers l’inspection de plusieurs projets d’importance productive, le Premier ministre n’a cessé d’appeler à faire de cette wilaya la vitrine de l’investissement dans les domaines agricole et industriel. Outre les projets qui consacrent la politique de l’État en matière de soutien social et de développement, portant précisément sur les volets de la formation de la ressource humaine, de l’accès au logement et le développement infrastructurel, l’allocution de Sellal a remis au goût du jour deux questions primordiales. D’abord, le responsable de l’Exécutif a mis l’accent sur l’importance d’exploitation de toute la surface agricole disponible dans cette wilaya, qui s’élève à 66 280 hectares. Dans le passé, les plaines de la mythique Mitidja faisaient la fierté de Blida, de par ce qu’elle renferme comme activités agricoles, alliant la culture des agrumes à celle de la vigne. Le bassin blédéen s’étend sur une superficie de 1 400 kilomètres carrés. Au lendemain de l’Indépendance, cette vallée a été gagnée par l’urbanisation du fait des mouvements des populations. Néanmoins, entend-on faire par là, en sorte à ce que la nature reprenne ses droits ? À écouter, le Premier ministre dire que l’on ne doit plus «laisser un mètre carré de terre non exploité», tend à le faire croire. Ainsi, dans le cadre de la relance du secteur agricole qui fait partie des cinq leviers sur lesquels mise gros le gouvernement pour créer de la richesse, les investisseurs sont appelés à occuper toutes les surfaces disponibles, afin de promouvoir l’agriculture. Bien entendu, cela aura un impact positif sur la création des emplois, aussi bien, d’ailleurs, que celui de développer l’industrie agroalimentaire.À ce titre, même les populations rurales sont invitées à relancer la petite agriculture de montagne. Pour ce qui de la mission du gouvernement, Sellal a annoncé des mesures. Celles-ci, croit-on, se veulent surtout «instructives»  envers les porteurs de projets ayant bénéficié de terrains agricoles et qui doivent, dans les prochaines semaines, retrousser les manches afin d’exploiter le foncier concédé auprès de l’État, a fait savoir Sellal. Il s’agira d’«obliger» tous les concessionnaires disposant de parcelles de terrain, relevant du domaine privé de l’État, d’exploiter ces biens fonciers, et les réhabiliter dans leur vocation originelle. À cet effet, le Premier ministre a informé qu’un décret exécutif sera publié dès le début du mois de décembre prochain, pour mieux éclaircir cette décision. Cette annonce a été faite lorsqu’un opérateur privé a exposé devant Sellal la problématique d’accéder au foncier pour ces compères. Par contre, d’autres opérateurs, quand bien même ils disposent de terrains octroyés auprès de l’État, n’ont pas de financements pour faire décoller leurs projets. Sur cette question, le Premier ministre a assuré que le gouvernement interviendra pour mettre en contact les investisseurs potentiels et ceux qui ont des surfaces octroyées par contract de concession, à même d’optimiser l’exploitation des terres agricoles. Dans le même sillage, Sellal a révélé que le gouvernement fera, le 26 novembre prochain, un déplacement dans la wilaya de Aïn- Defla. Il sera question de rencontrer les agriculteurs et de discuter avec eux des mécanismes à adopter pour qu’ils puissent exporter leurs produits.

Le droit de préemption, «de mise»
Lors de son déplacement à Blida, le Premier ministre a évoqué une question qui fait objet d’une polémique grandissante. Il s’agit du droit de préemption de l’État, tel qu’il a été consacré dans la Loi de finances 2016. Sellal a apporté un démenti formel sur ce qui s’est dit à ce sujet. En effet, pour nombre d’acteurs politiques, une disposition contenue dans la LF-2016 ouvre la voie à la dérive. Ces mêmes acteurs estiment que l’État finira par «renoncer» à sa souveraineté économique, en raison de cette loi. Lors de ses multiples sorties publiques, la patronne du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, n’a cessé d’attirer l’attention de l’Exécutif national sur ce qu’elle considère d’une mesure portant atteinte à la prépondérance de l’État et le principe de la préférence nationale dans l’investissement. Dans son article 54, la LF-2016 explique que «le recours à toute cession de parts ou de participation de l’offre publique d’entrée en Bourse pour la cession par des résidents au profit de non-résidents ne sont pas soumis à la procédure de préemption ou d’autorisation de l’État ou de ses démembrements». Quand bien même la LF-2016 n’a pas encore été adoptée, encore moins signée par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, le débat autour de cette question précise a fait monter au créneau plusieurs voix. Après Louisa Hanoune, les 19 personnalités à l’origine de l’initiative portant une demande d’audience auprès du chef de l’État, ont à leur tour tiré la sonnette d’alarme, en parlant d’une menace sur la souveraineté de l’État. Abdelmalek Sellal n’entend pas les écouter de cette oreille. «L’État ne reviendra jamais sur cette décision prise par le président de la République. L’État maintiendra le droit de préemption de l’État pour la protection de l’économie nationale», a-t-il-répondu pour lever toute ambiguïté sur cette mesure qui laisse libre cours à tous les décryptages.
Farid Guellil  

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