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Sous leurs tentes, les réfugiés syriens grelottent

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Une couverture sur les épaules, Abou Ali et ses enfants se blottissent sous leur frêle tente pour se protéger du vent glacial et de la pluie, particulièrement intenses cet hiver au Liban, où ces Syriens se sont réfugiés après avoir fui la guerre. Les 14 enfants, dont plusieurs sont régulièrement secoués par une toux caverneuse, sont chaussés de sandales en plastique qui ne les préservent ni de la boue ni des températures basses. «C’est notre premier hiver ici et réellement nous ne pensions pas qu’il ferait si froid», confie Abou Ali, 60 ans. Lui et sa famille ont fui leur province de Raqa, dans le nord de la Syrie pour ne pas vivre sous la loi des jihadistes du groupe Etat islamique (EI). Ils se sont installés dans un camp de fortune à Al-Saadiyeh, un village de la plaine de la Bekaa (est) où résident près de la moitié des 1,1 million de Syriens réfugiés. «Nous ne possédons pas de sobia pour nous chauffer», dit-il en faisant allusion au poêle traditionnel fonctionnant au gasoil ou au bois, qu’ont distribué les agences humanitaires à une partie des familles. «Tout ce que nous avons ce sont des couvertures et la pitié de Dieu», constate cet homme coiffé d’un keffieh rouge et noir et d’une cape bédouine en poil de chameau.

Jouer quand même
La petite tente est constituée de bâches en plastique blanches et de planches en bois. Des nattes en paille, constamment humides, sont posées directement sur la terre. Une unique lanterne, alimentée par des piles, éclaire la pièce. Malgré les conditions météorologiques, les enfants jouent dehors. «J’ai froid tout le temps, mais il n’y a rien que je puisse faire pour avoir chaud, alors je joue quoiqu’il en soit», témoigne Hammoudi, 12 ans, ses yeux verts irrités par le vent. Environ 20% des réfugiés syriens au Liban vivent, comme la famille d’Abou Ali, dans des camps informels, à la merci des intempéries. Le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés a indiqué que les organisations humanitaires avaient fourni en novembre et décembre à 400.000 personnes de l’argent ou des bons permettant d’acheter du fuel. Mais en raison d’un manque de fonds, de nombreux réfugiés n’ont pas pu en bénéficier et vivent «dans le froid et de mauvaises conditions», déplore le HCR. A Jabba, un autre camp sauvage dans la vallée de la Bekaa, le vent souffle de la montagne au moment où Oum Ali, originaire de la province d’Alep, sort de sa tente, son ventre affichant les contours de ses six mois de grossesse. Ignorant la pluie, elle commence à étendre son linge. «Que puis-je faire? Il pleut tout le temps. Nous ne pouvons pas nous arrêter de vivre», lance-t-elle.

«Le pire, c’est la nuit»
De retour sous la tente, elle s’assoit avec sa famille autour du poêle. Oum Ali tousse, une toux «qui déchire ma gorge comme un poignard». Plusieurs de ses 11 enfants ont aussi un rhume.
S’ils ont un poêle, ils n’ont en revanche pas les moyens d’acheter de l’essence ou du bois pour le faire fonctionner. A la place, Khaled, 4 ans, ajoute de petits bouts de papier dans le feu pour le maintenir en vie. «Les enfants sont tout le temps malades, mais comme aucun ne va à l’école, je ne peux pas les empêcher de jouer dehors», explique Oum Ali. Depuis le début de sa grossesse, elle n’a vu le médecin qu’une fois. Impossible pour elle de payer les soins. L’année dernière, une Syrienne enceinte, réfugiée dans la Bekaa, a perdu son enfant à cause d’une tempête, indique Maysam Mohammad, qui travaille pour l’ONG Oxfam. «Rendez-vous compte», lance cette dernière, «vous habitiez dans une maison, avec le chauffage, les meubles dont vous aviez besoin, et d’un coup, vous devez tout abandonner pour aller vivre dans un coin de campagne, sans aucune protection contre le vent». «Le pire c’est la nuit, quand on se rassemble pour dormir», témoigne Rajaa, 23 ans, la belles-soeur d’Oum Ali. «Les enfants gémissent: ‘J’ai froid, j’ai froid…’»

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