L’OPEP+, qui a résisté aux pressions exercées par le bloc euro-atlantiste pour augmenter la production de pétrole, tient sa réunion demain, 31 mars, alors que les cours connaissent une baisse que les experts expliquent par, essentiellement, les progrès dans les négociations entre la Russie et l’Ukraine.
Les premiers échos de cette séance de pourparlers qui s’est déroulée hier à Istanbul (Turquie) laissent indiquer que la réunion de l’OPEP+ se tiendra dans un contexte moins tendu. Selon Vladimir Medinsky, cité par des sources russes, les négociations ont été constructives. Vladimir Medinsky, qui est le chef des négociateurs russes, a fait savoir que la partie ukrainienne a présenté des propositions écrites confirmant les efforts de l’Ukraine pour devenir un État neutre et dénucléarisé, tout en abandonnant la production et le déploiement de tous les types d’armes de destruction massive, y compris chimiques et bactériologiques, en plus d’interdire la présence de bases militaires étrangères et des forces étrangères sur son territoire. De son côté, Alexander Fomine, vice-ministre de la Défense de la Fédération de Russie a annoncé la décision de réduire «drastiquement» l’activité militaire sur les axes de Kiev et de Tchernigov (nord de l’Ukraine) dans le but de renforcer la confiance mutuelle et de créer les conditions appropriées pour poursuivre les négociations et parvenir à l’accord souhaité. Cette nouvelle donne a eu un effet sur les cours du pétrole affichés par les sites spécialisés: vers 13H00 GMT, le baril de la mer du Nord, pour livraison en mai, cédait 5,53% à 106,26 dollars et le baril de WTI pour livraison le même mois perdait 5,52% à 100,11 dollars. Face à la hausse des cours du brut commencée en 2021 et qui ont flambé, ces dernières semaines, après les mesures unilatérales prises contre la Russie par les pays de l’OTAN, ces derniers ont tenté de «casser» l’OPEP+ en faisant pression sur l’OPEP pour augmenter sa production. Ces pressions n’ont eu aucun effet, les Saoudiens ont déclaré s’en tenir à la nature «apolitique» de l’OPEP, alors que les Emirats arabes unis ont réaffirmé leur attachement à l’alliance OPEP+. L’OPEP+ réunit les 13 membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP : Arabie saoudite, Algérie, Angola, Gabon, Guinée équatoriale, Nigeria, République du Congo, Libye, Venezuela, Iran, Irak, Koweït, Emirats arabes unis) et dix autres pays exportateurs non membres de l’OPEP (Russie, Mexique, Kazakhstan, Azerbaïdjan, Bahreïn, Brunei, Malaisie, Oman, Soudan, Soudan du Sud).
L’alliance nouée par l’OPEP avec d’autres grands pays producteurs, dont la Russie, est « là pour rester », a déclaré le ministre émirati de l’Énergie Suhail al-Mazrouei, lors du forum mondial de l’énergie de l’Atlantic Council, à Dubaï, ont rapporté des agences spécialisées. Suhail al-Mazrouei Mazrouei a affirmé que les pays du Golfe étaient décidés à ne pas laisser « la politique » miner l’organisation. « À moins que quelqu’un ne soit prêt à fournir 10 millions de barils par jour, on ne peut pas remplacer les Russes » sur le marché, a-t-il poursuivi, d’après les mêmes sources. Les dirigeants américains ont tenté d’amener les producteurs de pétrole aux États-Unis à augmenter leur production pour limiter la hausse des prix, mais des experts ont fait remarquer que cette augmentation n’est pas possible du jour au lendemain, pour des raisons techniques liées à la chaîne d’approvisionnement de cette filière. La production américaine de pétrole a subi l’impact négatif des décisions du président Biden à son arrivée à la Maison Blanche.
Concernant l’Algérie, sa production pétrolière atteindra 1 002 000 mb/j au mois d’avril. L’annonce en a été faite au début de ce mois, par le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, dans une déclaration à la presse en marge de la 26ème réunion ministérielle OPEP+, à laquelle il a participé par visioconférence. Il avait précisé que « les pays signataires de la déclaration de coopération OPEP+ ont décidé de poursuivre la hausse globale en injectant 400.000 mb/j supplémentaires sur le marché au mois d’avril prochain ».
M’hamed Rebah
